Le théâtre de Calderon et le baroque européen au XVIIe siècle

« E X P 0 S É S F C H E S 1111> li -LE BAROQUE, UNE CONCEPTION DU MONDE Une nouvelle image du cosmos Le monde est pour la conscience baroque un univers mobile, instable : « Le monde n'est qu'une branloir pérenne»,« La vie est un mouvement inégal, irrégu­ lier et multiforme», écrit Montaigne.

Univers chatoyant d'apparences trompeuses, multiple, insaisissable.

En trompe-!' œil *.

Ce dernier terme désigne un procédé pic­ tural qui transpose esthétiquement une vision du monde.

La place de l'homme À cette instabilité des êtres et des choses l'homme n'échappe pas.

Vanités en peinture, vogue des tombeaux en sculpture traduisent une inquiétude profonde, un sentiment de précarité, la conscience aiguë de la fragilité et l'angoisse de la mort.

À la recherche d'un impossible point fixe (cf.

Descartes), l'homme est voué à l'errance (apparaît en littérature le picaro*), exposé aux changements brusques de condition comme les rois déchus de Shakespeare ou les héros de Calderon qui passent de la royauté à l'infamie.

lill> 111 -LE THÉÂTRE BAROQUE L'âge d'or du théâtre L'œuvre de Calderon est indissociable du grand mouvement de renaissance du théâtre qui commence à se produire à la fin du XVIe siècle et se développe dans la première moitié du XVII< siècle.

Les salles de théâtre fleurissent : la pre­ mière salle apparaît en Espagne, à Madrid, en 1568, en Angleterre en 1576.

Traits formels du théâtre baroque C'est d'abord un théâtre très libre qui n'obéit à aucune règle rigide, ignorant délibérément la règle des trois unités édictée par le classicisme français.

L'in­ trigue se déroule sur plusieurs jours, voire plusieurs années.

Les changements de lieux sont fréquents.

Les pièces mélangent les genres : tragique, dramatique, comique.

Ainsi Calderon double-t-il Sigismond d'un valet bouffon, Clarfn.

Enfin, c'est un théâtre spectaculaire qui multiplie les péripéties et les coups de théâtre.

Thèmes communs De Shakespeare à Corneille, en passant par Calderon, on retrouve quelques grands thèmes fondateurs : la puissance du paraître, qui fait du monde social et de la vie un théâtre ; la précarité des êtres et des choses emportés dans l'instabilité du cosmos; l'interrogation permanente sur l'identité; la découverte et l'expérimen­ tation d'une liberté personnelle qui se veut sans frein et se heurte au monde social et à la nature.

Conclusion : Le théâtre calderonien participe largement d'une mentalité baroque qui traverse les frontières d'ailleurs instables d'une Europe convulsée.

Avec cependant ses caractéristiques propres, liées à l'Espagne du xvne siècle: une foi dans l'existence d'un ordre divin, l'exaltation de l'honneur, valeur centrale de la société espagnole, tout un arrière-plan théologique qui fournit à ses pièces armature dramatique et personnages.

FI. »