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LE THÉATRE ET L'OPÉRA DE LA FONTAINE

Publié le 23/06/2011

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fontaine

Tu cours en un moment de Térence à Virgile.

Dans son Discours à Mme de la Sablière, écrit vers 1683, La Fontaine rappelle ce reproche que lui adressent ses amis, alarmés de son "inquiétude". Le nom de Térence est une allusion précise et malicieuse à un échec tout récent que notre poète vient de subir au théâtre. Le Registre de La Grange nous apprend que, du 6 au 11 mai 1683, la Comédie Française a donné, faisant suite chaque fois à une tragédie, quatre représentations d'une pièce intitulée Le Rendez-vous. La Grange n'en dit pas l'auteur. Mais le Registre pour les seuls comédiens du roi l'attribue formellement à La Fontaine. Ces quatre représentations lui ont valu en tout 55 livres, 10 sous. Nous ne savons rien de ce malchanceux Rendez-vous. C'est lui certainement que vise Furetière dans son Second Factum (1er janvier 1685), lorsqu'il raille son ancien ami de n'avoir pas été plus heureux au théâtre « que Boyer et Le Clerc «.

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« avec certitude).

Attaché aux Mortemart, beau-père d'une soeur de cette Manon Vanghangel qui fut la dernièrepassion, peut-être la seule profonde, d'Antoine de la Sablière, Niert a 80 ans.

Ancien musicien de Louis XIII, célèbreen son temps pour la pure simplicité de son chant, il doit voir d'un mauvais oeil la vogue de son jeune rival.

LaFontaine, qui a sur le coeur le reproche fait à sa Daphné, de n'être qu'une pastorale, critique avec entrain lesinterminables et fastueux opéras à l'italienne.

Il raille audacieusement le roi qui veut transporter sur le théâtre lafoule et le fracas de la guerre.

Il multiplie les allusions malicieuses à cette Isis qui vient de tomber. En 1682 il donne au public, avec le Quinquina, sa Daphné et deux actes d'une Galatée dont il expliquel'inachèvement par « l'inconstance et l'inquiétude qui me sont, dit-il, si naturelles ».

Dans le même avertissement,reprenant les idées de l'épître à de Niert, il précise qu'il ne s'agit pas là d'un opéra avec les accompagnementsordinaires : « Je n'ai eu pour but que de m'exercer en ce genre de comédie ou de tragédie mêlé de chansons qui medonnait alors du plaisir.

» Nul indice sur l'époque à laquelle se rapporte cet « alors ».Galatée est d'une aimable venue.

Inspirée comme elle d'Ovide, il faut bien convenir que Daphné est décourageante.Dans Le Florentin La Fontaine se plaint de n'avoir pu traiter son sujet à sa guise.

Lulli aurait exigé « du doux, dutendre », Petits mots, jargons d'amourettesConfits au miel ; bref il m'enquinauda.je n'épargnai ni soins ni peines. Il y paraît.

Un prologue ambitieux et décevant nous transporte dans l'Olympe.

Après le déluge Jupiter ordonne àProméthée de repeupler le monde ; Minerve, Vénus et l'Amour, qui allaient se quereller, s'accordent pour parer detous les dons le futur Louis XIV.

La touchante légende s'étire péniblement en cinq actes.

Daphné, la chasseressed'Ovide, chaste émule de Diane, repousse bien ici le dieu, mais soupire pour le pâle Leucippe.

Momus accompagneApollon, déguisé comme lui en mortel, et s'efforce d'égayer les scènes qui languissent en y mêlant quelquesplaisanteries de peu de verve.

Nous assistons à un mariage rustique sans rapport avec l'action.

Apollon tue un ours.Ismèle, la vieille sibylle, rend ses oracles dans un antre broussailleux et se livre à des « contorsions étranges ».Diane change Daphné en laurier et Leucippe en rocher.

Mais l'Amour survient aussitôt.

Daphné divinisée suit Apollonsur le Parnasse, sans plus se soucier de Leucippe et de son rocher.Nous avons cité plus haut des stances ravissantes de Momus ; on en trouverait d'autres assez délicates ; maisl'erreur est évidente.

La Fontaine ne l'a jamais reconnue.

Il avait l'obstination des âmes douces.

Par l'entremise deFiesque, il se réconciliera avec Lulli et dédiera au roi, en son nom, Amadis et Roland, deux opéras de Quinault.

A 70ans, il rimera une Astrée pour le gendre du Florentin, Colasse.

Elle n'aura que six représentations et inspirera forcecouplets aux chansonniers satiriques.

Hugo ne devait pas être plus heureux avec Esmeralda.L'insistance de La Fontaine s'explique sans doute par le sentiment profond qu'il avait de ce que des « accordstouchants » et le charme d'une belle voix peuvent ajouter à la poésie.

« Moi qui aime extrêmement la musique »,dit-il dans la préface de Psyché, et la musique figure dans l'hymne à la Volupté parmi les plaisirs de la vie.

L'épître àde Niert prouve de reste combien il était sensible au chant.

Et puis il aimait, sans doute, la vie du théâtre,l'atmosphère des coulisses, la société des comédiens et des comédiennes.

Nous avons deux lettres de lui, trèsfamilières, adressées à la Champmeslé entre 1675 et 1680.

La liberté des moeurs comiques s'accordait à quelques-unes au moins des tendances de son âme inquiète.. »

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