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Le Testament d'Andromaque: Acte IV - Scène 1 ANDROMAQUE, CEPHISE

Publié le 16/02/2012

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andromaque

ANDROMAQUE

Non, non, je te défends, Céphise, de me suivre. Je confie à tes soins mon unique trésor : Si tu vivais pour moi, vis pour le fils d'Hector. De l'espoir des Troyens seule dépositaire, Songe à combien de rois tu deviens nécessaire. Veille auprès de Pyrrhus ; fais-lui garder sa foi : S'il le faut, je consens qu'on lui parle de moi. Fais-lui valoir l'hymen où je me suis rangée ; Dis-lui qu'avant ma mort je lui fus engagée, Que ses ressentiments doivent être effacés, Qu'en lui laissant mon fils, c'est l'estimer assez. Fais connaître à mon fils les héros de sa race ; Autant que tu pourras, conduis-le sur leur trace. Dis-lui par quels exploits leurs noms ont éclaté, Plutôt ce qu'ils ont fait que ce qu'ils ont été ; Parle-lui tous les jours des vertus de son père, Et quelquefois aussi parle-lui de sa mère. Mais qu'il ne songe plus, Céphise, à nous venger : Nous lui laissons un maître, il le doit ménager. Qu'il ait de ses aïeux un souvenir modeste : Il est du sang d'Hector, mais il en est le reste ; Et pour ce reste enfin j'ai moi-même, en un jour, Sacrifié mon sang, ma haine et mon amour.

Avant de prendre une résolution qu'elle ne saurait plus différer, Andro-maque s'est rendue près du cénotaphe d'Hector, élevé par ses soins à Buthrote, sur la terre d'exil. En sa détresse, la veuve douloureuse n'a voulu prendre conseil que des mânes du héros défunt. Doit-elle, une fois encore, éconduire Pyrrhus, sous prétexte de fidélité au mort ?... Ce dernier refus serait fatal au petit Astyanax,

le seul bien qui lui reste et d'Hector et de Troie :

andromaque

« gorie a part; le theatre de Racine ne nous offre aucune femme qui lui soit comparable.

L'accent general de ce passage est en complete harmonie avec les sen- timents.

Le ton est Bien celui de la « tristesse majestueuse » qui convient au personnage et aux circonstances.

Calme et ferme, simple et noble, me- lancolique sans etre larmoyant, it est d'une constante justesse, it donne l'impression d'un parfait naturel, d'une souveraine aisance. SrSr Avant d'entreprendre Vanalyse dramatique et psychologique de ce texte, it est utile de proceder a une explication litterale qui nous en facilitera la pleine intelligence.

Par soins, ii faut entendre un zele attentif et devoue.

- (Apres la chute de Troie, Cephise a lie son sort a celui d'Andromaque, n'a plus vecu que pour sa maitresse et amie.) Astyanax, « le fils d'Hector », est devenu le supreme « espoir des Troyens », vaincus, disperses ou captifs.

Qui done, sinon lui, pourra relever leur empire detruit, leur vine en mines? Or, c'est a Cephise qu'est confie ce precieux «tresor », et a elle seule.

Songe signifie : refiechis et comprends...

a combien de rois to deviens necessaire, c'est- a-dire : les ancetres de l'enfant comptent sur toi pour que vive leur unique heritier, pour que, par lui, renaisse leur gloire.

Veille aupres de Pyrrhus, pour observer ses sentiments, pour intervenir, le cas echeant, pour lui rappeler sa foi, la fidelite a l'engagement pris.

C'est ce meme mot foi qu'il emploiera au temple : «Je vous donne, a-t-il dit, ma couronne et ma foi :Andromaque, regnez sur l'Epire et sur moi. Je voue a votre fils une amitie de pere; J'en atteste les Dieux, je le jure a sa mere, Pour tous mes ennemis je declare les siens, Et je le reconnais pour le roi des Troyens.

» S'il le faut, cela signifie : si cela est absolument necessaire, si les arguments ordinaires sont insuffisants.

Je consens que.

Nous dirions aujourd'hui : je consens a ce que, mais c'est a tort, Racine emploie la vraie tournure fran- caise.

Fais-1u1 valoir : etablis a ses yeux la valeur, l'importance du sacri- fice que j'ai consenti en l'epousant, de l'hymen on je me suis rangee : du mariage auquel, (d'apres l'usage actuel, moins elegant) sous la contrainte des evenements, je me suis resignee, soumise.

Je lui fus engagee...

Engager une chose, c'est l'aliener, en ceder In possession, comme dans le mariage, l'engagement par excellence.

Le mot ressentiments n'impliquait pas alors necessairement l'idee de haine, de colere, de desir de vengance.

C'est le souvenir tantot d'un bien, taut& d'un mal vivement ressenti.

Il designe ici le souvenir penible que la mort d'Andromaque cut laisse dans le cceur de Pyrrhus.

Le vers 10 renferme une construction maintenant irreguliere.

Nous dirions : en lui laissant mon fils, je lui prouve mon estime.

