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Le Doute de Sully PRUDHOMME (Les Épreuves)

Publié le 17/02/2012

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sully

Le Doute

La blanche Vérité dort au fond d'un grand puits.  Plus d'un fuit cet abîme ou n'y prend jamais garde ;  Moi, par un sombre amour, tout seul je m'y hasarde,  J'y descends à travers la plus noire des nuits.  Et j'entraîne le câble aussi loin que je puis.  Or, je l'ai déroulé jusqu'au bout : je regarde,  Et, les bras étendus, la prunelle hagarde,  J'oscille sans rien voir ni rencontrer d'appuis.  Elle est là cependant, je l'entends qui respire ;  Mais, pendule éternel que sa puissance attire,  Je passe et je repasse et tâte l'ombre en vain.  Ne pourrai-je allonger cette corde flottante,  Ni remonter au jour dont la gaîté me tente ?  Et dois-je dans l'horreur me balancer sans fin ?

Sully Prudhomme Les Épreuves

Après un stage au Parnasse, juste le temps d'y apprendre les secrets d'un art parfait, Sully Prudhomme s'en évada pour n'être plus que lui-même. Laissant ses amis à leur joaillerie littéraire dans leur atelier de ciseleurs, il cingla vers la haute mer et aborda aux rivages de la Pensée pure. L'auteur du Cygne et des Croquis Italiens était fort capable de versifier des poèmes objectifs, conformes au Canon de sa première Ecole, il ne pouvait s'en tenir là....

sully

« Pascal, son maitre, it a sa nuit mystique, consecutive a une ceremonie religieuse there aux Lyonnais.

Soudain reveille, it est inonde de lumiere, sent la divinite de Jesus, s'etonne d'en avoir dont& Meme clarte durant les fours qui suivent.

Il conclut a un appel de Dieu et songe a entrer chez les Dominicains.

Rerenu a Paris, it retrouve les camarades incroyants, se rejplonge dans la philosophie agnostique, relit Kant qui ruine la demonstration de Dieu et Strauss qui nie la divinite du Christ...

C'en est fait du rove de vie reli- gieuse, et meme de la foi chretienne.

De l'une et de l'autre gardera le res- pect : it enviera le sort de Trappiste et cette « paix de Fame ) qui est l'estime de Dieu; it eprouvera, au lendemain de certaines fautes, le regret de la confession catholique.

Desormais, it se passera, dans sa recherche de la Write, qui l'attire irresistiblement, de la lumiere evangelique et de l'autorite de 1'Eglise, gardienne et interprete du livre sacre.

1Vlais reduit a ses propres forces, it ne touchera pas le but.

Une armee avant sa mort (1906), it publie un livre qui est comme le testament de son intelligence.

Il =a pour titre : Que sals-jel Il y avoue ne sait Hen on presque rien, et qUe mine enigmes demeurent a la courte circonference de ses certitudes.

Quarante ans de meditations aboutissent a un « que sais-je? ) un « peut-etre ).

Au prix de quelles souffrances, le sonnet Le Doute va nous- le reveler. . La pensee du poke s'y revet d'un manteau conventionnel : le Symbole. On appelle symbole une figure, une representation sensible d'une idee, icl'une abstraction.

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le symbole est multiple.

La Verite est ,representee par une femme invisible, dont, la seule respiration trahit ra presence, La Raison humaine, ou, si Pon ,veut, la philosophie, la science, c'est le cable qui se deroule, jusqu'a elle.

Le Mystere qui enveloppe la Verite,, ce sont les tenebres du puits.

L'Hurnanite, en:quete de vrai, c'est le poke « pendule kernel que sa puissance attire >.

Et voici Pordre logique des idees que le poke penseur a comme materia- lisees pour (rapper davantage l'esprit du lecteur.

1° La Verite.

est un besoin essentiel de Phoname conscient de sa dignite, soucieux de remplir sa miSsiond'homme, Cependant plusieurs oat peur de cette Write, le grand nombre n'y Arend point garde, et.

yit comme s1 elle u'etait pas.

Seule elite est eprise pqur elle d'un « sombre amour se sent attiree vers elle comme un pendule ;d'acier par un puissant aimant; est :capable, pour la deeoUvrir, des plus heroiques Sacrifices.

2° Mais Verite reste'inaccessible. Du moms les moyens ordinaires mis a la disposition de l'homme : ses.seiis et sa raison s'averent insuffisants pour l'atteindre.

Ces moyens sont figures par le cable auquel le poete s'est attache -pour deseendreAatis le puits : to cable est trop couri.:3° La Write exiSteTburtant.

L'ame possede des preuves indubitables cette existence.; mieux ; de cette presence.

Ce signe certain, c'est la,respiration de la femme endormie.

4° L'attitude' de Ithornme envers to Veriblikne saurait donc etre la negation.: on ne nie pas l'evidence; mais sur cette evidence meme, plane ,une troublante incerti- tude': la Write est; mous ignorons Te-,qu'elle est.

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CE.Doute'ne va pas) sans douleur.

Derincertitude intellec- tuelle nait' le tourment du coeuri,mar toid -Phoinme est interesse en tette affaire- De IA -les efforts desesperes des yeux pour apercevoir- 'des bras pour ,saisir, et Phorrible.

diceptien qu'eprouve 'le chercheur de Verite.

