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Le personnage de MONSIEUR JOURDAIN

Publié le 22/02/2012

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Créé par Molière en 1670 pour moquer les prétentions à la noblesse de marchands parvenus, Monsieur Jourdain est ce «Bourgeois gentilhomme » avide de paraître et d'accéder, par son argent, aux fastes de la cour de Louis XIV. Si le personnage est célèbre par son aspect, ses prétentions et la façon dont on s'y prend finalement pour le duper, on a surtout retenu la fameuse scène dans laquelle monsieur Jourdain découvre, grâce aux leçons de son maître de philosophie, que depuis sa plus tendre enfance, il parle en prose sans le savoir. L'expression est devenue proverbiale et, pour dire de quelqu'un qu'il fait une action sans en avoir conscience, on dit qu'il fait « comme monsieur Jourdain ».

« dernière œuvre : atteint sur scène d'un malaise cardiaque, Molière meurt le 21 février 1673.

Il est enterré de façonclandestine, la nuit, comme la tradition l'exigeait pour les comédiens.En tant qu'homme de théâtre, Molière a exercé tous les métiers, tour à tour régisseur, acteur, auteur et metteur enscène.

Il a puisé à la source comique de la commedia dell'arte italienne pour, s'en dégageant peu à peu, atteindre àune forme classique aussi pure qu'efficace et, en définitive, très française.

En particulier, il excelle dans le dialogue,faisant naître un rythme soutenu et remarquablement vivant par l'emploi d'un langage simple et naturel.S'il est vrai que certaines pièces de Molière souffrent d'invraisemblances, de facilités et de faiblessespsychologiques, la faute en revient davantage au genre traité (farce, comédie-ballet) qu'à l'auteur.

Car Molière aparfaitement prouvé, par des oeuvres comme Tartuffe ou Le Misanthrope, qu'il est capable de pousser la justessed'analyse jusqu'à rendre son comique angoissant.Le Bourgeois gentilhomme est d'abord un divertissement de commande, destiné à amuser le roi en moquant uneambassade turque qui avait déplu à Sa Majesté.

D'où la présence des ballets, la « turquerie » finale et l'apparentedésinvolture dans la construction de l'intrigue.

Mais c'est aussi une satire sociale et un drame humain.Sur le plan humain, monsieur Jourdain est un fou.

C'est-à-dire que, hormis pour ce qui touche à sa manie, il secomporte de façon plutôt raisonnable.

Il dirige sa maison, n'oublie pas un centime sur la facture qu'il présente àDorante et ne se laisse pas duper par les grands mots des maîtres qu'il appointe.

S'il cherche le savoir, il ne veutcependant pas paraître prétentieux.

Il fait preuve de beaucoup de bon sens.Pourtant, tout cela disparaît dès qu'il est question de noblesse.

Alors l'aveuglement saisit monsieur Jourdain et il selaisse berner de façon ridicule.

En fait, sa folie, latente tout au long de la pièce, éclate à l'acte IV lorsque Covielle,déguisé en interprète turc, vient lui faire compliments et propositions.

On peut dire que monsieur Jourdain, victimedes complots de sa fille et de Cléonte, bascule dans la folie au cours de la pièce, ce que confirme d'ailleurs laconclusion : « S'il en est un plus fou, je l'irai dire à Rome! » Le comique bouffon des scènes finales dissimule donc un vrai drame.Sur le plan social, Le Bourgeois gentilhomme dénonce les prétentions de cette classe moyenne enrichie dans lesaffaires et qui veut obtenir des titres de noblesse.

Mais il faut se rappeler qu'à l'époque, il était habituel de vendretitres et charges créés par Louis XIV dans ce but afin de procurer des ressources à l'Etat.

C'est donc une situationqui est dénoncée, tout autant que la folie d'un homme.De plus, moquant monsieur Jourdain, Molière dénonce aussi les nobles Dorante et Dorimène qui n'hésitent pas àl'escroquer en se jouant de ses prétentions.

Car au fond, qui est le plus coupable : celui qui dépense son argent enfadaises ou celui qui l'encourage pour mieux le voler? Derrière le comportement bouffon de monsieur Jourdain, c'estbien la noblesse qui est critiquée.Enfin, Molière fait oeuvre de prophète et Le Bourgeois gentilhomme manifeste de sa part une vision étonnammentlucide d'une société sur le point de basculer.

Bourgeois, monsieur Jourdain tient le pouvoir économique : les noblesdoivent ruser pour lui soutirer son argent.

Il aspire maintenant aux privilèges et au pouvoir de fait : il veut êtrereconnu.

En fait, à travers monsieur Jourdain, on devine toute une classe sociale prenant conscience de sapuissance et frustrée de ne pas obtenir les avantages que devrait autoriser son poids économique.

Cette classesociale, la bourgeoisie, sera à l'origine de l'explosion de 1789.A titre de comparaison, on pourra rapprocher Le Bourgeois gentilhomme du conte de Voltaire Jeannot et Colin, écriten 1764.

On voit dans ce conte un bourgeois enrichi, entiché de noblesse, chercher à acquérir des rudiments debonnes manières et d'éducation, et la façon dont un « gracieux ignorant » de la noblesse tire parti de sa naïveté.. »

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