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LE THÉATRE DE 1550 A 1600 (Littérature)

Publié le 30/05/2011

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La tragédie. Jodelle. La « Cléopâtre «.

La réforme du théâtre était l'un des articles principaux du programme de la Pléiade. Etienne Jodelle eut le mérite de composer la première tragédie et la première comédie imitées de l'antique. C'était en 1552 un jeune homme de vingt ans doué d'une facilité merveilleuse qui fit illusion. Accueilli à la cour, favorisé par la seconde Marguerite, soeur de Henri II, Jodelle a rang de poète officiel. Mais il ne sait pas diriger son talent ; il est apte à tout et ne s'arrête à rien : il se disperse. Une vanité insensée est l'un des traits de son caractère. Il disait : « Un Ronsard a le dessus d'un Jodelle le matin, l'après-dîner un Jodelle l'emportera sur Ronsard. « Cette excessive confiance en soi lui attira de graves désagréments. et le rendit ridicule. Déréglé dans sa vie comme dans son talent, il mourut à quarante et un ans (I1573), non de faim, mais de ses désordres. Il avait imputé sa détresse au roi dans un sonnet dont on a retenu ce beau vers :

Qui se sert de la lampe, au moins de l'huile y met.

« Vasti, 1589.

— Aman, 1589).

Mais tous ces noms s'effacent devant celui de Robert Garnier.Garnier (1535-1601) était un magistrat, lieutenant général à la sénéchaussée du Maine.

Il fut mêlé aux guerresciviles, et sa vie semble avoir été cruellement agitée.

Ses pièces furent-elles représentées ? Il est impossible del'affirmer, quoiqu'il semble difficile d'expliquer autrement sa persévérance dans un genre qui s'adresse au public.Nous avons de Robert Garnier huit tragédies.

Trois sont empruntées à la source latine (Porcie, Cornélie, Marc-Antoine).

Elles doivent à Lucain tout ce qu'elles ne doivent pas à Sénèque.

Trois sont imitées du grec (Hippolyte, laTroade, Antigone).

Elles ont plus de mouvement et de simplicité.

Mais Garnier a toujours été en progressant.

Sesdeux dernières pièces sont de beaucoup les meilleures.

Bradamante est une tragi-comédie, c'est-à-dire une tragédieà dénouement heureux, la première qui compte parmi les pièces curieuses auxquelles a donné lieu ce genreintermédiaire.

Le sujet est, cette fois, emprunté de l'Arioste : Garnier s'est heureusement inspiré de son modèle.

Il ya ici tout ce qu'on trouve si rarement dans le théâtre du XVIe siècle : de l'action, des scènes habilement variées, dupiquant dans les dialogues, des caractères au moins esquissés, des détails d'observation personnelle sur l'homme etsur la société.

Enfin, les Juives (1580) sont le chef-d'oeuvre de Garnier et de tout le théâtre contemporain.

Le sujetest emprunté à l'histoire religieuse.

Le pathétique de la situation, l'éclat de certains tableaux, le souffle desmorceaux lyriques, l'émotion religieuse très sincère, tout un ensemble de qualités rares fait qu'on a pu, sans tropexagérer, voir dans cette pièce un premier crayon d'Esther et d'Athalie.Robert Garnier est un écrivain.

Ronsard a loué son « parler haut ».

Le style, en effet, est chez lui excellent.

Il al'éloquence, la force, le trait : c'est le premier modèle du style qui convient à la tragédie.

Les choeurs sont d'unpoète lyrique qui a le sentiment de l'harmonie et la science du rythme.

Garnier est le véritable ancêtre de nos grandspoètes tragiques.

Si c'est Jodelle qui a tracé le cadre de la tragédie, c'est Garnier qui a montré comment on pouvaitle remplir. Montchrestien. Antoine de Montchrestien (1575-1621) appartient à la même école et conçoit la tragédie précisément de la mêmefaçon que Garnier.

Sa vie est plus dramatique que son théâtre.

Fils d'un apothicaire appelé Mauchrestien, orphelinde bonne heure, il tua en duel un gentilhomme et dut se sauver en Angleterre.

Rentré en France, il se mêle auxagitations protestantes, lève des troupes pour le compte du duc de Rohan, et meurt dans une escarmouche en1621.Il a composé sept pièces, dont deux seulement sont empruntées à l'antiquité : la Carthaginoise (Sophonisbe) et lesLacènes ; trois à l'histoire religieuse : Aman, David, Suzanne ; une Bergerie, et son chef-d'oeuvre : l'Ecossaise(11605).

Cette pièce, dédiée à Jacques Ier, a pour sujet la mort de Marie Stuart.

L'auteur a su donner à Elisabethson vrai caractère, hésitant plutôt que sanguinaire, et la montrer obéissant à la raison politique plutôt qu'à la haine.Il a mis de beaux vers dans là bouche de la reine d'Ecosse résignée à mourir. Ouvrez-vous donc, ô cieux, recevez en ce lieuUn esprit tout brûlant du désir de voir Dieu :Et vous, anges tuteurs de nos âmes fidèles,Déployez dans le vent les cerceaux de vos ailesPour recevoir la mienne en vos bras bienheureux. Montchrestien a moins de force que Garnier ; mais il a de la sensibilité, de la grâce.

Corneille et Racine avaientétudié son théâtre et s'en sont souvenus. La Comédie ; « Eugène » de Jodelle. C'est encore à Jodelle que nous sommes redevables de la première comédie.

Ainsi que l'écrit Ronsard, Jodelle le premier d'une plainte hardieFrançoysement chanta la grecque tragédiePuis, en changeant de ton, chanta devant nos roisLa jeune comédie en langage françoys. L'Eugène faisait partie de cette représentation de 1552, à laquelle assista Henri II.

Mais c'est ici que la Renaissanceinnove le moins.

L'Eugène n'est, au fond, qu'une farce ; la matière comique est celle qu'avait exploitée tout lemoyen âge : mauvaises moeurs d'un riche abbé, inconduite des femmes.

Comme nous l'avons dit plus haut, pour lacomédie il n'y a pas rupture avec le moyen âge : la tradition de la farce se continue à travers le XVIe siècle d'où ellepassera dans le théâtre de Molière.

La seule nouveauté est tout extérieure : la division en actes, l'emploi del'alexandrin aux premier et quatrième actes. Larrivey. Il faut passer à côté de pièces agréables : la Trésorière de Grévin (1560), la Reconnue de Belleau (1563), pourarriver à un écrivain novateur, Pierre Larrivey.

Comme beaucoup de ses contemporains, Larrivey est un personnagefait de contrastes.

Prêtre et chanoine, il mena une vie exemplaire, composa des écrits de piété très édifiants, et. »

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