LE THÉÂTRE AU XVIIE SIÈCLE
Publié le 27/06/2012
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La tragédie et la comédie régulières, réclamées par la Pléiade, ne sont plus guère représentées pendant les dix dernières années du xvre siècle. Le succès va alors aux acteurs italiens amenés en France par Catherine de Médicis en 1576, les Gelosi; ils sont spécialisés dans un genre qui échappe par définition à la littérature, la commedia dell'arte où chaque acteur peut broder à sa guise en improvisant sur un canevas donné; ces canevas sont perdus; à plus forte raison l'improvisation des comédiens. Mais leur influence a été grande; ils ont mis au premier plan la mimique, contribué à faire du théâtre une sorte de jeu aux inventions de détail infiniment variées, joué entre types toujours les mêmes, Arlequin, Pulcinella, Pantalon; ils ont donné au comédien la première place, en faisant porter tout l'intérêt sur son expression et ses gestes, et surtout en faisant de lui l'auteur du texte. Cette troupe, constamment renouvelée, mais fidèle à la commedia dell'arte, reviendra s'installer définitivement à Paris en 1600, et y demeurera jusqu'à la fin du siècle. Molière, acteur avant d'être auteur, lui devra beaucoup, indirectement. Pour saisir l'évolution du théâtre écrit dans la première moitié du xvue siècle, il faut connaître les conditions matérielles dans lesquelles il s'est développé. Aucun genre littéraire n'est aussi lié aux nécessités matérielles; celles-ci expliquent bien des traits de son destin...
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128 HISTOIRE DE LA LITTÉRATURE
la farce, avec les trois célèbres comiques, Gaultier
Garguille, Turlupin et Gros-Guillaume; mais elle donne
aussi des tragédies et d'autres pièces sérieuses.
Une autre
troupe vient momentanément s'installer à l'Hôtel de
Bourgogne, où brillent Mondory
et Jodelet.
Vers 1620, une seconde salle s'ouvre à Paris, le Théâtr:; du Marais.
Les foires annuelles, le Pont Neuf, voient s'établir
les tréteaux des bateleurs et le peuple y r.ourt; Tabarin
reste le plus célèbre d'entre eux.
Molière leur empruntera
maintes inventions
et c'est auprès d'eux qu'il trouvera,
toujours vivante, la tradition de la farce.
L'art dramatique recevra une sorte de consécration
officielle avec Richelieu.
Passionné de théâtre, lui-même
dramaturge amateur,
il organise chez lui des représen
tations, puis fait ouvrir à côté du Louvre une troisième
salle, le Petit-Bourbon; il anoblit le nom de Corneille
après le succès du
Cid; il fait accorder par Louis XIII une subvention importante à la troupe de l'Hôtel de
Bourgogne; lui-même verse une retraite à l'acteur
Mondory, offre à Bellerose des costumes de
théâtre magnifiques, et prête sa maison pour le mariage de Mont
fleury; il songe peut-être à transformer les théâtres en
institutions
d'Etat; en tous cas, il édicte des ordonnances
propres à faire régner dans les salles de spectacle plus
d'ordre
et de sécurité.
Les salles -pour ne pas parler des spectacles en
plein air -sont fort rudimentaires.
Une estrade,
dont le mur de fond porte un décor qui demeurera
longtemps le décor simultané du moyen âge; un parterre
où les spectateurs restent debout
et où règne un grand
désordre; en haut, courant sur trois murs, un mince
balcon divisé en loges pourvues de sièges, où les darnes
peuvent s'installer avec quelques hommes de qualité.
Ce n'est qu'à l'occasion du succès prodigieux du Cid (1637) que l'on mettra sur la scène même de nombreux
sièges qui la rétréciront considérablement et rendront
inutiles tous décors cherchant à créer l'atmosphère.
Cette coutume durera jusqu'en 1759
et ne sera pas sans
agir profondément sur la tragédie de Corneille et de
Racine.
Réduisant dans des proportions incroyables
la surface laissée à l'évolution des acteurs, elle interdira
tout jeu de scène un peu ample et contribuera à faire
de la tragédie classique une récitation.
Le public,
d'abord presque entièrement masculin, s'accroît de.
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