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Le Pessimisme de Leconte de Lisle

Publié le 17/02/2012

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de lisle

Il pèse sur toute l'oeuvre du poète, comme la chape de plomb, symbole des Destinées, sur les épaules des humains misérables. Il assombrit tout à coup les paysages les plus ensoleillés. De « Midi, roi des étés «, il nous plonge dans le « néant divin «. C'est, chez Leconte de Lisle, une sorte d'obsession; la note pessimiste est la dominante à laquelle il revient malgré lui. Cette constatation s'impose à tout lecteur, et pour peu qu'il ait de la vie une autre conception, elle l'indispose, elle le détourne de ce broyeur de noir, de ce prêcheur de désespérance. Nul idéaliste ne prendra pour guide le nihiliste qui adressait à son maître et ami défunt, Théophile Gautier, ces vers désabusés et déprimants, synthèse de son pessimisme ....

de lisle

« de la divinite; la loi supreme n'est que l'accord de la nature et de la raison; toute religion qui contredit ces deux guides de la vie humaine est un men- songe infame.

) Leconte de Lisle ajoute : « Tel le est la religion degeneree du Christ.

) Voila le secret de son pessimisme : it repudie le christianisme. Etudiant en droit, mole a des Bretons croyants, il a un retour inattendu de catholicisme, mais ce n'est qu'un feu de paille.

La loi de sa vie sera une haine feroce de cette foi, a peine entrevue :« Voici que le christianisme est mort, affirme-t-il en 1846, que le catholicisme est en horreur aux nations... Il faut oublier les cultes menteurs et l'aveuglement fanatique...

» Il se console comme it peut, avec des libres-penseurs, genre Homais, avec des Juifs blas- phemateurs, comme Darmesteter.

Ces frequentations juveniles n'etaient point pour le porter a un souriant optimisme.

Les premieres deceptions de la vie renforcerent ces tendances naturelles ou acquises.

Ii fonde deux revues : la premiere, catholique, La Variete, meurt an bout d'un an; la seconde, satirique, d'une violence telle que l'imprimeur se &robe; Leconte plaide, ii perd son proces.

Avocat sans cause, a La Reu- nion, il en revient an bout de deux ans pour n'y plus retourner.

Le voici journaliste collectiviste : « Le sol qui vient de Dieu appartiendra a l'huma- nite collective.

) II milite pour la science et contre les pretres.

La Revolution de 1848, s'annonce; s'y jette tete baissee.

Son club l'envoie a Saint-Brieuc, y precher le nouvel evangile.

Il se heurte a la fidelite millenaire; un jour la foule menace de lui faire un mauvais parti, it n'a que le temps de sauter par in fenetre.

Il maudit « les sales populations de la province ) ; it deplore « l'etat d'abrutissement, d'ignorance et de stupidite naturelle de cette malheureuse Bretagne ».

Il n'est pas moins &gale de ses amis politiques, les Blanqui, les Louis Blanc, les Barbes.

« Its sont trop hetes! », s'ecrie-t-11.

Il monte pour- tant sur la barricade, s'y fait ramasser, et goute de la prison...

pour qua- rante-huit heures, tandis qu'on fusille les ouvriers par centaines.

Il est gueri de la politique.

Il se donne desormais a l'Art, exclusivement...

sauf une re- cidive, apres la chute de l'Empire, pour faire oublier la rente de 3.600 francs que lui servait Napoleon III, et prouver son republicanisme. La Grace et l'Inde n'etaient pas precisement les conseilleres qu'il lui eat fallu.

Il traduit l'Iliade; it s'enivre de la fable antique, ressuscite en son ima- gination les dieux morts, se lamente sur le sort d'Hypathie, symbole de la Science unie a la Beaute, et accuse le Christ de l'avoir tithe : Le vil Galileen frappee et maudite... Plus tard, les Poemes de l'Inde le griseront, eux aussi; it y trouvera l'elixir du neant, la philosophie du Nirvana et de la Maya. Enfin, si nous en croyons Jean Richepin, son pessimisme lui serait venu surtout du con flit permanent de ses differents mot; car il y avait en lui un creole, un Breton, un Normand et un Grec.

Pent-etre, mais on peut ramener ce conflit it deux elements : c'est le desequilibre entre ses reveries et ses actes, une disproportion singuliere entre I'infini de ses &sirs et l'etroitesse de ses roves.

Et nous connaissons cela de reste : en 1810 cela s'appelait le « mal de Rene », le « mal du siècle ».

Ennemi des romantiques, le chef du Parnasse leur ressemble comme un frere. OA? Comment s'exprime le pessimisme de Leconte de Lisle? Il s'exprime du premier au dernier de ses recueils; il nous conduit, a travers la splendeur, - une splendeur un peu froide - a la mort et au Poemes Antiques (1852), Poemes et Poesies (1855), Poesies nouvelles (1858), Poemes barbares (1871), Erynnies (1873), Poemes tragiques (1884), aboutissent tons aux memes conclusions, explicitement ou tacitement.

Meme ses animaux sont sinistres et inquietants, la plupart occupes a l' oeuvre de mort oit les pousse I'instinct.

Dans la Mort de Valmiki, il nous presente un sage Hindou, plonge dans son rove, et qui laisse son existence personnelle s'absorber dans la nature maternelle.

