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Le Lys Dans La Vallée de Balzac est-il un roman romantique?

Publié le 16/09/2011

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Et c’est ainsi que Balzac affirme dans sa préface qu’il voulait « surtout étudier la langue française aussi bien que les fibres les plus déliées du cœur, et aborder la grande question du paysage en littérature «.  Autre, la vallée, la scène du bal est aussi un retour aux clichés de la littérature romantique où Balzac remplace le traditionnel échange de regards par le baiser ardent que dépose Félix au dos de sa future amante.  Balzac se fait peintre d’un environnement jugé essentiel au déroulement de l’intrigue, mais cette espace diégétique n’est en fait là que pour permettre l’épanouissement de l’intrigue romanesque et surtout à introduire les personnages.

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« souvenirs et les émotions des personnages, ainsi Félix laisse libre cours à ses pensées dans la vallée qui verral'aurore d'un nouvel amour et où fleurissait son Lys : « A cette pensée je m'appuyais contre un noyer sous lequel,depuis ce jour, je me repose toutes les fois que je reviens dans ma chère vallée.

Sous cet arbre confident de mespensées, je m'interroge sur les changements que j'ai subis pendant le temps qui s'est écoulé depuis le dernier jouroù j'en suis parti.»Balzac réactive un topos déjà bien présent dans les œuvres romantiques : l'importance du paysage chez lesromantiques.

Rousseau dans son œuvre inachevé Les Rêveries du Promeneur solitaire ainsi que Bernardin de SaintPierre et Chateaubriand ont déjà ouvert la voie en ce qui concerne le paysage en littérature.Et c'est ainsi que Balzac affirme dans sa préface qu'il voulait « surtout étudier la langue française aussi bien que lesfibres les plus déliées du cœur, et aborder la grande question du paysage en littérature ».Autre, la vallée, la scène du bal est aussi un retour aux clichés de la littérature romantique où Balzac remplace letraditionnel échange de regards par le baiser ardent que dépose Félix au dos de sa future amante.Balzac se fait peintre d'un environnement jugé essentiel au déroulement de l'intrigue, mais cette espace diégétiquen'est en fait là que pour permettre l'épanouissement de l'intrigue romanesque et surtout à introduire lespersonnages. Balzac façonne à peu près 6000 personnages dans sa Comédie Humaine, c'est donc un metteur en scèneexpérimenté et qui a fait de sa typologie un glossaire des catégories d'individus.

Dans le cas présent peut-onconsidérer que les personnages principaux du Lys dans la vallée soient romantiques ?La figure d'Henriette rappelle Mme de Clèves du roman éponyme de mme de Lafayette, blanche et vertueuse, elle sefait une religion du devoir et privilégie la raison moral et le « qu'en dira t-on » à la raison du cœur qui depuis le baln'a cessé de battre pour le jeune Vandenesse.

Mais à la différence de mme de Clèves ou de Virginie dans Paul etVirginie, mme de Mortsauf est d'âge mûr et représente la femme de trente ans qui, selon la vision balzacienne estl'idéal féminin : la femme a de l'expérience autant dans la vie en société qu'autres choses… Balzac encore une foismodifie les topos littéraires pour les adapter à son opinion et son style.

Paul Morand de l'Académie françaisereprésente, dans la préface qu'il a faite au roman, une Henriette « vraiment trop innocente, avec ses scrupulesd'hermine effarouchée et vivant comme une sainte avec Dieu […]il faut attendre près de la moitié du roman pourcomprendre qu'elle est désirée ».

C'est donc la figure d'une femme enchaînée à son devoir mais qui brûle d'un désirqu'elle n'exprime qu'à la toute fin qui est mise en place, car après la trahison de Félix la voici qui hurle comme unebête égorgée « cher Félix, dit t-elle, voici je crois, le seul chagrin que je vous aurai donné, moi ! Mais oubliez ce quej'aurai pu vous dire, pauvre insensée que j'étais.

