Le malade imaginaire, acte III scène 12 (Molière)

« entraîne la première didascalie du passage « se levant brusquement » ; bien qu’Argan soit malade comme il le répète il n’a aucun mal à se lever à l’inverse de lapremière scène avec son « drelin-drelin ».

Mais Argan subit un dur retour à la réalité (matérielle) puisque Béline veut lui prendre les clés de ses coffres, sa réactionest sans appel « Doucement ».

La deuxième didascalie de l’extrait concerne Béline « surprise et épouvantée » le fait que la réaction de Béline soit accentuée par unedidascalie montre que c’est bien la première fois que Béline est sincère et qu’elle ne calcule pas ses réactions.

A la ligne 27 Argan utilise une formule trèsprotocolaire pour désigner sa femme « Madame, ma femme » ce qui contraste avec la façon dont il nommait Béline tout au long de la pièce ; mais la réplique d’Arganest aussi très ironique et grinçante, on comprend que grâce à la comédie Argan sait désormais manier le sarcasme.

Toinette qui comprend que le ton est à la rigoladepratique l’oxymore « Lé défunt n’est pas mort ».Argan quant à lui continue sur sa lancée, il est de plus en plus ironique « Je suis bien aise de voir votre amitié », il reprend le calembour de Toinette « le beaupanégyrique que vous avez fait de moi ».

Non seulement la comédie a guérit Argan de sa femme mais aussi elle lui a apporté un sens de la répartie peu négligeablepour être à la tête d’une maison.

Le groupe nominal « un avis au lecteur » à la ligne 30 prouve la dimension méta-théâtrale de l’extrait, en effet l’avis au lecteur n’estpas destiné seulement à Argan mais aussi au public comme nous l’avons vu précédemment.

Toutefois cette « leçon » qu’a subit Argan ne l’empêchera pas de croireaveuglement à la cérémonie finale qui fera de lui un pseudo-médecin. Pour conclure, cet extrait érige la comédie au rang des grand remèdes, en effet c’est la comédie qui guérit Argan de son aveuglement pour sa femme et c’est aussi lacomédie qui lui offre son tout nouveau sens de la réplique.

Le spectateur découvre donc une autre facette de la personnalité d’Argan ; il n’est plus le père tyranniquemais une pauvre victime de la perfide Béline.

Mais en érigeant la comédie au rang des grands remèdes Molière en montre aussi ses limites, en effet il faut être unspectateur / lecteur averti pour pouvoir déceler le vrai du faux, les bons des méchants car les apparences sont parfois trompeuses.

Cet extrait montre toutel’importance du spectateur dans une pièce de théâtre, ici le spectateur en savait plus que les personnages eux-mêmes mais le théâtre sert aussi au public puisque c’estun miroir du réel.

Argan est sans nul doute l’image du spectateur dans cet extrait, puisque ayant achevé sa formation à la comédie, il sait désormais déjouer les piègeset les ruses.. »