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le roman francophone au sud du Sahara

Publié le 10/05/2015

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Le roman francophone au sud du Sahara Préambule : L'émergence de la prose romanesque dans cette aire culturelle, comme du reste en Afrique, est corrélative de la situation coloniale et du combat des intellectuels contre « la sujétion imposée par l'Europe à l'Afrique et au monde noir », ainsi que le souligne Bernard Mouralis. Au regard de l'abondance des oeuvres produites, de la période « protohistorique » à aujourd'hui, il s'avère malaisé de déterminer de manière exhaustive les thèmes de cette écriture ou ses procédés esthétiques. Néanmoins, son évolution laisse apparaître des tendances qui facilitent sa lecture. La phase des précurseurs Aux yeux de nombreux observateurs, la parution en 1921 de Batouala, véritable roman nègre de René Maran inaugure sans conteste les débuts du roman dans le champ littéraire négro-africain d'expression française. Pourtant, avant cette date, il y a eu, dans les Caraïbes tout autant qu'en Afrique, quelques textes que certains ont du mal à catégoriser comme des romans. On cite Esquisses sénégalaises de l'abbé Boilat paru en 1853, Le Réprouvé de Massyla Diop (1912) ou Les Trois volontés de Malic (1920) par Mapaté Diagne, oeuvre au sujet de laquelle Xavier Garnier écrit que « c'est un éloge appuyé de la colonisation, accompagné d'une remise en question de la coutume ». Le projet du Guyanais René Maran, indigné par les méthodes de réification déployées contre les indigènes et leurs cultures, consiste dans la dénonciation des exactions de « la large vie coloniale ». Exposé dans la préface du roman, ce dessein est quelque peu dissipé par une fiction qui se circonscrit à l'intérieur des imageries coloniales par sa présentation fine et nuancée des moeurs des autochtones colonisés. L'année 1926 consacre l'avènement du premier roman autobiographique avec Force-Bonté de l'ancien tirailleur sénégalais Bakary Diallo. Ce texte au titre programmatique sacrifie parfaitement aux poncifs de l'idéologie colonialiste : l'auteur y célèbre la France, « habituée à une conduite irréprochable », à laquelle « le bien a confié la mission capitale de la bonne entente humaine. » En d'autres termes, Bakary Diallo assimile la colonisation à une entreprise philanthropique au bénéfice de l'Afriq...

« Cette production à résonance culturaliste, influenc ée par la litt érature coloniale et exotique autant   que  par  les  techniques  du roman  r éaliste,  est  per çue  par  certains  critiques  comme   «   une  litt érature  de   consentement   »   puisqu’ils   y   d écèlent   des   signes   d’inf éodation   à  l’institution   fran çaise.

  N’est­il   pas   autoris é  de   la   lire   plut ôt   comme   un   moyen   de   r écuser   l’imp érialisme   culturel   europ éen   et   un   outil   d’atteindre  à une meilleure compr éhension des valeurs africaines   ? D’ailleurs, Lomami Tshibamba  écrit   dans l’avertissement au lecteur de  Ngando , œuvre parue en 1948, qu’il informe l’Europe de  «   la mani ère   dont   nous,   les   Noirs   du   Centre   africain,   les   Bantu,   concevons   l’univers,   les   êtres   et   comment   nous   interpr étons les causes des ph énom ènes et des manifestations des forces de la Nature   ». Devant   le   retentissement   de   la   po ésie,   la   cr éation   romanesque   s’amenuise   un   temps.

  Une   r égénération s’op ère durant les d écennies cinquante et soixante qui consacrent les  «   classiques   ». La phase des «        classiques        »   Apr ès   les   premi ères   tentatives   pour   donner   au   monde   un   sens   plein   de   l’humanit é  noire,   s’instaure   une   deuxi ème   phase   du   roman   africain   francophone,   une   phase   non   moins   ambigu ë  et   complexe,   en   raison   de   la   diversit é  des   programmes   qu’elle   manifeste,   qui   profite   de   la   prise   de   conscience  des  lettr és  africains  de  leur   malaise.  Il   reste  que  la  th ématique  de   la   colonisation  demeure   l’expression obvie des œuvres parues dans leur majorit é. Dans   son   œuvre   ma îtresse,   L’Enfant   noir ,   roman   paru   en   1953,   Camara   Laye   ressuscite   son   enfance en Haute Guin ée. Dict ée par l’exil et la nostalgie, cette œuvre autobiographique est une fresque   qui t émoigne d’une vie symbiotique avec les traditions africaines. Elle est paradoxalement vilipend ée au   reproche   qu’elle   évoque   une   communaut é édénique,   occultant   par   l à­m ême   l’insoutenable   r éalit é   carc érale, l’exploitation et l’oppression qui  étaient le lot des Africains. Toujours est­il que le romancier guin éen a ouvert la voie au roman de formation. On assiste  à la   parution de nombreux textes qui retracent les  épisodes de l’apprentissage de jeunes Africains suivant un   itin éraire   qui   les   conduit   du   village   à  la   ville,   du   cercle   éducatif   traditionnel   à  l’ école   moderne,   de   l’Afrique   à  l’Europe.

  Ainsi   de   Climbi é   de   Bernard   Dadi é  (1953),   Cœur   d’Aryenne   de   Jean   Malonga   (1954),  Kocoumbo, l’ étudiant noir  d’Ak é Loba (1960) ou  L’Aventure ambigu ë  (1961) de Cheikh Hamidou   Kane. Il est remarquable, note Boniface Mongo­Mboussa, que   «   les h éros prennent conscience de leur   alt érit é, se d écouvrent  à eux­m êmes, et tombent de temps  à autre dans une impasse existentielle qui les   conduit parfois  à la mort.

  »  Cette  écriture ne laisse pas de soulever des questions sur les bouleversements   engendr és par l’immixtion de l’Europe dans le v écu quotidien des Africains. Au reste, il est juste de mentionner la mise en sc ène quasi permanente des personnages en proie  à   une crise identitaire,  à un drame existentiel, r ésultat de l’alt ération de leur personnalit é au contact des   valeurs occidentales. Il s’ensuit une schizophr énie qui les tire   «   tant ôt vers un repli identitaire africain,   tant ôt vers une identification au Blanc.

  »  Les protagonistes traduisent ainsi leur sentiment d’inad équation   à   l’Afrique   hybride.

  On   comprend   alors   tout   le   privil ège   accord é  aux   th èmes   de   l’acculturation,   du   conflit   des   g énérations   et   de   la   fascination   de   l’Occident   par   Abdoulaye   Sadji,   Ferdinand   Oyono   ou  . »

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