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Le burlesque dans Electre de Jean Giraudoux

Publié le 06/01/2020

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giraudoux

les fièvres aphteuses nos étables ? » (I, 3, p. 30). L'énumération en devient plaisante.'

 

La confusion des registres

 

Aborder fort prosaïquement de grandes questions ou prêter à de nobles personnages des attitudes indignes de leur rang réel ou supposé, est enfin l'un des traits les plus significatifs du burlesque.

 

Déesses de la vengeance, les Euménides appartiennent aux figures les plus redoutables de la mythologie. Jean Giraudoux les campe avec une totale désinvolture, sous l'aspect de « petites filles » particulièrement mal élevées. Quand le jardinier les chasse, effaré par ce « destin enfant » qu'elles représentent1, l'une d'elles lui réplique : « Le destin te montre son derrière, jardinier. Regarde s'il grossit » (1,1, p. 18).

 

Égisthe qui croit croire aux dieux, s'exprime à leur sujet avec une irrévérence absolue : « Cela correspond bien à ce que nous pensons des dieux, que ce sont des boxeurs aveugles, des fes-seurs aveugles, tout satisfaits de retrouver les mêmes joues à gifle et les mêmes fesses » (1,3, p. 29). C'est une définition pour le moins étrange de la divinité.

 

De même, l'honneur est une valeur morale essentielle dans l'univers aristocratique de la tragédie (que l'on songe par exemple aux héros de Corneille). Bafoué par les infidélités de sa femme, le président prétend défendre le sien, qui est, de surcroît, « l'honneur des juges grecs ». Il s'attire aussitôt cette répartie du mendiant : « Si la justice grecque a cru devoir loger son honneur dans les jambes d'Agathe, elle n'a que ce qu'elle mérite » (11,7, p. 104).

 

Le parallélisme des scènes 5 et 6 de l'acte II relève de la même intention burlesque, parce que les deux scènes se produisent dans des contextes différents, ce qui entraîne une rupture de ton. À la fin de la scène 5, Électre presse Clytemneste de dire la vérité sur ses amours : « Qui aimes-tu ? Qui est-ce? » (p. 95). L'enjeu est dramatique. De la réponse de Clytemnestre dépend en effet le sort futur d'Argos. Aussitôt apparaît Agathe « poursuivie » par son mari, qui lui demande : « Qui est-ce? Qui aimes-

 

1. Sur tes Euménides, incarnation du destin, voir chapitre 3, p. 36.

giraudoux

« Un exemple » (1, 3, p.

29).

Et de se lancer dans l'évocation des hérissons qui.

la nuit, traversent les routes (1, 3).

Égisthe demande: « Où est le rapport? » (p.

35).

Celui-ci apparaît d'autant moins que le mendiants' écrie : « Ou' est-ce que diable je voulais dire? ...

J'ai perdu mon fil » (p.

30).

De même le jardinier ne tient pas toujours des propos d'une grande rigueur.

Il n'admet pas qu'on puisse douter de sa parole.

Mais c'est pour aussitôt ajouter: « L'inconvénient est que je dis toujours un peu le contraire de ce que je veux dire » (Entracte, p.

71 ).

Comment dès lors lui faire confiance? Les anachronismes sont également à leur manière des inco­ hérences : non plus de raisonnement, mais de vraisemblance.

Le« cigare» et la. »

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