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Le personnage de FANTÔMAS

Publié le 22/02/2012

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Personnage mystérieux et effrayant, créé par M. Allain et P. Souvestre en 1911, Fantômas est le double sombre d'Arsène Lupin. Comme lui, c'est un chef de bande hors la loi, sévissant dans l'Europe du début du siècle. Comme lui, il choisit volontiers ses victimes parmi les riches oisifs de la haute bourgeoisie. Comme lui, il a mille tours et mille ruses, changeant aisément de visage et d'identité. Mais, alors que Lupin met dans ses forfaits une certaine élégance décontractée et le respect de son propre code d'honneur, Fantômas ne recule devant aucune atrocité ni aucune perfidie. Les images les plus célèbres de Fantômas le représentent en justaucorps noir et cagoule de bourreau, ou bien vêtu d'un habit de soirée, d'une grande cape et d'un loup noir, contemplant Paris d'un regard de maître. C'est qu'en effet ce « génie du crime », ce « prince de l'épouvante » domine le monde secret de la capitale. Si Fantômas est célèbre, c'est d'abord comme l'une des grandes figures populaires de criminel impitoyable et tout-puissant. C'est aussi l'un des plus extraordinaires succès de librairie d'avant-guerre.

« saigne et découpe les agents de police, il exécute froidement préfets et magistrats...

Il offre aux petits unerevanche facile et fantasmatique sur les riches et les puissants.

Du reste, les responsables ne s'y trompèrent pas,puisque Fantômas fut accusé, à la Chambre des députés, d'être à l'origine des exploits de la bande à Bonnot quisévissait alors.C'est pourquoi Fantômas est bien un héros populaire.

Plus que d'Arsène Lupin, il faudrait le rapprocher des PiedsNickelés.Enfin l'on trouve dans Fantômas un élément très intéressant, bien que là encore sans doute inconscient : la mise enparallèle du monde des truands et de la société bourgeoise.Fantômas est à l'origine un bourgeois.

Il en a l'éducation, les manières, les goûts.

C'est, dira Marcel Allain, « un filsde famille qui a mal tourné ».

Il tue sans remords, par intérêt et par plaisir.

D'une certaine façon, il symbolisel'immoralité d'une société qui escroque, vole et tue ses ouvriers sans scrupules ni hésitation.C'est là le côté paradoxal de Fantômas : il incarne la bourgeoisie et lutte implacablement contre elle.

Il la détruitavec ses propres armes et sa propre absence de morale.

Cette vision résolument pessimiste, anarchiste, de l'ordresocial n'était bien sûr pas exprimée telle quelle dans Fantômas, mais plutôt sous-jacente.

D'où certains titresparticulièrement révélateurs, comme Le Magistrat cambrioleur ou Le Policier apache : les serviteurs de l'ordre sontles premiers criminels. Succès et avatars On l'a dit, le succès populaire de Fantômas fut énorme.

C'est ainsi qu'après la mort de Pierre Souvestre en 1914,Allain écrivit, seul, encore 12 volumes des aventures de son maléfique héros.Mais surtout, Fantômas fut porté à l'écran dès 1913 par le cinéaste Louis Feuillade qui narra fidèlement lespéripéties invraisemblables du récit original.

L'alliance du cinéma et du héros accrut encore le succès et fit de RenéNavarre, l'acteur principal, une gloire de l'écran.A partir de cette adaptation.

les surréalistes se passionnèrent pour le personnage, qui mêlait dénonciation sociale etpoésie improbable d'une manière bien propre à les séduire.

Blaise Cendrars y voyait « L'Enéide de notre époque »,Guillaume Apollinaire célébrait «cet extraordinaire roman, plein de vie et d'imagination, écrit n'importe comment maisavec beaucoup de pittoresque (...) au point de vue imaginatif une des oeuvres les plus riches qui existent».

Ilvoulut même créer, avec Max Jacob, une « Société des amis de Fantômas », tandis que Robert Desnos écrivait en1933 sa Complainte de Fantômas mise en musique par Kurt Weill.En 1932, Paul Féjos réalisait lui aussi une adaptation cinématographique de Fantômas.

Quelques années plus tôt, enAllemagne, Fritz Lang avait créé avec Mabuse, démon du crime (1932) un personnage assez proche de Fantômassur le plan idéologique, tandis qu'en 1928, Bertolt Brecht réaffirmait la symétrie de la société bourgeoise et des bas-fonds dans L'Opéra de quat'sous, sur une musique de ce même Kurt Weill qui composerait avec Desnos LaComplainte de Fantômas.Par la suite, Fantômas fut adapté à l'écran de façon moins notable (Sacha en 1947, Henri Vernay en 1948...).Signalons les adaptations réalisées par André Hunebelle entre 1964 et 1966 dans un style parodiant les filmsd'espionnage, avec Louis de Funès et Jean Marais; adaptations qui connurent un triomphe pour le moins inattendu...en URSS!Enfin il faut évoquer une descendance de Fantômas représentée par toute une série de personnages de bandedessinée : Diabolik, Démoniak, Satanik, Kriminal...

Ces criminels, nés en Italie dans les années 60, portent le collantnoir et la cagoule directement hérités du « maître de l'effroi » et, comme lui, se livrent sans remords aux piresexactions.. »

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