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Le Guépard est-il un roman personnel ?

Publié le 06/12/2019

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S'il peut encore y avoir erreur au sujet de la classification du roman dans le « roman personnel » ou encore dans le « roman autobiographique » - genres par ailleurs contestés par nombres de spécialistes de la littérature autobiographique -, c'est en raison du point de vue fréquemment adopté dans Le Guépard. Le glissement est en effet quasi imperceptible entre le point de vue omniscient et le point de vue du Prince. Car, du récit à focalisation zéro, le lecteur passe au récit à focalisation interne

Giuseppe Tomasi di Lampedusa

« 15 2 lorsque Don Fabrizio se met en retrait par rapport au monde et s'adonne à ses propres réflex ions.

Lampedusa voyait dans ce choix de perspective narrative, celui du point de vue du Prince, la dif férence essentielle entre Le Guépard et l'approche très classique de Federico de Roberto dans son roman I Vicéré (Les Princes de Francal za).

Le monologue inté rie ur Sur le plan de l'énonciation, le prince de Salina s'exprime à travers un discours personnel, comme dans un dialogue intériorisé où son propre moi est à la fois locuteur et audite ur.

Au théâtre , cette forme d'expres sion, appelée «monologue >>, permet de révéler au spectateur les pensées qui agitent le héros.

Dans le roman, c'est le «m onologue intérieur» qui révèle les pensées d'un personnage, soit au style direct, soit à travers le discours indirect libre.

Les monologues intérieurs du prince de Salina occupent une large place dans Le Guépard jusqu'à devenir un trait caractéristique de l' art poétique de Lampedusa.

Ill .

les méditations du Prince Sou venirs et bilans d'une vie Les méditations du Prince constituent une véritable poétique dans le roman de Lampedusa.

Elles se développent souvent sous la forme d'associations d'idées ou de sensations qui renvoient systématiquement le personnage à telle idée ou à telle sensation.

Ainsi, le jardin parfumé de la villa Salina le renvoie à la puanteur qui se dégageait du cadavre d'un jeune soldat venu mourir dans ce même lieu quelques mois auparavant (p.

14) ; de même, le soldat évoquant la guerre, le Prince se souvient d'un échange d'idées entre lui et son beau-frère Màlvica à propos de la monarchie (p.

15).

Le périple exténuant qui le conduit de Palerme à Donnaf ugata, est comparé par Don Fabrizio au «voyage répugnant » de «sa propre vie», occasion d'un bref mais négatif bilan d'une existence qui de la verte jeunesse s'enfonce vers les sentiers plus arides de la vieillesse (p.

62-63).

La vision de La Mort du juste de Greuze dans la bibl iothèque des Ponte leone (p.

240) renvoie le Prince, comme dans tm effet de miroir , à sa propre mort.

Et, juste avant le trépas, le Prince se livre au «bilan général de sa vie », bilan qui devient comptabilité des moments vécus (p.

265-267).

Réfl exions et raisonnemen ts Le Prince exprime toute son incertitude au sujet de l'amour pour son cousin Ta ncredi dont Conce tta s'est ouverte au Père Pirrone.

Il réfléchit et s'interroge sur la possibilité d'une telle union : « Coneetta avec toutes ses vertus passives, serait-elle capable d'aider un mari ambitieux et brillant à gravir les marches glissantes de la nou­ velle société ? » (p.

75).

Aussi la phrase de Tancredi : «S i nous voulons que tout reste tel que c'est, il faut que tout change » (p.

32) fonctionne-t-elle comme un catalyseur pour Don Fabrizio qui ne cesse d'y revenir à travers ses méditations afin d'en saisir les divers aspects et nuances.

La formule du neveu peut parfois s'avérer parfaitement exacte.

Ainsi, lors de son arrivée à Donn afugata le Prince appréhende le changement, mais la situation se révèle être en réalité «comme avant, mieux qu'avant, même» (p.

65).

Dans ce cas précis, les propos du Prince sont rapportés entre guillemets, comme s'il s'agissait d'un discours au style direct, même si le narrateur n'intr oduit pas le raisonnement de Don Fabrizio avec le tiret traditionnel.. »

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