Elle me tendit la main, je la pris pour la baiser, elle me dit alorsavec son gracieux sourire de vertu : - comme autrefois Félix ! »Quand la vie va la quitter, Henriette devient humaine, à supposer qu'elle ait eu quelque chose de l'ordre du divin.Oui, Henriette est sacralisée : elle est un ange, la vierge.

Là où le père Goriot apparaît comme le « Christ de lapaternité », Henriette incarne « la Vierge » et comme va l'exprimer son époux lors de sa crise « elle est vierge à sesdépends », elle n'est pas atteinte d'ailleurs de la syphilis de son mari alors que ses enfants le sont.Le personnage d'Henriette a tout donc des caractéristiques d'un personnage romantique qui vit une passion au sensétymologique du terme et qui en souffre bien évidemment.Le héros romantique fait l'expérience de la solitude et le romantisme met en avant la représentation de l'individuconfronté à lui-même dans la solitude en exprimant ses inquiétudes et ses espoirs, ce qui nous fait penser à la tristeenfance de Félix et au séjour qu'il a passé dans le pensionnat.

La nature et son amante seront donc ses seulesconsolations, en attendant la prise de conscience de sa dulcinée Félix trouve un refuge et une source d'exaltationdans le paysage grandiose qu'offre l'Indre et son vallon.Le langage entre les deux héros se fait aussi romantique : serrements de mains éloquents, ainsi que lacorrespondance angélique par l'intermédiaire des poèmes floraux qui donne lieu à l'effusif épisode du bouquetenflammé.

Félix exprime son amour tel qu'il le peut, car Henriette le lui défend.Il est intéressant de constater que si le héros romantique est une création romanesque et théâtrale, il est aussi lemiroir des écrivains eux-mêmes.

Romanciers, poètes, dramaturges, tous ont porté en eux les espoirs et les rêvesqu'ils prêtent à leurs personnages.

Chateaubriand, le premier crée dans René (1802) un héros à son image, qui portele même prénom et souffre de multiples incertitudes.

Stendhal dans le Rouge et le Noir (1830) fait de Julien Sorel unfervent admirateur de Napoléon comme il le fut lui- même.

Balzac s'incarne en Lucien Chardon, ce jeune hommepauvre des Illusions perdues qui rêve de conquérir la gloire par la littérature et s'essaie à imiter Walter Scott.

Félixtiens aussi beaucoup de Balzac, il souffre d'une mère sèche et sans affections pour lui et préfère son frère Charlesce qui met en écho la propre vie de Balzac, sans oublier l'inspiration que trouva Balzac en la Dilecta (Laure de Berny)qui a donné beaucoup de ses traits à Blanche Henriette de Mortsauf.La transposition d'une part de l'expérience personnelle de l'écrivain peut faire penser à un côté réaliste, mais est ceque le Lys dans la vallée peut être classé comme tel ? Outre l'aspect romantique de cet œuvre, Balzac en édifiant la Comédie Humaine avait comme projet de construire« un édifice qui pourrait faire concurrence à l'état civil ».

Dès 1834, Balzac conçoit la structure de la Comédiehumaine comme un édifice en trois parties :« À la base de l'édifice : les Études de mœurs représentent les effets sociaux.

La seconde assise est les Étudesphilosophiques, car, après les effets viendront les causes.

Puis, après les effets et les causes, doivent se chercherles principes.

Les mœurs sont dans le spectacle, les causes sont dans les coulisses et les machines.

Les principes,c'est l'auteur, mais, à mesure que l'œuvre gagne en spirales les hauteurs de la pensée, elle se mesure et secondense ».Dans le Lys dans la vallée, l'histoire d'amour d'Henriette de Mortsauf et Félix de Vandenesse se déroule au plan des« effets », l'analyse des causes de l'échec apparent de cet amour se rapporte aux « principes » puisés dans lapeinture de l'enfance (les deux enfances) qui d'après Balzac influence le caractère et le destin.

Le roman devient. »

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