Devoir de Philosophie

Le registre tragique est il uniquement propre à la tragédie ?

Publié le 08/03/2005

Extrait du document

              La tragédie a souvent été considérée comme le plus grand genre dramatique, le plus noble, par opposition à la comédie. Prisonnier de son destin, le héros tragique est pris dans un conflit qui l'oppose d'un côté au monde, l'homme et de l'autre côté aux forces (divines, passionnelles...) qui peuvent le dépasser, l'écraser. En s'identifiant à des personnages dont les passions coupables sont punies par le destin, le spectateur de la tragédie se voit délivré, purgé des sentiments inavouables. Le théâtre a dès lors pour les théoriciens du classicisme une valeur morale, une fonction édifiante. La situation conflictuelle du héros tragique prisonnier de son destin se retrouve-t-elle uniquement dans la tragédie, est-elle le propre d'un genre précis ou caractérise-t-elle plutôt les perpétuelles hantises de l'homme.   I- La tragédie classique             A- Caractéristiques * personnages hors du commun. Pas de roturiers, de bourgeois mais des dieux, demi-dieux, empereurs. * théâtre : respect des trois unités + vraisemblance et respect des bienséances. Niveau de langue soutenu, voire précieux.

« comique avec la réplique finale de Sganarelle : « Mes gages, mes gages ! ». II- Le tragique au théâtre remis en question A - Remise en cause du genre : le drame romantique * le jeune Victor Hugo refuse les règles, les carcans du classicisme Bataille d' Hernani (modèle : Shakespeare) : plusieurs action s tragique s, pathétique s mais avec éléments réaliste s, familier s, comique s.

Hugo : il faut mêler « le sublime et le grotesque Étude des personnages dans Hernani [1] ∆) Volonté de saisir l'évolution d'un personnage dans le temps, et non plus nécessairement analyser uncaractère au moment d'une crise, comme le faisaient les classiques. B- Anouilh et Giraudoux : nouvelles approches des tragédies [2] Électre, le Jardinier « Entracte »1 : « On réussit chez les rois les expériences qui ne réussissent jamais chez les humbles, la haine pure, la colère pure.

C'est toujours de la pureté.

C'est cela que c'est, la Tragédie, avecses incestes, ses parricides : de la pureté, c'est à dire en somme de l'innocence.

Je ne sais si vous êtes comme moi; mais moi, dans la Tragédie, la pharaonne qui se suicide me dit espoir, le maréchal qui trahit me dit foi, le duc quiassassine me dit tendresse.

C'est une entreprise d'amour, la cruauté...

pardon je veux dire la Tragédie ». Anouilh et Giraudoux, par exemple, érudits, connaissaient très bien les tragédies antiques et classiques et ils se sont amusés à les remettre en question.

Électre : « tragédie bourgeoise » qui touche parfois au registre de la comédie.

Ex : Agamemnon est supposé avoir glissé dans sa baignoire.

Électre apparaît orgueilleuse, inhumainepeut-être, sacrifiant la cité pour rendre sa justice et entraînant le désastre.

Pourtant, maintien de la tradition desgrandes familles maudites, principe d'une catastrophe inévitable et de la destruction finale.

Évocation des conflitspolitiques des années trente.

La guerre est présente : la ville est menacée du dehors, ce qui ne peut que rappeler lasituation internationale de l'époque. C- Le théâtre de l'absurde La littérature moderne et son antipathie pour les genres, pour la notion de convenance, exigent que l'onréinvente régulièrement la mise en forme de registres.

Le théâtre de l'absurde met en scène des anti-héros, desmarginaux et met en scène, à travers les dialogues souvent dénués de sens, l'impossibilité du langage.

Beckettconfie à deux clochards le soin d'incarner la condition tragique des hommes, en un choix thématique qui constituepour nous le meilleur véhicule possible de l'émotion, dans En attendant Godot . Évoquer le tragique et le burlesque dans En attendant Godot : le langage, les « actions », les comportements...

: Estragon et Vladimir, antihéros, symbolisent, par dérision, les angoisses humaines. ∆) Le tragique semble être une catégorie intemporelle que certaines oeuvres du XXe siècle réactivent. III- Le tragique hors du théâtre Après le triomphe de la tragédie classique, le tragique s'est développé dans d'autres genres.

Le héros,oscillant entre révolte, culpabilité et désespoir n'est plus seulement roi ou prince (conditions requises par lesclassiques) : il est l'incarnation de tout être humain prisonnier de sa mortalité, de son destin, de ses angoisses.

A- Vigny : « La mort du Loup », (les Destinées , posthume, 1864) « La Mort du loup » : Vigny reprend le thème du malheur individuel pour en faire une fatalité universelle.Long poème en alexandrin décrit une chasse nocturne qui se termine par la mort héroïque du loup + réflexion moralesur le sens de la vie.

Description réaliste et cruelle : le loup n'abdique pas alors qu'il sait que l'issu sera fatale :dignité, noblesse.

Il meurt sans se plaindre ; attitude stoïque : suscite une émotion tragique, formules exprimant lalucidité devant la mort. ∆) Comme le loup, l'homme de génie, le poète ne peut-être qu'un solitaire qui accepte son sort sans seplaindre après avoir accompli au mieux la tâche qui lui a été attribuée et pour rester libre, il doit s'isoler et s'élever. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles