LE STYLE ÉPIQUE DANS LES CHANSONS DE GESTE

   On a trop dit au XIXe siècle que les chansons de geste étaient l'œuvre d'une époque primitive, voire barbare, la poésie d'un peuple grossier et naïf, encore enfant. A y regarder de près, ce n'est guère l'enfance et ses maladresses que l'on surprend dans ces poèmes, mais bien l'adolescence virile et fraîche, la jeunesse avec tous ses enthousiasmes et toute sa pudeur.    Les procédés de style sont extrêmement simples.    a) Comme chez Homère, les personnages se présentent en général à nos yeux avec un trait permanent qui les caractérise : Achille, même lorsqu'il se reposait, était toujours le héros « aux pieds légers «, et Charlemagne est aussi l'empereur « à la barbe chenue «, Roland est « preux « et Olivier est « sage «. Ce style, par ailleurs, ne craint pas les répétitions et les mêmes formules reviennent volontiers :    Roland, mon compagnon, sonnez l'olifant... (p. 61).