Le Dérèglement De Tous Les Sens Du Poète

« Le ''Poète-Voyant'' perce ainsi les apparences afin de démystifier le monde et d'en décrypter le fonctionnement.

Mais reste également le créateur d'une oeuvre artistique appréciée simplement pour sa beauté. Mais au 19éme siècle, la conception du ‘'Poète-Voyant'' ne fait pas l'unanimité et se voit donc confronter à d'autres visions de la fonction du poète. ( L'idée de ‘'Poète-Voyant'' est l'emblème du mouvement symboliste, qui voit donc la poésie comme un art de la voyance où le poète se doit d'expérimenté toutes formes de folies au risque de s'y perdre (cf: paragraphes précédents).) La première conception est celle du mouvement romantique, où le poète est représenté comme une sorte de mage, ''Il est l'homme des utopies'', de prophète qui devine l'avenir et qui se doit d'éclairé les peuples en leur servant de guide, ''En tout temps pareil aux prophètes‘'. C'est une idée que l'on retrouve notamment chez Victor Hugo, dans ''Les rayons et les ombres‘'. C'est une conception à la fois Politique et Chrétienne (biblique), puisqu'ici le poète s'apparente à la stature du Christ. La seconde conception est celle du mouvement parnassien, qui formule la théorie de l'art pour l'art, qui s'attache à l'idée d'impersonnalité, et au culte de la forme.

Ainsi la poésie n'a pas d'autres but qu'elle- même, elle n'a pas de message (qui dépende du poète). Paul Verlaine nous dit dans Jadis et Naguère, L'Art Poétique, privilégier la recherche du beau, de l'effet rythmique ou sonore sur la construction du sens : la poésie est alors plus à ressentir qu'à comprendre, elle se fait beauté et harmonie pures, c'est un art au même titre que la peinture et la musique. ‘'Le beau est toujours inutile'', c'est une conception idéaliste de la poésie, puisqu'ainsi l'émotion poétique serait le témoignage d'une beauté extérieure; ce qui est aux antipodes de la conception du ‘'Poète-Voyant'' emblème du mouvement symboliste. Le mouvement parnassien représente aussi le poète sachant manier l'art de la Réminiscence, l'un des pionniers de ce mouvement est Téophile Gaultier, qui formule cette thèse en 1835. On constate ainsi que les limites de la théorie du ‘'Poète-Voyant'' dépendent en partie de la vision des autres courants présents au 19éme siècle, qui sont le symbolisme et le parnassien. Victor Hugo, Beaudelaire, Mallarmé, tous ont exprimé une idée similaire jusqu'à ce que Rimbaud affirme l'idée de ''Poète voyant'', ce qui est à mon avis l'une des visions les plus réalistes du rôle de poètes, puisqu'à mon sens pour écrire et réussir à susciter au mieux l'intérêt du lecteur, le poète se doit de jouer de ses tripes. Néanmoins, cette conception s'éclipsera à partir du 20éme siècle, avec l'arrivé du mouvement surréaliste; dont l'idée est parfaitement résumé par cette citation de Paul Eluard : « Le poète est celui qui inspire plus que celui qui est inspiré ».. »