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Le romantisme, est-il un mouvement politique ?

Publié le 02/09/2012

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Vers1830, la plupart des romantiques évoluent vers un humanitarisme en se montrant pitoyable aux misères du peuple et aux souffrances des nations opprimées. Il y a ici le sens d’une mission sociale à accomplir. Le poète doit guider le peuple (Hugo, Lamartine, Sand) et les romantiques acquièrent ainsi le goût de l’action politique et sociale, du combat politique ; on les voit orateurs, députés. Une première dualité se fait remarquée ici, car d’une part il y a un égoïsme valorisant, les droits de individu l’emportent sur les droits de la société sur l’individu, mais d’autre part, évolution de celui-ci se fait à travers la collectivité (« un homme n’est absolument rien q’un homme, mais en même temps il peut et doit être véritablement l’humanité entière « - Novalis). Le romantisme recommande ainsi la communication avec les autres, la « méditation réciproque « et la « philosophie en commun « (Symphilosophie) comme la plus haute fonction de la vie. « Notre pensée est un dialogue, notre sensibilité une sympathie « dit Novalis. Schlegel veut constituer une guilde ou une hanse d’esprits supérieurs. Le romantisme valorise avant tout l’histoire, et surtout l’originalité dans l’évolution d’un peuple. On essaye de se distinguer par le folklore, par la langue, dans les rapports sociaux. C’est dans ce travail de quête des valeurs que naît la nation. Employée comme terme pour la première fois en français par Mme. De Staël en « De l’Allemagne «, elle désigne au début plutôt une union dans l’esprit, une confraternité, pas encore de le fait d’une appartenance objective à une nation déterminée.

« Le romantisme a un pouvoir de fascination extraordinaire et il opère avec les forces profondes de l'humanité, son attachement au passé commun et l'espoir d'un avenirmeilleur fondé sur l'harmonie dans la diversité des manifestations.

C'est le caractère idéaliste, contestataire d'un présent ne correspondant pas aux volontés deshommes qui a été, disons, exploité sur la scène politique.On ne peut pas dire que le romantisme est un mouvement politique unitaire, c'est-à-dire organisé autour d'une série d'idées répondant aux questions d'un groupesocial et qui serait l'expression de la lutte pour l'espace dans la scène politique.

Ceci parce que, selon la situation interne et externe des pays, il revêt des formesdifférentes, parfois complètement opposées.

Le romantisme n'est pas une direction dans la politique, il est plutôt, un moyen de se faire entendre, de focaliserl'attention et de gagner l'approbation publique.

Disons que dans l'expression romantisme politique, le plus important c'est le mot politique.

Ainsi, sur la scènepublique, les romantisme apparaît conditionné par l'approbation des classes privilégiées (noblesse / bourgeoisie, Eglise) qui pensent s'en servir afin d'achever leurpropre buts.

Le romantisme offre de cadre pour les vraies idéologies politiques.

Ainsi, les passions qu'il engendre ont servi de catalyseur aussi pour les conservateurs,que pour les libéraux, autant pour les « intégristes » européens que pour les nationalistes.Pour illustrer notre propos, on va suivre l'évolution du romantisme dans les mouvements sociales, économiques et politiques de la fin du XVIIIe siècle jusqu'à lamoitié du XIXe.

Ainsi, le courant commence par se constituant de façon négative, comme une réaction à la domination culturelle et politique de la France en Europeet de la fin de l'Empire napoléonien.

Il prend en substance en se définissant de façon positive, en tant qu'innovateur pour se heurter finalement des forces au pouvoiren Europe. I.

Le romantisme comme réactions divergentes à fin de l'Empire napoléonien A.

L'idée d'un nouveau Saint Empire romain germanique et le conservatisme allemand Le romantisme anglo-saxon précède celui français peut-être entre autre car il vient comme une réaction contre le classicisme latin, et ses dérives académistes, imposéici artificiellement et à l'Illuminisme comme produit de l'impérialisme français.

En Allemagne, l'humiliation de la défaite et l'occupation française oriente leromantisme vers une voie radicalement traditionaliste, même réactionnaire.

Cela se traduit par une opposition contre l'hégémonie continentale de la France et lesméfaits de la Révolution Française.

Cette position est expliquée par Edmund Burke dans « Les réflexions sur la Révolution Française » ou il critique sa violence et lapensée géométrique des rationalistes par contraste avec la sagesse ancestrale de la constitution britannique.

Ainsi, le romantisme reprend un mise beaucoup plusimportante que celle artistique, à caractère politique.

Il précède ici les guerres napoléoniennes qui ne font que le distinguer plus tard.Le romantisme fut avant tout une réaction contre l'émancipation politique et sociale issue des idées de 1789, défense des monarchies et des classes dirigeantes contrela force jugée dissolvante de l'économie moderne.

Les ouvrages de Adam Muller, de Herder, de Novalis, dans les travaux des frères Schlegel, de Brentano, des frèresGrimm réhabilitent l'idéalisme, inconscient, le pessimisme, la nostalgie pour un monde médiéval sous tutelle d'une Eglise « si bienfaisante, si proportionnelle àl'échelle humaine » quand l'Europe était un seul Etat chrétien.

On désire un retour au monde hiérarchisé, avec ses méticuleux systèmes de services et honneurs, sesdépendances de personne à personne.

Les allemands se prononcent pour une noblesse patriarcale, une paysannerie attachée au sol et une bourgeoisie fortementlimitée dans ses ambitions économiques.

Hostiles au libéralisme sous toutes ses formes, ils s'opposent au libre jeu des échanges et proclament l'inamovibilité de lapropriété foncière et la supériorité des liens corporatifs pour conférer à l'Etat la direction autoritaire de la vie économique.

Les romantiques considèrent les nouveauxcentres industriels comme des facteurs de déculturation et déchristianisation pour le prolétariat urbain qui oublie ses traditions rurales sans pour autant avoir accès àla culture de l'élite.Novalis veut la restauration d'une Europe œcuménique de l'âge d'or de la paix universelle.

Celle-ci pourrait se concrétiser sous un Etat au dessus des Etats, un ConcileEuropéen qui retraçait les frontières du Saint Empire romain germanique lequel concilierait l'unité supranationale du monde occidental avec la diversité des cultureset des régimes politiques nationales à la différence de l'universalisme uniformisateur et destructif de l'Empire napoléonien..B.

La nostalgie pour l'âge révolutionnaire De l'autre côté du Rhin, la Révolution de 1789 est un mythe pour les écrivains romantiques.

En opposition avec leur tendance nostalgique, les romantiques ont aussiun côté dynamique, ils ont la fascination de l'action spectaculaire, mettant en œuvre les foules (révoltes, insurrections, guerres).Le mythe a apporté le nécessaire idéologique à leur mouvement, c'est à dire la notion d'individu à mission providentielle.

Le Romantisme revendique la singularité etl'originalité de chaque personne.

Par ailleurs, la destinée de Napoléon Ier nourrit une mythologie de réussite et de destin exceptionnel.

Après la chute de Napoléon, iln'est plus possible pour les jeunes de cette époque de s'investir dans cette légende et il semble alors que la notion d'héroïsme soit désormais abolie.

C'est la fin d'uneépoque héroïque qui permette aux individus d'accéder rapidement au sommet de la pyramide sociale.

Par la suite des bouleversements sociaux depuis 1789, lesromantiques français n'ont plus rien en commun avec deux générations précédentes.

Ils sont marqués par un sentiment d'impuissance pour changer le cours del'histoire vue l'accélération des événements.Charles X, qui règne de 1824 à 1830, est un roi intransigeant et conservateur aux mesures trop sévères, ce qui aboutit à la Révolution de juillet suivie notamment parAlexandre Dumas et Stendhal.

