Le BRIC-A-BRAC ESTHÉTIQUE DE BAUDELAIRE

La même faculté d'approfondissement et de générali­sation fait aussi l'intérêt permanent des textes de cri­tique d'art et de critique littéraire qui emplissent deux volumes de l'édition posthume : L'Art romantique et Curio­sités esthétiques, Dès 1853, Baudelaire songeait à réunir les premiers. A mesure que leur nombre augmentait, ce désir se confirmait, se renouvelait, les titres succédaient aux titres. Le terme de Bric-à-brac, qu'il avait un moment retenu, ne convenait pas mal à son projet primitif non plus qu'au projet final, selon lesquels toute son œuvre critique devait se grouper sous une même dénomination. A la vérité, aucun des titres choisis n'était pleinement satis­faisant, parce qu'il aurait fallu exprimer à la fois la variété et l'unité de ce recueil. L'une et l'autre sont également remarquables. Pour juger de la première, il suffit de jeter un coup d'œil sur les tables des matières des deux ouvrages cités plus haut, en y ajoutant celles des Œuvres posthumes, où se trouvent quelques articles et projets que Banville et Asselineau n'avaient pas cru devoir retenir dans l'édi­tion Michel Lévy. Quant à l'unité, elle est affirmée par Baudelaire lui-même, dans une lettre de 1865 : « Ceci n'est pas, comme vous, pourriez le croire, un paquet d'ar­ticles de journaux. Bien que ces articles, inconnus pour la plupart, aient paru à de très longs intervalles, ils sont reliés entre eux par une pensée unique et systématique. «