Parfois tents- de regagner le jour il a laisse les ,indifferents, ou con- damns, faute d'une corde assez longue, a osciller sans fin dansles tenebres et le vide let retient un .« sou/Aire ) et noble amouri,i1 souffre horri- blement.

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Apres avoir ague Pideeexprime, arretons- nous devant le tableau qu'il met sous; pps yeux, est admirable et, au plus haul point, pathetique. . Qu'il y a loin,, de la froicle fiction .traditionnelle, -representaut Verite, it'Ssise-stir tuargeIle d'tin aVec; eh' sa: ntain;' inrmiroir infrilhetix; ou Pascal, son maître, il a sa nuit mystique, consécutive à une cérémonie religieuse chère aux Lyonnais.

Soudain réveillé, il est inondé de lumière, sent la divinité de Jésus, s'étonne d'en avoir douté.

Même clarté durant les jours qui suivent. Il conclut à un appel de Dieu et songe à entrer chez les Dominicains.

Eewenu à Paris, il retrouve les camarades incroyants, se replonge dans la philosophie agnostique, relit Kant qui ruine la démonstration de Dieu et Strauss qui nie la divinité du Christ... C'en est fait du rêve de vie reli­ gieuse, et même de là foi chrétienne.

De l'une et de l'autre il gardera le res­ pect : il enviera le sort de Trappiste et cette «paix de l'âme» qui est l'estime de Dieu; il éprouvera, au lendemain de certaines fautes, le regret de la confession catholique.

Désormais, il se passera, dans sa recherche de la Vérité, qui l'attire irrésistiblement, de la lumière évan^éliqùe et de l'autorité de l'Eglise, gardienne et interprète du livr^ sacré. Mais réduit à ses propres forces, il ne touchera pas le but.

Une année avant sa mort (1906), il publie un livre qui est comme le testament de son intelligence.'Il ?a pour titre : Que sais-je! Il y avoue qu'il ne sait rien ou presque rien, et que mille énigmes demeurent à la courtë circonférénce dé ses certitudes.

Quarante ans de méditations aboutissent à un « que sais-je? » à.,un « peut-être ».

Au prix de quelles souffrances, le sonnet Le Doute va nous le révéler.

La pensée du poète s'y revêt d'un manteau conventionnel : le Symbole.

On appelle symbole une figure, une représentation sensible d'une idée, 4'une abstraction. Ici le symbole est multiple. La Vérité est représentée par une femme invisible, dont, la seule respiration trahit Ta présence,.

La Raison humaine, ou, si l'on veut, la philosophie, la science, c'est le câble qui se déroule jusqu'à elle. Le Mystère qui enveloppe la Vérité,, cé sont lès ténèbres du puits. VHumanité, en quête de vrai, c'est le poète « pendule éternel gue sa puissance attire ».

Et voici l'ordre logique des iàéës que le poète penseur a comme matéria­ lisées pour frapper davantage l'esprit du lecteur. 1° La Vérité est un besoin essentiel de l'homme conscient de sa dignité, soucieux de remplir ici-bas sa mission d'homme. Cependant plusieurs ont peur de cette vérité, le grand nombre n'y prend point garde/et >vit comme si elle n'était pas. Seule une élite est éprise PQur elle d'un « sombre amour » , .se sent attirée vers ejîe comme un pendule .d'acier par un puissant aimant; est capable, pour la découvrir, des plus héroïqués sacrifices. 2° Mais la Vérité reste1 inaccessible.

Du moins les moyens ordinaires mis A la disposition de l'homme : ses sens et sa raison s'avèrent insuffisants pour l'atteindre. Ces moyens sont figurés pàr le câble auquel le poète s'est attaché pour descendre*: dans le puits : ce câble est trop court. :3° La Vérité existe pourtant L'âme possède des preuves indubitables de cette existence; mieuxde cette : présence.

Ce signe certain, c'est la'respiration "dé la femme endormie. 4° U attitude de Innomme envers la Vérité ne saurait donc être la négation : on ne nie pas l'évidence; mais sur cette évidence même, plane >une troublante incerti­ tude^ la Vérité est; mous ignorons ce qu'elle est.

La seule attitude ration­ nelle est donc l'expectative, le doute, oscillation .s perpétuelle, éternelle inquiétude,. car le repos rdè l'esprit ne se conçoit que dans Fa possession dè la Vérité* 5? Ce Doute ne Va pamsans douleur.

De; l'incertitude intellec­ tuelle naît le tourmentdu cœur,^car tout l'homme est intéressé en cette affaire. De là lés efforts désespérés des yeux pour apercevoir, des bras pour saisir, et Fhorrible, déception qu'éprouve le chercheur de Vérités.

Parfois tenté* de regagner le jour où il a laissé les indifférents, ou con­ damné, faute d'une corde assez longue, à osciller sans fin dan&les ténèbres; et le vidé où: le> retient un « sombre; » et noble amoiir, il souffre horri­ blement. : *i ;•: 'y* ;?*:•>.> o .. t il i ,.; Telle est, croyons-nou§, la signification totale, et/vl^..portée du symbole développé en ces vers. Après avoir dégagé l'idée-q^il exprime, arrêtons- nous devant le tableau qu'il met sous-nos.

yeux, Il est admirable et, au plus haut point, pathétique. r Qu'il y a loin, de la froide fiction traditionnelle, représentant la Vérité, assise sûr M margélïë d'un^puits, avec, en"sa niaîn, ùn'mirbir îriminetîx; ou. »

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