L'estimer assez, c'est l'apprecier, a sa juste valeur, c'est ne pouvoir lui donner une plus haute marque d'estime.

Pyrrhus ne saurait demander davantage, car Andromaque l'honore en lui confiant son unique tresor ».

Pais connaitre, cela suppose autre chose que Penumeration des noms : le rappel de leurs vertus, de leurs exemples.

Cephise assumait la une rude tfiche, Priam, le grand-pere d'Astyanax, ayant eu 50 fils et 50 filles!...

On peut citer parmi ces hems, outre Priam et Hector : Enee, Anchise, Ilus, Tros et Dardanus... Par 9uels exploits : par quelles actions brillantes et difficiles leurs noms ont eclate :se sont couverts d'une gloire eclatante.

Comprenons bien le vers 14.

Andromaque y oppose les actes, qui dependent de l'homme, aux titres, qu'il &olive dans son berceau.

Le merite personnel passe itses yeux avant la dignite royale...

Qu'il ne songe plus it nous venger : qu'il ne nourrisse ni le clesir, ni meme la pens& de venger : Hector tile par Achille, Priam massacre par Pyrrhus, Andromaque captive, Troie incendiee.

Nous lui Caissons un maitre.

Andromaque associe tous les morts a ses paroles. Pyrrhus a sur lui les droits d'un maitre qui sera un protecteur, mais dont l'autorite sera absolue.

Il le doit menager.

Le pronom personnel comple- ment se place avant le verbe, pour ne pas separer l'infinitif de l'auxiliaire doit.

Menager, c'est se conduire avec prudence et adresse vis-a-vis de quel- qu'un.

Qu'il ait.

Ce subjonctif equivaut a : je conseille, je desire, je veux qu'il ait.

- Le mot deux designe ici tons les ancetres, tous les hems de sa gorie à part; le théâtre de Racine ne nous offre aucune femme qui lui soit comparable.

L'accent général de ce passage est en complète harmonie avec les sen­ timents.

Le ton est bien celui de la « tristesse majestueuse » qui convient au personnage et aux circonstances. Calme et ferme, simple et noble, mé­ lancolique sans être larmoyant, il est d'une constante justesse, il donne l'impression d'un parfait naturel, d'une souveraine aisance.

Avant d'entreprendre l'analyse dramatique et psychologique de ce texte, il est utile de procéder à une explication littérale qui nous en facilitera la pleine intelligence.

Par soins, il faut entendre un zèle attentif et dévoué. — (Après la chute de Troie, Céphise a lié son sort à celui d'Andromaque, n'a plus vécu que pour sa maîtresse et amie.) Astyanax, « le fils d'Hector », est devenu le suprême « espoir des Troyens », vaincus, dispersés ou captifs.

Qui donc, sinon lui, pourra relever leur empire détruit, leur ville en ruines? Or, c'est à Céphise qu'est confié ce précieux « trésor », et à elle seule.

Songe signifie : réfléchis et comprends...

à combien de rois tu deviens nécessaire, c'est- à-dire : les ancêtres de l'enfant comptent sur toi pour que vive leur unique héritier, pour que, par lui, renaisse leur gloire.

Veille auprès de Pyrrhus, pour observer ses sentiments, pour intervenir, le cas échéant, pour lui rappeler sa foi, la fidélité à l'engagement pris. C'est ce même mot foi qu'il emploiera au temple : « Je vous donne, a-t-il dit, ma couronne et ma foi : Andromaque, régnez sur l'Epire et sur moi.

Je voue à votre fils une amitié de père; J'en atteste les Dieux, je le jure à sa mère, Pour tous mes ennemis je déclare les siens, Et je le reconnais pour le roi des Troyens.

» S'il le faut, cela signifie : si cela est absolument nécessaire, si les arguments ordinaires sont insuffisants.

Je consens que.

Nous dirions aujourd'hui : je consens à ce que, mais c'est à tort, Racine emploie la vraie tournure fran­ çaise. Fais4ui valoir : établis à ses yeux la valeur, l'importance du sacri­ fice que j'ai consenti en l'épousant, de l'hymen où je me suis rangée : du mariage auquel, (d'après l'usage actuel, moins élégant) sous la contrainte des événements, je me suis résignée, soumise.

Je lui fus engagée... Engager une chose, c'est l'aliéner, en céder la possession, comme dans le mariage, l'engagement par excellence.

Le mot ressentiments n'impliquait pas alors nécessairement l'idée de haine, de colère, de désir de vengance.

C'est le souvenir tantôt d'un bien, tantôt d'un mal vivement ressenti.

Il désigne ici le souvenir pénible que la mort d'Andromaque eût laissé dans le cœur de Pyrrhus. Le vers 10 renferme une construction maintenant irrégulière.

Nous dirions : en lui laissant mon fils, je lui prouve mon estime.

L'estimer assez, c'est l'apprécier, à sa juste valeur, c'est ne pouvoir lui donner une plus haute marque d'estimé.

Pyrrhus ne saurait demander davantage, car Andromaque l'honore en lui confiant son. »

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