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Le Roman courtois

Publié le 25/02/2012

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Il vint un temps (milieu du xiie siècle) où la matière un peu austère des chansons de geste, toujours populaire sans doute auprès des foules, ne satisfit plus les goûts de la classe aristocratique. Leur monotonie et leur facture un peu rude lassèrent un public plus cultivé en même temps que leur idéal robuste mais démodé cessa de répondre à une civilisation raffinée. De plus, les débuts de la poésie lyrique courtoise invitèrent les auteurs à faire passer dans la littérature narrative une conception nouvelle des rapports de l'homme et de la femme. Enfin une nouvelle matière s'offrit au narrateur, l'orient, ignoré du vulgaire et paré du charme de pays lointains comme du prestige d'une Antiquité gréco-latine accessible aux seuls gens instruits.

« LE ROMAN COURTOIS 21 l'Histoire d'Alexandre du faux Callisthène, ou telle narration de la guerre de Troie composée soi-disant par un certain Darès, troyen compagnon d'Énée et témoin visuel des faits, en réalité écrite au premier siècle aprè'> J.-C.

et adaptée en latin au ve siècle; comme aussi les Éphémérides de la guerre de Troie, dont l'adaptation en latin, faite au Ive siècle, connut un grand succès; comme enfin la Thébaïde du poète latin Stace, contemporain de Néron et dont l'imagina­ tion brillante était propre à séduire des clercs au goût encore peu sûr.

Ce dernier poème, qui groupait ou enjolivait toutes les légendes se rapportant à Thèbes (Œdipe, Antigone, etc ...

), jouissait d'une grande estime et était mis sur le même pied que l' Énéide de Virgile.

Notons qu'on connaissait aussi l'œuvre d'Horace, celle d'Ovide, si abondante, celle de Térence, et que les auteurs de romans ne se firent pas faute d'y puiser de nombreux traits.

Malheureusement ils ne surent pas y prendre ce leçons d'art qui leur eussent permis de hausser leur ouvrage au niveau des plus accomplis.

Les romans courtois se distinguent d'abord des chansons de geste par quelques caractères généraux; ils ne sont plus récités avec accompagnement de musique, mais lus; les vers octosyllabiques riment deux à deux; d'une longueur fort variable, ces romans comprennent parfois plusieurs dizaines de milliers de vers.

Le Roman d'Alexandre, dans sa forme primitive, n'est plus guère pour nous qu'un nom.

Tiré par un certain Alberic d'un roman grec du ne siècle traduit, puis résumé en latin vers le xe siècle, il ne nous est connu que par un fragment.

Mais ce fragment, souvent repris et transposé en vers de douze syllabes (d'où le nom de vers alexandrin), donna à l'histoire du roi macédonien aux xne et xme siècles, un prodigieux relief : certes on n'y lisait pas l'histoire authentique du conquérant de génie, mais un ensemble de fables groupées autour du personnage, dans un plaisant ana­ chronisme; c'est par suite du succès prolongé de ce texte que l'un des rois du jeu de cartes se nomme Alexandre.

Ce roi est surtout présenté comme le parfait seigneur, large donneur de subventions aux poètes, magnifique et raffiné.

Le Roman de Thèbes, qui impose définitivement l'alexandrin, est d'auteur inconnu; il date de 1150. »

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