Devoir de Philosophie

Le supplice de l'enfer : Cinquième partie, chapitre II (Germinal de Zola)

Publié le 20/11/2012

Extrait du document

germinal

Les deux phrases font prévaloir l'image dégradée de cette femme réduite à une «femelle« errante, dépouillée de son humanité. Nudité physique et dénuement moral vont de pair, au point que la déchéance d'une souillure métamorphose Catherine en un animal. Elle est «ravalée « au «trot« et au rang de l'animal, aliénée, à telle enseigne que sa souillure («boue des chemins«, «crotte«, «suie«, «croupe barbouillée«) est le signe d'une dégradation plus profonde. La chute graduelle vers le sol du corps besogneux, torturé, cassé, désarticulé et, enfin, renversé, mime symboliquement la déchéance de la créature abandonnée à son sort misérable. Traduction morale et individuelle d'une collectivité en proie à l'enfer social...

germinal

« 136 • Etude de Germinal Le travail qui s'accomplit en ce lieu ne semble pas être in­ vesti d'une autre fonction que celle d'expier une mystérieuse faute.

Lieu maudit, où l'être humain perd son humanité, réduit au rang de la bête : souillée par sa besogne dégradante, Catherine s'apparente à une «jument de fiacre ''• tout comme les houilleurs ont des« échines de singe"· Exposée au suppli­ ce infernal, Catherine perd connaissance, victime d'asphyxie.

TEXTE «N'en pouvant plus, elle éprouva un besoin d'ôter sa chemise.

Cela tournait à la torture, ce linge dont les moindres plis la coupaient, la brûlaient.

Elle résista, voulut rouler encore, fut forcée de se 5 remettre debout.

Alors, vivement, en se disant qu'elle se couvrirait au relais, elle enleva tout, la corde, la chemise, si fiévreuse, qu'elle aurait arra­ ché la peau, si elle avait pu.

Et, nue maintenant, pitoyable, ravalée au trot de la femelle quêtant sa 10 vie par la boue des chemins, elle besognait, la croupe barbouillée de suie, avec de la crotte jus­ qu'au ventre, ainsi qu'une jument de fiacre.

A quatre pattes, elle poussait.

Mais un désespoir lui vint, elle n'était pas soula- 15 gée, d'être nue.

Quoi ôter encore? Le bourdonne­ ment de ses oreilles l'assourdissait, il lui semblait sentir un étau la serrer aux tempes.

Elle tomba sur les genoux.

La lampe, calée dans le charbon de la berline, lui parut s'éteindre.

Seule, l'intention 20 d'en remonter la mèche surnageait, au milieu de ses idées confuses.

Deux fois elle voulut l'exami­ ner, et les deux fois, à mesure qu'elle la posait de­ vant elle, par terre, elle la vit pâlir, comme si elle aussi eût manqué de souffle.

Brusquement, la. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles