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Le registre tragique

Publié le 05/09/2018

Extrait du document

PROCEDES PERMETTANT DE CARACTERISER LE REGISTRE TRAGIQUE
EXEMPLES
- Formulations faisant référence au destin, à une force dominante

- Expressions, mots, tournures montrant que l’héroïne n’est pas responsable de la passion quil’anime

« Mon mal vient de plus loin » incrimine des origines qu’elle ne maîtrise pas et qui s’exprime par l’évocation d’Athènes, personnifiée et agissante. Les premiers symptômes sont exprimés comme s’ils existaient indépendamment de celle qui les ressent : « Je pâlis, je rougis », « un trouble s’éleva ». De même l’impossibilité de voir et de parler est décrite comme quelque chose de subi et non volontaire : vers 24 et 37 . Involontairement, Phèdre est mise en présence directement ou indirectement de celui qu’elle cherche à fuir. La conclusion du vers 40 (Vénus tout entière à sa proie attachée) réaffirme la certitude de l’action maléfique d’une divinité.

Les différentes tentatives de Phèdre pour échapper à son destin Le récit de Phèdre affirme aussi sa volonté de faire obstacle à sa passion par différents moyens énumérés dans le texte. 
-volonté de détourner les projets de Vénus par une attitude de piété, construction d’un temple, sacrifice, prières adressées à la déesse, cérémonie =>efforts vains pour lutter contre une passion envahissante 
- Sévérité excessive à l’égard d’Hippolyte et bannissement pour ne plus le voir =>échec puisqu’avec Thésée, elle se rend à Trézène où se trouve Hippolyte
Cet emprisonnement d’une héroïne à la fois coupable et innocente, qui cherche à exercer sa liberté sans le pouvoir, est la marque du tragique.

La mort inéluctable L’aveu révèleainsi à la fois la force de la passion que subit Phèdre, du fait d’un destin implacable qui l’a condamné à aimer celui qu’elle ne doit pas aimer, l’impossibilité dans laquelle elle se trouve de s’en libérer parce que tout, autour d’elle, la ramène à cette passion, et le caractère vain de tous ses efforts constamment contrés par des circonstances sur lesquelles elle n’a pas de prise. La mort apparaît alors comme la seule issue, en réponse à toutes les impuissances.
- « incurable amour », « remèdes impuissants » =>expressions montrant que la blessure n’est pas uniquement celle de l’amour mais déjà celle de la mort.
-affirmation « J’ai pris la vie en haine » : annonce dénouement tragique

« Phèdre, I, 3 Œnone Juste ciel ! Tout mon sang dans mes veines se glace ! Ô désespoir ! Ô crime ! Ô déplorable race ! Voyage infortuné ! Rivage malheureux, Fallait -il approcher de tes bords dangereux ? Phèdre Mon mal vient de plus loin.

À peine au fils d’Égée Sous les lois de l’hymen2 je m’étais engagée, Mon repos, mon bonheur semblait être affermi, Athènes me montra mon superbe ennemi. Je le vis, je rougis, je pâlis à sa vue ; Un trouble s’éleva dans mon âme éperdue ; Mes yeux ne voyaient plus, je ne pouvais parler ; Je sentis tout mon corps, et transir3 et brûler. Je reconnus Vénus et ses feux redoutables, D’un sang qu’elle poursuit tourments inévitables. Par des vœux assidus je crus les détourner : Je lui bâtis un temple, et pris soin de l’orner ; De victimes moi -même à toute heure entourée, Je cherchais dans leurs flancs ma raison égarée. D’un incurable amour remèdes impuissants ! En vain sur les autels ma main brûlait l’encens : Quand ma bouche implorait le nom de la déesse, J’adorais Hippolyte, et le voyant sans cesse, Même au pied des autels que je faisais fumer. J’offrais tout à ce dieu, que je n’osais nommer. Je l’évitais partout.

Ô comble de misère ! Mes yeux le retrouvaient dans les traits de son père. Contre moi -même enfin j’osai me révolter : J’excitai mon courage à le persécuter. Pour bannir l’ennemi dont j’étais idolâtre, J’affectai les chagrins d’une injuste marâtre ; Je pressai son exil, et mes cris éternels L’arrachèrent du sein, et des bras paternels. Je respirais, Œnone.

Et depuis son absence, Mes jours moins agités coulaient dans l’innocence ; Soumise à mon époux, et cachant mes ennuis, De son fatal hymen je cultivais les fruits. Vaines précautions ! Cruelle destinée ! Par mon époux lui -même à Trézène amenée, J’ai revu l’Ennemi que j’avais éloigné : Ma blessure trop vive aussitôt a saigné. Ce n’est plus une ardeur dans mes veines cachée : C’est Vénus toute4 entière à sa proie attachée. J’ai conçu pour mon crime une juste terreur. J’ai pris la vie en haine et ma flamme en horreur.. »

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