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Le langage dramatique

Publié le 22/10/2013

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La syntaxe et le rythme des phrases traduisent un grand souci de liberté : période oratoire ou discours pompeux, vaticinations* de la parole oraculaire ou balbutiements de l'ivresse, accélérations brutales intensifiées par la stichomythie, redondances ou hésitations. Ils visent un effet à produire et n'oublient jamais qu'ils passent par la voix des acteurs. Lieu de l'artifice avoué, ce théâtre conjugue ainsi naturalisme et savante spontanéité .

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« role dramatique répond à une orientation réaliste, voire prosaïque, à laquelle sa­ crifient volontiers Anouilh, Cocteau, Sartre et même Giraudoux, le langage de ce théâtre obéit à une visée esthétique plus proprement poétique.

Ainsi Cocteau met en scène le poète Orphée qui s'interroge sur la mission de la poésie dans une pièce qui s'inspire largement du surréalisme.

Devant la mort, !'Antigone d'Anouilh s'exprime en une ode funèbre d'une poignante beauté qui ne le cède en rien à la poésie antique (« Ô tombeau ! Ô lit nuptial ! Ô ma demeure souter­ raine ! » ).

Et si Démokos est la caricature impitoyable du faux poète (La guerre de Troie n'aura pas lieu), plus d'un personnage donne à Électre cet éclat mystérieux d'une poésie sombre et lumineuse à la fois.

L'image avant l'idée Poètes, Giraudoux et Cocteau, Anouilh également, préfèrent l'image à l'idée.

Autant de comparaisons et de métaphores qui évoquent la pureté et l'innocence, celle de l'enfance et de la nature en particulier, mais aussi la vérité plus profonde des êtres et des choses.

Le destin de Troie s'illustre par la métaphore du tigre ; le peuple d 'Argos est pour Électre « un regard étincelant, à filtrer, à dorer » ; la mort d'Antigone livre l'image d'une jeune fille« pendue aux fils de sa ceinture, des fils bleus, des fils verts, des fils rouges qui lui font comme un collier d'enfant».

L'art des formules Dans ce théâtre qui s'adresse à un public cultivé, aphorismes et paradoxes côtoient les références détournées, les clins d'œil et les mots d'auteurs.

Certaines formules sont plus particulièrement saisissantes : « Le temps des hommes est de l'éternité pliée», nous apprend Cocteau dans La Machine infernale.

Anouilh ose faite dire à Créon : «La vie, ce n'est peut-être tout de même que le bonheur.

» Giraudoux place dans la bouche d'Électre cette phrase:« C'est là ce qui est si beau et si dur dans la vérité, elle est éternelle, mais ce n'est qu'un éclair.

» ....

Ill -UN VERBE DYNAMIQUE Une parole de l'action Parole lyrique qui exprime les sentiments les plus forts et les plus contradic­ toires, le langage de ce théâtre est aussi celui de l'action parce qu'il engage les êtres.

Il les fait s'affronter et se définir, se déterminer et se réaliser, directement ou indirectement.

C'est son propre serment qui engage Œdipe ; c'est l'aveu d'Agathe qui entraîne celui de Clytemnestre et qui éclaire Électre; c'est la parole d'Oreste qui libère Argos des mouches et du remords; c'est celle de Démokos qui déclenche la guerre de Troie; c'est celle d' Alcmène qui met Jupiter en position délicate.

Tour à tour parole de l'aveu, du refus et de la révolte, elle est celle de la quête et de l'enquête, de la guerre et de la paix, de l'innocence et de la pureté, de la conscience collective ou individuelle, des dieux ou des hommes.

De l'accomplissement à l'épuisement Parce qu'il veut prendre en charge la totalité de l'univers, réel ou non, le lan­ gage dramatique est un accomplissement des êtres par la parole qui permet de nommer l'innommable, d'exprimer l'ineffable.

Aussi ce langage est-il souvent celui d'un absolu, d'un épuisement qui emploie toutes les ressources verbales, dans une sorte de poursuite infinie.. »

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