Devoir de Philosophie

LE ROMAN DES «ANNÉES TRENTE»

Publié le 04/04/2012

Extrait du document

Un homme avait consacré son existence à la communauté, même s'il l'avait fait dans les limites peu étendues de son intelligence et de son coeur; mais, au moment de mourir, il n'y avait plus que lui : c'était l'individu qui avait le dernier mot. Celestino disait un jour à Pineda [sa fille] : "l'avènement du socialisme est plus important que la conquête de la lune". A présent il aurait pu ajouter : ...

« UNE LITTÉRATURE MILITANTE Reprenant la notion de génération littéraire, chère à Thibaudet (mais aussi à Sartre) (1), Claude Edmonde Magny oppose la génération des romanciers de 1918, repliés sur eux-mêmes, et celle des romanciers de 1930, désireux d 'ag ir sur le monde pour le transformer.

Après la « littérature triomphante », « la littérature mili­ tante ».

Après les « réguliers », les « séculiers ».

L'attention à l'événement Pour leurs grandes fresques historiques, les aînés se réfèrent encore au passé : Roger Martin du Gard couronne Les Thibault (2) par L'été 14 (1936); Duhamel se propose, dans la Chronique des Pasquier, de peindre « un moment de la vie française, moment compris entre l'année 1880 et 1 'année 1930 »; Jules Romains écrit Les hommes de bonne volonté de 1932 à 1946, mais les événements qu'il présente commencent en 1908 et s'arrêtent en 1933.

Il semble qu'au contraire les écrivains jeunes fixent leur atten­ tion sur les événements immédiatement contem­ porains et cherchent à être les historiographes du présent plutôt que les historiographes du passé : révolution de 1927 à Shanghaï (Malraux : La condition humaine, 1933), débuts du nazisme en Allemagne (Malraux : Le temps du mépris, 1935), guerre d'Espagne (Malraux : L'espoir, 1937), progrès des transports entre les continents (Saint-Exupéry : Vol de nuit, 1931).

Le roman évolue vers le reportage ou, du moins, il lui fait concurrence.

La montée de l'angoisse Entre 1918 et 1930 le ciel était plutôt serein.

Au contraire, après 1930, il s'assombrit jusqu'à ce que l'orage crève en 1939.

« A mesure que l'on avance dans le temps, les œuvres deviennent de plus en plus noires, comme pour refléter les impressions de la conscience collective devant l'Anschluss, l'occupation de la rive gauche du Rhin, Munich, la déclaration de guerre, mai-juin 1940, etc.

» (3).

La « littérature de désespoir » (4), n'attendra pas 1 'existentialisme : les romans de !.

Voir plus haut, p.

571.

2.

Voir p.

634.

3.

Claude-Edmonde Magny, op.

cit.

4.

L'expression est de Maurice Blanchot.

Céline, Voyage au bout de la nuit (1932), Mort à crédit (1936) en sont déjà l'expression la plus paroxystique qu'on puisse imaginer ( 1).

L'engagement personnel Le héros de Céline, Bardamu, revit les expé­ riences de l'auteur.

De même Saint-Exupéry (1900-1944) s'inspire des difficultés et des dan­ gers de son métier d'aviateur.

Cet écrivain mort « en plein ciel de gioire » à quarante­ quatre ans, est l'exemple le plus populaire d'une littérature héroïque dont les belles actions et les beaux sentiments dépassent peut-être les mérites proprement artistiques.

Né à Lyon, Antoine de Saint-Exupéry a appris pendant son service militaire le métier qu 'il devait tant de fois illus­ trer dans ses œuvres.

Pilote de ligne en 1927, il voit les débuts des grandes liaisons aériennes intercontinentales : Courrier sud (1930) évoque le trajet Toulouse-Dakar, Vol de nuit (1931) 1 'attente de trois courriers sur 1 'aérodrome de Buenos-Aires et la difficile, 1 'angoissante pro­ gression de l'un d'eux dans le ciel d'Amérique.

Après avoir quitté l'Aéropostale, Saint-Exupéry devient journaliste, écrivain, conférencier.

Dans Terre des hommes (1939), il évoque les souvenirs de sa carrière, la mémoire des camarades dis­ parus , comme Mermoz, et la grandeur d'une vie d'action dont le but est « avant tout, d'unir les hommes ».

Cette vie, il a hâte de la reprendre quand la guerre éclate.

Malgré ses « 6 500 heures de vol sous tous les ciels du monde », il n'ob­ tient qu'à grand peine le droit d'être « pilote de guerre » (ce sera le titre d'un nouveau livre, en 1942).

Tenu éloigné du combat après la débâcle, il rédige un conte, Le petit prince (1943) et la grande méditation de Citadelle (posthume, 1945).

Il arrache par faveur huit missions à accomplir sur Lightning P.

38.

La dernière lui est fatale, le 31 juillet 1944.

Mais le roman des années 30 n'a pas seulement la saveur du vécu.

Il reflète l'engagement per­ sonnel de l'écrivain.

Malraux participe aux révo­ lutions qui secouent le monde.

Aragon s'inscrit au Parti communiste qui attire même, pour un instant, André Gide.

Tandis que Bernanos liquide son passé d'homme de droite au moment de la guerre d'Espagne, Brasillach (1909-1945) 1.

Voir p.

649.. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles