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Le sens du dénouement dans Don Juan de Molière et Don Giovanni de Da Ponte

Publié le 17/01/2022

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Le dénouement d'une pièce de théâtre se caractérise par la ou les scènes qui dénouent les différentes problématiques qui se sont formées au fil de l'oeuvre d'une manière heureuse ou non. Il s'agit ainsi de la clef final que l'auteur offre au lecteurs ou spectateurs, celle-ci donne les réponses nécessaires à l'intrigue. Il existe plusieurs sous-catégories de dénouements ayant toutes la même obligation d'être complète et d'être amenée de façon naturelle c'est-à-dire de ne pas faire intervenir de nouveaux procédés tels qu'un personnage ou une autorité. Nous pouvons donc rencontrer un dénouement résolvant l'intrigue et les différents obstacles rencontrés par les personnages, le dénouement n'ouvrant aucune perspective à l'histoire et à ses protagonistes, ou à l'inverse un final laissant transparaître et envisager un prolongement des évènements. Ainsi nous allons étudier les dénouements de deux adaptations d'une même oeuvre originale espagnole intitulée El Burlador de Sevilla y Convidado de piedra ou Le Trompeur de Séville et le Convive de pierre de Tirso de Molina dramaturge du XVIIe siècle . L'une est une pièce en cinq actes et en prose intitulée Dom Juan de Molière jouée pour la première fois le 15 février 1665 au Théâtre du Palais-Royal, la seconde en deux actes s'intitule Don Giovanni, c'est la deuxième coproduction italienne de Lorenzo Da Ponte et Mozart et la première représentation fut tenue au théâtre Nostitz de Prague le 29 octobre 1787. Ces deux oeuvres, loin d'être totalement similaires mettent en scène un libertin blasphémateur nommé Dom Juan, animé par son permanent désire de séduction et de jouissance de l'instant présent. Il courtise les femmes pour satisfaire son insatiable appétit sexuel tout en se jouant des lois divines et des fondements sociaux. Suivi de son valet nommé Sganarelle chez Molière et Loporello chez Da Ponte, il est poursuivi par Elvire (ou Donna Elvire) qui tente de le reconquérir puisqu'il la enlevé du couvent puis abandonnée, par Donna Anna et Don Ottavio dans l'oeuvre italienne puisqu'il à donner un coup fatale au père de cette dernière après avoir tenté de la posséder physiquement. Toute deux aboutissent à un dénouement fatal, dans lequel la mort du héros dénoue l'intrigue. Dans cette perspective, nous nous demanderons dans quelle mesure ces dernières scènes remplissent elles leurs fonction de scènes de dénouement ? Quels sont les éléments qui en font cependant l'originalité ?
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« B) Les paroles de la StatueDe plus, les paroles de la statue dans les deux oeuvres crée un dénouement fatal.Dans la pièce de Da Ponte, la statue avance à pas comptés : ta, ta , ta , ta ! L'instant fatidique avance à grandpas.

Leporello apeuré imite le pas de « l’homme de pierre » qui se présente à la porte de la salle à manger :« Don Giovanni, tu m' invitas A dîner : je suis venu ! ».

Sur ces mots lapidaires de la scène finale, on entend denouveau la musique funèbre de l’Ouverture.Cette inclusion impressionnante dessine l’attente du retour du Commandeur, depuis la première scène où iltomba sous l’épée de Don Juan.La statue de pierre du Commandeur est là, dressée devant lui sur un socle qui le surplombe.

Elle parle.

Elle réponden hochant la tête.Dès lors, sous la pression du mouvement musical qui s’accélère et se précipite, la tension intérieure necesse de croître.

« Change de vie ! » L’ultime supplication d’Elvire qui se veut preuve suprême deson amour, devient l’ultime injonction du Commandeur froid, dur et impassible comme la pierre.

Un corps-à-corps s’engage au rythme d’injonctions et de refus qui épuisent le délai accordé à la décision deconscience.

« C’est l’instant suprême… » « Tu n’as plus guère le temps… » «Tu n’en as plus le temps.

» Un gouffre s’ouvre alors, où Don Juan, devenu la proie des flammes,s’abîme.Dans l'oeuvre de Molière, il y a un renversement de l’invitation .C’est désormais la statue qui inviteDJ à lui donner la main.

Elle reprend le pouvoir.

Tout comme Don Giovanni, c'est elle qui prononce le verdict : « Ah, iln'est plus temps ! » dans DG et « Don Juan, l'endurcissement au péché traine une mort funeste, et les grâce du Cielque l'on renvoie ouvrent un chemin à sa foudre » dans DJ qui est un verdict divin performatif.Enfin, notons que les exécutions coïncident parfaitement avec les verdicts. C) La touche comique de SganarellePar ailleurs, la pièce de Molière se termine sur un éclat de rire.En effet, Sganaralle en évoquant ses gages : « Mes gages ! Mes gages ! Mes gages ! » est trivial et indigne de la loidivine.Cette touche comique est nécessaire pour tempérer la noirceur de la fin.Le tragique et le fantastique (surnaturel inquiétant) apparaissent uniquement à la fin mais la farce demeure grâce àces dernière paroles qui atténue le tragique.Ces paroles loufoques démystifient le décret du commandeur.II°) Un dénouement spectaculaire :A) Des personnages surnaturelsTout d'abord, des personnages surnaturelles apparaissent dans les oeuvres des deux dramaturges.Effectivement, dans le Don Juan de Molière nous sommes en présence à l'acte 5, scène 5 d'un spectre.Pour parler plus précisément, un spectre à deux visages car il est à la fois le fantôme de toutes les femmesdéshonorées et perdues par le séducteur, incarnation de la culpabilité et du ressentiment, mais aussi de la mort.Lorsqu'il entre en scène après Dom Juan ai convoqué le Ciel pour avoir la certitude que Dieu ne peut souffrir sonhypocrisie : acte V, scène 4 : « Si le Ciel me donne un avis, il faut qu'il parle un peu plus clairement, s'il veut que jel'entende ».Le spectre est une intervention divine, un envoyé du Ciel et le champs lexical religieux : « miséricorde, ciel, perte »nous le signale.

De plus, le spectre s’exprime sur un ton solennel, il s’adresse indirectement à Domjuan mais d’une manière neutre en utilisant la troisième personne du singulier : « si dom juan ne se repend »ce qui marque la distance par rapport à la situation, et prouve qu'il est bien un messager du cielIl demande à Dom Juan s'il veut se repentir, c'est-à-dire demander pardon pour ses fautes : Acte 5, scène 5 « DomJuan n'a plus qu'un moment à pouvoir profiter de la miséricorde du Ciel ; et s'il ne se repent ici, sa perte est résolue» : nous sommes en présence d'un présent de vérité générale qui manifeste un avertissement clair.Autrement dit, jusqu'au dernier instant Don Juan aurait pu bénéficier de la grâce.

Mais il entend mal les paroles duspectre, il s'attache juste à sa voix.

DJ veut voir ce qu'est le spectre, fendre les apparences et pénétrer au coeurde la vérité.

Au nom de la raison souveraine (rappelons qu'il ne croit qu'en 2 et 2 font 4), il ne pense qu'à identifierle phénomène qu'il ne comprend pas « spectre, fantôme ou diable je veux voir ce que c'est » acte 5, scène 5.Confiant dans la faculté de pénétration de ses yeux (c'est par le regard que Don Juan évalue le monde), il forcel'illusion à se dissiper ; il ne s'aperçoit pas que le spectre n'est qu'un spectre, pur effet, magie insaisissable etinaccessible par la raison.

Sganarelle plus superstitieux sait qu'il n'y a rien au delà de l'étrangeté de cette apparitionsinon la puissance divine.Sganarelle insiste donc auprès de son maître pour qu'il évite sa tragédie.

Le message du spectre est un des moyensd'accès à la voix de Dieu sous la forme d'une menace, d'une prophétie.

Le valet joue son double rôle structurel : ilintroduit du comique dans ce moment fantastique et dramatique.

Mais il est aussi impuissant dans le drame à faireentendre raison à DJ.

Mais DJ refuse.

Et Devant cette insoumission, le spectre se métamorphose comme nousl'indique la didascalie « Le spectre change de figure et représente le temps avec sa faux à la main », il devient uneallégorie de la mort : Dom Juan voit donc sa mort prochaine devant lui.

La disparition du spectre qui « s'envole dansle temps » montre que le Ciel qui voulait lui accorder son pardon s'il se repentait, l'abandonne.

Par une nouvellemétamorphose fantastique, le spectre revêt l'habit du temps.

DJ se heurte donc au temps qu'il a méprisé.

Leséducteur suit maintenant les échéances d'une vie de mortel alors qu'il s'imaginait indestructible.

Homme du présent,du plaisir le plus immédiatement ressenti, il ignore le passé (il ignore ses victimes et ne regrette rien), le futur ( il neprend pas garde à sauver son âme) mais doit maintenant honorer sa dette au temps qu'il a par trop de plaisir, usé.Le spectre annonce et fait voir à Dom Juan sa mort tout comme Elvire lors de ses avertissements répétés.

D'ailleurson peut rapprocher ce spectre d'Elvire.

En effet le spectre est une « femme voilée » (didascalie du début de lascène 5) et Dom Juan dit « Je crois connaître cette voix ».De plus nous savons qu'Elvire est à nouveau entrée au. »

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