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Le Père Goriot et le réalisme social

Publié le 07/02/2011

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Date de l'action du Père Goriot : 1819-1820, sous la Restauration ; date de l'écriture : 1834-1835, sous la Monarchie de Juillet. Cette période de l'histoire de France, qui se situe globalement entre le rétablissement de la dynastie des Bourbons en 1815 et le renversement de la monarchie en 1848, se caractérise par deux mouvements sociaux antagonistes et complémentaires : le retour en faveur des idées monarchistes, au moins jusqu'en 1830, sous les règnes de Louis XVIII et Charles X, et la place grandissante revendiquée et conquise par la bourgeoisie d'argent, celle des banquiers, des entrepreneurs, des commerçants dynamiques. Ce double mouvement se trouve dépeint dans toute la production balzacienne.   

« L'histoire de l'aristocratie.

Cette classe issue des siècles de la monarchie retrouve ses biens, son prestige, sesdemeures et ses valeurs avec le retour des Bourbons.

Elle fascine Balzac écrivain monarchiste, qui lui donne, dansLe Père Goriot, une place de premier plan.

Il admire surtout dans l'aristocratie une figure emblématique, celle de lagrande dame parfaitement élégante, éduquée et désirable.

Le snobisme est un trait de la personnalité de Balzac ;dans la vie ses maîtresses furent toujours des aristocrates, car l'amour est aussi pour lui, comme pour Rastignac,une conquête sociale.

Ici encore, la vie et l'œuvre rejoignent l'histoire. L'historien des quartiers de Paris Dans le dessein de réalisme social et de peinture des mœurs figure la description concrète des types d'habitatpropres à chaque classe sociale.

Toute l'œuvre de Balzac s'inscrit visiblement dans une géographie bien réelle desvilles et des quartiers, Paris et province, Saumur dans Eugénie Grandet.

Ainsi, Le Père Goriot emprunte son décor àtrois quartiers différents, typiques chacun d'une classe sociale et d'un mode d'existence. Quartier pauvre : la pension Vauquer, gîte des étudiants et des retraités démunis, se situe derrière le Panthéon, à lalimite de ce misérable faubourg Saint-Marceau décrit par Hugo dans Les Misérables.

Goriot est l'un parmi lesnombreux rentiers de l'époque, anciens domestiques ou artisans retraités. Quartier de l'ancienne aristocratie, celui de Mme de Beauséant : c'est le faubourg Saint-Germain avec ses hôtels duxviiie siècle où se sont réinstallées les grandes familles rapatriées de l'émigration.

Il se situe sur les sixième etseptième arrondissements actuels, entre la rue de Seine, les Invalides et la rue de Vaugirard. Quartier de la nouvelle opulence, celui de la bourgeoisie qui monte, la classe des banquiers représentée parNucingen : c'est la Chaussée d'Antin, dont la construction a commencé sous Louis XVI.

La comtesse Restaud habiteun peu à l'ouest, rue du Helder. L'itinéraire social de Rastignac peut se lire sur un plan de Paris : il habite d'abord chez les pauvres, et tout soneffort consiste à se faire adopter par la société du faubourg Saint-Germain.

Grâce à la générosité de Goriot, il severra installé finalement dans la proximité des banquiers. Ainsi les exigences du roman réaliste ont incité Balzac à dresser le constat du découpage de l'habitat parisien enfonction de la fortune et du rang. L'historien Balzac face à la critique La valeur des écrits de Balzac comme documents sur l'époque a été maintes fois reconnue et soulignée. Une lecture politique.

Engels, théoricien socialiste, ami de Marx, écrivait en 1888 : Balzac [...] nous donne dans sa Comédie humaine l'histoire réaliste la plus remarquable de la société française, endécrivant, sous forme de chroniques, d'année en année, à partir de 1816 jusqu'à 1848, les mœurs, la pression deplus en plus grande que la bourgeoisie ascendante a exercée sur la noblesse, restaurée après 1815. (F.

Engels, 1888, Correspondance) A la suite de Engels, on a analysé l'œuvre de Balzac comme une description des progrès et de l'établissementvictorieux du capitalisme, auquel sacrifie Rastignac, dans cette décision symbolique qui sert de clôture au romand'aller retrouver non pas ses condisciples étudiants, ni son amante Delphine, mais «madame de Nucingen», la femmedu banquier (voir Texte 12). La lecture de Zola.

Plus que quiconque, Zola approuve le réalisme social du roman balzacien, genre littéraire qui avaleur d'histoire, comme ses propres descriptions naturalistes : Il créa le roman naturaliste, l'étude exacte de la société, et du coup, par une audace de génie, il osa faire vivredans sa vaste fresque toute une société copiée sur celle qui posait devant lui. (Article, 1881) L'auteur de VAssommoir décrivant la pauvre chambre de Gervaise abandonnée (chapitre I) ou l'intérieur des Maheudans Germinal, ne pouvait renier celui qui lui avait ouvert la voie en énumérant les meubles estropiés de la pensionVauquer. De l'histoire à la science : la théorie zoologique À côté du réalisme social, Balzac, esprit concret, a voulu fonder la vérité de son observation sur un critèrescientifique, celui de l'influence déterminante du milieu sur les caractéristiques propres des êtres vivants. L'influence du milieu.

Ce principe lui apporte une compréhension plus profonde des différences entre les groupes. »

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