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Le Tartuffe de Molière: Une métaphore de l'illusion théâtrale

Publié le 22/02/2012

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Le mentir vrai. Il ne faut tout de même pas oublier que nous sommes au théâtre et que nous ne sommes pas, avec Molière, dans un théâtre à thèse, un théâtre didactique ou moralisant. Dans la Critique de l'Ecole des femmes, pour se défendre contre les pédants qui lui reprochaient d'avoir manqué aux règles, il avait répliqué : «Je voudrais bien savoir si la grande règle du théâtre n'est pas de plaire... » Il est vrai que dans son premier placet au Roi, de même que dans la préface, il définissait un peu autrement la fonction du théâtre : «Le devoir de la comédie étant de corriger les hommes en les divertissant, j'ai cru que, dans l'emploi où je me trouve, je n'avais rien de mieux à faire que d'attaquer par des peintures ridicules les vices de mon siècle... »
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« On était en pleine redondance, en plein redoublement des signes, en plein mimétisme : la réalité théâtralisée étaitappelée à se corriger, c'est-à-dire à se déthéâtraliser, à retrouver sa normalité, en contemplant au théâtre sapropre image, sa « représentation ».On comprend que les dévots aient eu le sentiment d'être trahis.

Au lieu de contribuer à l'aliénation générale, au lieud'aider à la simulation, le théâtre comique devenait un instrument de désillusion, d'assainissement.L'horreur du scandale, manifestée par Tartuffe, rejoint l'horreur du théâtre exprimée par les originaux dont, diraMolière, il n'était que la copie.

La scène de théâtre comme lieu par excellence du scandale ne pouvait qu'effrayerceux dont la réussite dépendait avant tout du secret, du silence des coulisses.La querelle de la moralité au théâtre que vont déchaîner les bons pères, toutes sectes confondues, dans l'année1666, entre les deux Tartuffes, n'a pas d'autre origine.Un exemple suffit à montrer le danger ressenti par les directeurs de conscience : qu'est-ce que la casuistique sinonun condensé de l'art du théâtre adapté aux besoins de l'Eglise ?Dans Tartuffe, la représentation théâtrale ne représentait plus une fiction divertissante, elle représentait lareprésentation qui se donnait dans la vie.La différence entre le théâtre sur la scène et le théâtre dans la vie était dans la vérité, dans la sincérité.

Ladifférence était dans ce qu'un des grands hommes de théâtre de notre temps, Charles Dullin, a appelé « latransposition ». Dans ses notes sur le théâtre, il écrit :« Ce que nous voulons c'est l'autre vie, la plus grande, la plus riche, la plus noble, en un mot, la plus amusante etpour cela à quoi devons-nous forcément avoir recours? A LA TRANSPOSITION.[...] Les grands comiques sont en général dans la vie des tristes, des amers.

Pourquoi? Je ne puis prendre sur moide le dire, mais c'est un fait que les plus grands bouffons ont illustré.

Si ce sont des observateurs profonds de lanature humaine, quoi d'étonnant à ce qu'ils en arrivent à la cruauté et à l'amertume? Dans l'ensemble, l'humanitén'est pas belle.

Et comment ces grands comiques ne seraient-ils pas vulnérables, puisqu'ils sont, de par leur natureet les nécessités de leur art, des sincères.Le secret du comique est dans la sincérité.

[...] Molière était un être désabusé.

Avant lui, le plus grand arlequin dela commedia dell'arte était neurasthénique.

»(Dullin, 21, p.

210)Un pamphlet dirigé contre Molière par ses ennemis l'avait portraituré méchamment sous les traits d'« Elomirhypocondre».

L'hypocondrie des grands comiques est très compréhensible.

La désillusion mène au désenchantement,et le désenchantement mène à l'hypocondrie.La représentation ne prend son sens que dans l'interprétation, et l'interprétation est par essence infinie, elle ouvresur toutes les variations possibles.

Telle est la loi de l'imposture théâtrale.. »

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