La Vision du Brahma proclame le 'leant de tout :la divinite meme ne fait que projeter hors d'elle un monde d'apparences : Bien n'est vrai que l'unique et morne Eternite : 0 Brahma! toute chose est le rove d'un rave. Dans Bhagavat, meme philosophie du vide absolu.

Trois Brahmanes souf- frent pour avoir epuise toutes les illusions : illusion de la Beaute, illusion de de la divinité; la loi suprême n'est que l'accord de la nature et de la raison; toute religion qui contredit ces deux guides de la vie humaine est un men­ songe infâme. » Leconte de Lisle ajoute : « Telle est la religion dégénérée du Christ.

» Voilà le secret de son pessimisme : il répudie le christianisme.

Etudiant en droit, mêlé à des Bretons croyants, il a un retour inattendu de catholicisme, mais ce n'est qu'un feu de paille.

La loi de sa vie sera une haine féroce de cette foi, à peine entrevue : « Voici que le christianisme est mort, affirme-t-il en 1846, que le catholicisme est en horreur aux nations...

Il faut oublier les cultes menteurs et l'aveuglement fanatique...

» Il se console comme il peut, avec des libres-penseurs, genre Homais, avec des Juifs blas­ phémateurs, comme Darmesteter.

Ces fréquentations juvéniles n'étaient point pour le porter à un souriant optimisme.

Les premières déceptions de la vie renforcèrent ces tendances naturelles ou acquises.

Il fonde deux revues : la première, catholique, La Variété, meurt au bout d'un an; la seconde, satirique, d'une violence telle que l'imprimeur se dérobe; Leconte plaide, il perd son procès.

Avocat sans cause, à La Réu­ nion, il en revient au bout de deux ans pour n'y plus retourner.

Le voici journaliste collectiviste : « Le sol qui vient de Dieu appartiendra à l'huma­ nité collective.

» Il milite pour la science et contre les prêtres.

La Révolution de 1848, s'annonce; il s'y jette tête baissée. Son club renvoie à Saint-Brieuc, y prêcher le nouvel évangile. Il se heurte à la fidélité millénaire; un jour la foule menace de lui faire un mauvais parti, il n'a que le temps de sauter par la fenêtre.

Il maudit « les sales populations de la province » ; il déplore « l'état d'abrutissement, d'ignorance et de stupidité naturelle de cette malheureuse Bretagne ».

Il n'est pas moins dégoûte de ses amis politiques, les Blanqui, les Louis Blanc, les Barbès. « Ils sont trop bêtes! », s'écrie-t-il. Il monte pour­ tant sur la barricade, s'y fait ramasser, et goûte de la prison...

pour qua­ rante-huit heures, tandis qu'on fusille les ouvriers par centaines.

Il est guéri de la politique.

Il se donne désormais à l'Art, exclusivement...

sauf une ré­ cidive, après la chute de l'Empire, pour faire oublier la rente de 3.600 francs que lui servait Napoléon III, et prouver son républicanisme.

La Grèce et Vlnde n'étaient pas précisément les conseillères qu'il lui eût fallu. Il traduit Vlliade; il s'enivre de la fable antique, ressuscite en son ima­ gination les dieux morts, se lamente sur le sort d'Hypathie, symbole de la Science unie à la Beauté, et accuse le Christ de l'avoir tuée : Le vil Galiléen Va frappée et maudite...

Plus tard, les Poèmes de l'Inde le griseront, eux aussi; il y trouvera l'élixir du néant, la philosophie du Nirvana et de la Mâya.

Enfin, si nous en croyons Jean Richepin, son pessimisme lui serait venu surtout du conflit permanent de ses différents MOI; car il y avait en lui un créole, un Breton, un Normand et un Grec.

Peut-être, mais on peut ramener ce conflit à deux éléments : c'est le déséquilibre entre ses rêveries et s actes, une disproportion singulière entre l'infini de ses désirs et l'étroitesse de ses rêves.

Et nous connaissons cela de reste : en 1810 cela s'appelait le « mal de René », le « mal du siècle ».

Ennemi des romantiques, le chef du Parnasse leur ressemble comme un frère.

Où? Comment s'exprime le pessimisme de Leconte de Lisle? Il s'exprime du premier au dernier de ses recueils; il nous conduit, à travers la splendeur, — une splendeur un peu froide — à la mort et au néant. Poèmes Antiques (1852), Poèmes et Poésies (1855), Poésies nouv (1858), Poèmes barbares (1871), Erynnies (1873), Poèmes tragiques (1884), aboutissent tous aux mêmes conclusions, explicitement ou tacitement.

Même ses animaux sont sinistres et inquiétants, la plupart occupés à l'œuvre de mort où les pousse l'instinct.

Dans la Mort de Valmiki, il nous présente un sage Hindou, plongé dans son rêve, et qui laisse son existence personnelle s'absorber dans la nature maternelle.

La Vision du Brahma proclame le néant de tout : la divinité même ne fait que projeter hors d'elle un monde d'apparences : Rien nfest vrai que l'unique et morne Eternité : 0 Brahma! toute chose est le rêve d'un rêve.

Dans Bhagavat, même philosophie du vide absolu.

Trois Brahmanes souf­ frent pour avoir épuisé toutes les illusions : illusion de la Beauté, illusion de. »

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