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Le Symbolisme

Publié le 22/02/2012

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   Le Symbolisme, en réaction contre le Parnasse, marque un retour au lyrisme et un affranchissement complet de la forme. D'abord méconnu, le Symbolisme a cependant triomphé des railleries et laissera une empreinte ineffaçable dans la poésie française.    Le Symbolisme n'est pas vraiment une école au sens d'un groupe structuré autour d'un chef ou d'une doctrine, mais une société d'amis poètes : Gustave Kahn (1859-1936), Vielé-Griffin (1864-1937),Stuart Merrill (1863-1915), René Ghil (1862-1925), Jean Moréas (1856-1910) qui publia dans le Figaro en 1886 le Manifeste du Symbolisme. Ce mouvement s'inscrivait dans la ligne de celui des Décadents animés par Jules Laforgue (1860-1887), un poète délicat et harmonieux. D'ailleurs en cette fin du xixe siècle l'imbrication des poètes, des tendances, des revues, des chapelles est telle qu'elle décourage d'avance toute tentative de classement. Aucune grande œuvre n'est strictement symboliste, mais il n'en est aucune non plus qui n'ait peu ou prou été influencée par cette tendance. On peut dire simplement que le symbolisme se rattache à Baudelaire, qu'on le retrouve chez nombre de poètes, mais que les œuvres profondément originales comme celles de Rimbaud ou de Mallarmé lui sont irréductibles.

« Émile Verhaeren (1855-1916), poète belge, a connu, comme Baudelaire et Verlaine, des crises affreuses dedépression morale (Les Débâcles), mais, plus énergique, il s'est ressaisi, et, dépassant le cadre du lyrisme individuel,a mis son talent au service de ses convictions politiques. Mort accidentellement en 1916.

Verhaeren est une personnalité puissante, éprise d'action virile : L'âpre réalité, formidable et suprême, Distille une assez rouge et tonique liqueur Pour s'en griser la tête et s'en brûlerle cœur! Il y a en lui un réaliste et un poète épique.

Dans une suite de recueils aux titres prestigieux : Les VillesTentaculaires, Les Forces Tumultueuses, La Multiple Splendeur, il a décrit la poésie de la vie sociale, glorifiantl'agitation fiévreuse des villes et les puissances dominatrices de l'existence moderne : l'or, l'industrie, la vie politique,la banque, les paquebots et les trains, l'immense activité du monde contemporain, « et le labeur des bras et l'effortdes cerveaux ». Son style est rude, tourmenté, généreux.

En des vers stridents et synthétiques, en de larges tirades inorganiséesmais véhémentes et souples, il subjugue le vocabulaire, les images, les rythmes ; peu lui importent la correctionsyntaxique ou métrique, les hiatus, l'à-peu-près des rimes : tout est sacrifié à l'expression fulgurante ou passionnéed'une image ou d'une affirmation. Madame de Noailles et le symbolisme de la nature. Anna Brancovan, comtesse de Noailles (1876-1933), roumaine et hellénique de naissance, française d'éducation arenouvelé dans le Cœur Innombrable le sentiment de la nature, moins par des descriptions précises que par laferveur passionnée avec laquelle elle proclame l'immortelle jeunesse du printemps, de la végétation et des cieux.

Ellea dit le charme des jardins, l'âme des paysages, la fécondité des saisons, la lassitude des soirs, les saveurs ou lesbaumes de l'air et des plantes : Nature au cœur profond sur qui les deux reposent, Nul n'aura comme moi si chaudement aimé La lumière des jours etla douceur des choses, L'eau luisante et la terre où la vie a germé. La forme, beaucoup moins rigide que celle des parnassiens, est plus claire que celle des symbolistes, et ses vers,des alexandrins nets et harmonieux, tout en acceptant les facilités de la poétique nouvelle, gardent pourtant uneallure très classique. D'autres poètes, en réalité continuateurs du Parnasse, ont seulement profité des licences de la versificationsymboliste pour traiter des sujets helléniques ou des tableaux : Albert Samain (1859-1900) et Rodenbach (1855-1898), dans un genre plus élégiaque, Henri de Régnier (1864-1936), Fernand Gregh, et Pierre de Nolhac dans ungenre plus strictement plastique. Arthur Rimbaud, chantre du Bateau Ivre est le poète des vertiges de l'esprit, des débâcles psychiques, leconquistador « d'incroyables Florides ». La vie tragique et vagabonde de Rimbaud (1854-1891) est un extraordinaire roman : insurgé de la Commune,compagnon de débauche de Verlaine, navigateur en Indonésie, il refait son existence sous les traits d'un aventuriercolonial en Abyssinie ; sa carrière poétique s'enclôt dans l'espace de quelques années d'adolescence : 1871- 1874. Rimbaud a d'abord été un poète symboliste, versificateur habile, ayant le don de dégager d'une description familièreun sentiment étrange ou mélancolique (Les Chercheuses de Poux), mais la marque essentielle de son génie estd'avoir voulu recomposer, hors du monde réel qui se disloque devant ses yeux, un nouvel univers. Comme Mallarmé, il cherche à remplacer les moyens ordinaires d'expression ; il prête aux voyelles des sonorités etdes couleurs (« A noir, E blanc, I rouge...

») ; il expérimente des transpositions verbales ou visuelles, non parfantaisie, mais dans l'espoir de mettre au jour une langue nouvelle, inouïe, appropriée à des spectacles insoupçonnésou à des acquisitions spirituelles inédites.

Sa poésie, comme sa vie d'ailleurs, est une fugue, une évasion, tour àtour douloureuse, éblouie, chimérique ; il est l'explorateur de l'irréel.

Son poème du Bateau ivre figure bien ce «décrochage » qui l'entraîne dans un univers fantastique : Les Fleuves m'ont laissé descendre où je voulais... Et dès lors, je me suis baigné dans le poème De la mer, infusé d'astres et latescent... J'ai heurté, savez-vous? d'incroyables Florides! Le livre Une Saison en Enfer renferme en prose la confession de ses angoisses et de ses affres : « J'ai songé àrechercher la clef du festin ancien ».

Nous y voyons que le drame intérieur de Rimbaud se situe sur le plan. »

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