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Le roman au XIIe siècle

Publié le 04/08/2014

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D'une certaine manière, Chrétien de Troyes constitue le premier exemple

de « romancier « de la littérature médiévale, après une disparition presque

totale du genre pendant plusieurs siècles. Mais au XIIe siècle, le terme

« roman « désigne avant tout une langue qui se distingue du latin pour produire

une littérature nouvelle par ses thèmes autant que par sa forme.

1 - L'ÉMERGENCE DU VERNACULAIRE

Primauté du latin

Jusqu'au x1e siècle, la littérature médiévale est une littérature latine : poésie

lyrique comme poèmes narratifs ou chroniques sont composés en langue latine,

même si celle-ci a bien changé depuis l'époque classique, au grand dam de

quelques lettrés conscients de cette décadence. De ce fait, l'accès à l'écriture, et

dans une moindre mesure à la lecture, est réservée à une élite, celle des

«clercs«, c'est-à-dire des hommes d'Église, qui maîtrisent le latin, langue liturgique, et langue des Écritures saintes.

« E X P 0 S É S F C H E S tion selon laquelle I'œuvre nouvelle n'est qu'une traduction est un leurre destiné à faire oublier lorgueil dont témoigne toute entreprise de création.

Mais à ce point, le « roman » désigne une catégorie linguistique, et non un genre littéraire.

Une forme, un genre Dès la première moitié du xne siècle, cependant, la langue nouvelle va se spé­ cialiser pour ainsi dire dans un certain type de productions, qui vont constituer le genre romanesque tel que nous le définissons.

Le roman est avant tout en effet le véhicule de certains récits, empruntés soit à la tradition antique, soit au réservoir de « contes » bretons ; dans les deux cas, il y a d'abord translation linguistique, puisqu'il faut traduire l'histoire du latin ou du breton en roman.

Par rapport au breton, associé à une tradition exclusivement orale, le roman se définit comme langue littéraire, dotée d'une dimension esthétique.

Les premiers romans au sens moderne du terme sont d'ailleurs rédigés en vers: le couplet d'octosyllabes à rimes plates que va perfectionner Chrétien de Troyes dans ses cinq ouvrages .

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Ill -LE ROMAN ARTHURIEN OU ROMAN BRETON Dire le vrai Le roman en octosyllabes a tendance, dans la seconde moitié du XII< siècle, à être de plus en plus assimilé aux récits de fiction ayant trait à la « matière de Bre­ tagne ».

Certes, tout roman médiéval proclame haut et fort son authenticité (même si les textes en prose du XIIIe siècle justifient leur passage à la forme nouvelle par le risque d'affabulation et de mensonge inhérent à l'écriture en vers).

Mais il est tacitement admis que le nouveau genre romanesque sert de véhicule à des histoires fréquemment dotées d'une« senefiance* »cachée, dont la« lettre» peut n'être pas tout à fait conforme à la vérité historique.

«D'armes et d'amour» La spécialité du roman sur le plan thématique, c'est qu'il associe les récits guerriers avec les analyses de sentiments, et comporte à part égale « armes » et « amours » : on voit de près cette évolution dans la trilogie des « romans an­ tiques», où la part de l'amour et de la description psychologique s'accroît considé­ rablement du premier, le Roman de Thèbes, au dernier, le Roman de Troie, qui met au goût du jour lIliade en y introduisant toutes sortes d'intrigues amoureuses et de personnages féminins.

La matière de Bretagne La spécificité du roman arthurien, ou « breton », est que ses hauts faits guer­ riers, et ses analyses subtiles de sentiments inédits, se situent dans un cadre nar­ ratif que l'on retrouve de texte en texte (un univers complet, avec sa géographie, ses acteurs, ses thèmes propres ...

) et qui s'inspire largement des« contes» du folk­ lore celtique, où le surnaturel joue un rôle important.

Conclusion : À partir de ces données a priori disparates, se crée un genre nouveau, dont les œuvres de Chrétien de Troyes, et La Charrette en parti­ culier, constituent les représentants les plus achevés.

Pendant plus d'un siècle, le succès de ce genre, fondé sur le principe de la variation sur un thème connu, ne se démentira pas.. »

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