Les intellectuels voient dans cette Révolution l'espoir d'une réforme libérale du régime, voire une évolution vers la République.

Maisla Révolution avorte.

C'est l'avènement de la Monarchie de juillet avec le roi Louis-Philippe ce qui est une grande déception pour la classe intellectuelle.

Sous cerégime règnent l'immobilisme social, le conservatisme politique, et un dynamisme économique favorisant la bourgeoisie.

Les hommes de Lettres condamnés àl'immobilisme social en viennent souvent à ressentir un sentiment de mélancolie, une profonde angoisse, sentiment baptisé "Mal du siècle".La ferveur catholique se répand parmi quelques romantiques en France aussi (Nodier, Chateaubriand) qui incarnent un courant à la fois novateur et contre-révolutionnaire.

Ainsi, Balzac affirme que « les royalistes sont romantiques les libéraux sont classiques ».Cependant, toute une génération de jeunes ambitieux trouve ce retour à l'Ancien Régime peu motivant et elle passe d'un extrême à l'autre.

Fin 1820, ils se réunissentde plus en plus en cénacles libéraux, prompts à se rebeller contre l'ordre établi et dénoncer l'injustice.

A cet égard, la préface du drame « Cromwell » et puis labataille lors de la représentation de « Hernani » de Hugo, marquent l'affirmation du mouvement libéral au sens social et premier de protections des libertés.

Hugoprécise « Le romantisme n'est que le libéralisme en littérature ».L'écrivain romantique a le sentiment d'être floué par l'époque qu'il traverse : une époque de désillusion marquée par les échecs comme celui de la Révolution de 1830.Ainsi, chez l'écrivain romantique, le malaise historique se transforme souvent en angoisse métaphysique. Une fois que le courrant mûri, il ne se définit plus en opposition avec ses prédécesseurs, mais positivement, pour entamer son œuvre créatrice et donner naissance àdes nouveaux concepts tels l'Etat-organisme ou pour développer l'idée de la Nation. II.

Le romantisme – initiateur et développeur des nouvelles idées A.

Un nouvel Etat selon les romantiques allemands L'idéalisation des liens affectifs qui unissent les hommes entre eux a été capitale pour la formation sociale, politique et économique des romantiques.

Ceux-cirejettent les théories du contrat social qui considère les hommes comme des abstractions.Le souci des romantiques est d'établir les règles d'une véritable symphonie humaine pour mettre en place un organisme social.

Si les Lumières voient dans l'Etat unmal nécessaire et veulent le restreindre à son rôle à des fonctions de police, le Romantisme apporte une réhabilitation de l'Etat.

Selon les romantiques le contrat estinutile car la loi est obéie dans la mesure où elle est posée par une personne aimée.

Cela renvoie à une monarchie républicaine où le roi règne avec le consentementpopulaire et qu'il est la vive représentation de leurs volontés, non pas un mandataire.Ce loyalisme dynastique est lié avec la conception organiciste de l'Etat.

Selon des écrivains tels Hegel, Schleiermacher, Schelling, l'Etat devait être comme une plantequi se développe selon ses lois propre qui échappent au législateur.

Il n'y aurait point de propriété en dehors de l'Etat car la communauté serait un makroanthorpos,dont le Tout préfigure les parties, et canalise les forces des individus vers une œuvre commune.

Entre l'homme isolé et le citoyen c'est le même rapport q'entre lamatière brute et la matière organisée.

Cette conception organique permet de justifier un système hiérarchique.Finalement, l'Etat serait plus qu'un simple concept, comme s'était l'intention illuministe, mais une Idée qui se gouverne par ses lois propres et qui a son devenirhistorique.

Et du fait que sa volonté s'érige au dessous de toute autre, cela semble un précurseur de l'idée de souveraineté nationale.. »

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