Le livre et la lecture

« 178- de tous les bons livres est comme une conver­ sation avec les plus honnêtes gens des siècles passés qui en ont été les auteurs, et même une conversation étudiée en laquelle ils ne nous décou­ vrent que les meilleures de leurs pensées ».

Bel éloge, heureuse définition, cette formule nous invite cependant dans le sillage du philosophe (et justement en nous situant à sa suite grâce au livre et à la lecture !) à réfléchir sur les conditions d'apparition du livre, et sur la signification que la lecture lui donne.

Qui écrit un livre ? Que met-on dans un livre ? Que devient le livre ? - En répondant à ces questions nous pourrions encore savoir quels livres restent, comme on dit, par la fréquence même des lectures qu'ils pro­ voquent, des pensées qu'ils animent.

Nous retrou­ verions aussi le sens de l'affirmation cartésienne en évoquant notre enthousiasme ou notre décep­ tion à la lecture de quelque livre, bon ou mauvais.

- Certes, nous sommes parfois tentés de dire non sans humeur : c: Tout le monde peut écrire, et écrire n'importe quoi ! ».

Telle est notre réaction à une mauvaise lecture qui ne nous apprend rien.

nous déçoit, nous ennuie, ne correspond pas à notre attente, même vague, laquelle est toujours, au fond, celle d'un dépassement grâce au livre.

Cette exigence, pour aussi mal définie qu'elle soit, montre ce que nous escomptons de la lecture.

Ne serait-ce que pour notre divertissement, nous voulons à la fois être arrachés et confirmés à nous­ mêmes, c'est-à-dire soutenus dans notre vie propre.

Dès lors nous srus1ssons le sens de cette sélec­ tion qui s'opère entre les livres au-delà de la mode, et fait que beaucoup passent alors que quelques­ uns demeurent.... »