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Le non-sens et l'absurde dans Le Procès

Publié le 05/08/2014

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Le non-sens et l'absurde dans Le Procès

À l'aube du XXIe siècle, il est difficile d'apprécier si l'impression d'absurde que génère la lecture de Kafka provient du texte même ou si elle est l'héritage de la philosophie qui s'affirme à partir des années 1940. Pourquoi ne pas mettre en dialogue Le Procès avec Le Mythe de Sisyphe, de Camus, qui se termine par « L'espoir et l'absurde dans l'oeuvre de Franz Kafka «? Le philosophe définit l'absurde comme le non-sens ou encore « le divorce entre l'homme et le monde «. L'écriture qui dévoile l'insensé délivre-t-elle un message ou est-elle le reflet de l'in-signifiance, c'est-à-dire de l'impossibilité du sens ?

« une difficulté mentale.

La scène des archives révèle le trouble de la conscience : « Il ne comprit pas; c'est lui qui n'avait pas pu les comprendre » (p.

114).

Camus mentionne ensuite le « malaise devant l'inhumanité de l'homme ».

Dans le roman, la scène du débarras montre l'échec de la conciliation par la raison avec le bourreau.

Pénétré d'un sentiment d'impuissance, K., le lendemain, ne réagit plus que par la sen­ sibilité - « l'affolement, coups de poing sur la porte, presque pleurant, le cerveau vide » (p.

123).

L'absurde est toujours une rupture avec le monde, avec l'autre.

Le raisonnement absurde Jusque-là, la raison apparaissait comme salvatrice : « Si je m'étais conduit raisonnablement, tout aurait été étouffé dans l'œuf » (p.

45).

Kafka ébranle la ratio­ nalité, en suggérant que la situation s'écarte du bon-sens : « Cela n'a pas l'ombre du sens commun » (p.

36), puis que la raison est mise en échec.

Mlle Bürstner tente un raisonnement qui s'apparente au syllogisme : une commission d'enquête statue sur des criminels, (or) vous êtes en liberté, (donc) votre crime n'est pas bien grand (p.

52), alors que K.

souligne l'inconséquence : « Comment puis-je donc aller à la banque puisque je suis arrêté » (p.

39).

La raison qui permettait de lutter contre le non-sens s'affole pour devenir à son tour délirante.

Selon Camus, l'absurde veut dire « c'est impossible » : ainsi, après avoir comparé les deux méthodes judiciaires, Titorelli con­ clut qu'elles empêchent la condamnation mais aussi l'acquittement (p.

204).

L'absurde signifie aussi« c'est contradictoire » : ainsi, K.

ne se prive pas de faire éclater les con­ tradictions dans les propos du peintre.

Face à l'aumônier, il consent une première fois à reconnaître son erreur, mais il refuse d'adhérer à la nécessité que lui objecte le prêtre.

Ill.

L'écriture : sens ou non-sens? K., un héros de l'absurde? En quoi K.

se distingue-t-il des autres accusés? Block, l'accusé de la salle d'at­ tente, l'homme de la campagne se caractérisent tous par l'attente, et ce, jusqu'à la déri­ sion : « Il a fini par connaître jusqu'aux puces de son col de fourrure » (p.

264 ).

Ils sont définis par leur situation, parabole de la condition humaine.

L'homme de l'absurde est celui qui prend conscience.

Camus le définit à l'aide de deux critères : il a désappris d'espérer, il désire savoir.

K.

est jusqu'à la fin une conscience tendue, nostalgique de l'unité, répondant à l'homme qui lance les bras en avant, par un signe fraternel : « Il leva les mains et écarquilla les doigts.

>> Tel Sisyphe, K.

sait et n'espère pas.

Kafka, un écrivain de l'absurde? Bien qu'il ait suscité maintes interprétations idéologiques, Kafka pourrait représenter, suivant la formule de Camus, « cette apparente modestie de la pensée qui se borne à décrire ce qu'elle se refuse à expliquer ».

Il presse chaque conscience de réfléchir sur les fondements et les limites du sens.

Le livre dévoile un monde menacé par l'insensé, mais n'en demeure pas moins, en tant qu'œuvre d'art, un espace de signes et de sens.

L'interrogation de Kafka sur la difficulté et parfois l'impossibilité de trouver du sens a suscité une réflexion philosophique sur le malaise existentiel.

Elle a ouvert la voie à des créations romanesques ou dramatiques fondées sur l'attente, comme chez Beckett et Buzzati, ou sur la dérision de la logique avec Ionesco.. »

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