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LECONTE DE LISLE ET LA NATURE

Publié le 28/06/2011

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de lisle

Leconte de Lisle a passé en France plus de soixante années de sa vie. De trois à dix ans, il a habité, avec sa famille, la ville de Nantes. Les premiers paysages qui se sont peints dans ses yeux d'enfant et dont il a pu garder quelque chose de mieux qu'une impression confuse, ce sont les riantes campagnes de la vallée de la Loire, les vastes prairies que bornent des coteaux mollement abaissés, que baigne un grand fleuve largement épandu dans son lit doré, étreignant, de ses bras où se reflète un ciel d'un bleu adouci, des îles verdoyantes. A dix ans, il est retourné à Bourbon ; mais, vers dix-neuf ans, il est revenu en Europe. Il a séjourné en Bretagne. Il n'a pas seulement vécu dans les villes, à Rennes ou à Dinan ; il a parcouru le pays à pied, à plusieurs reprises, une fois au moins en compagnie de peintres, de gens qui étaient venus pour voir et qui savaient voir. Il a erré, nous dit-on, au clair de lune sur la lande de Carnac ; il a failli s'enliser dans les grèves du Mont-Saint-Michel ; il a vu la grande houle de l'Atlantique déferler sur les rochers du Raz ou de Penmarch. 

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« cueillent les violettes et défleurissent les églantiers; où, les soirs d'été, des amoureux, « les doigts rougis du sangdes mûres », se penchent sur un étang solitaire pour voir se refléter dans l'eau noire Le trésor ruisselant des perles de la nuit. La matinée de printemps que nous décrit la pièce intitulée Juin, avec son « frais soleil » et son « odeur d'herbe verteet mouillée », a bien le charme d'un matin de France, et les « bœufs blancs » que Midi nous montre Bavant avec lenteur sur leurs fanons épais, ont tout l'air d'avoir été vus dans quelque pâturage du Berry ou du Bourbonnais.

Mais, ces exceptions une foisfaites, il n'y a rien dans l'œuvre descriptive de Leconte de Lisle qui vienne proprement de chez nous.

La nature qu'ila connue, qu'il a aimée, qu'il a dépeinte, c'est la nature de son pays natal, celle au milieu de laquelle il a passé lesannées décisives de l'adolescence.

La nature de l'île Bourbon, « cette ardente, féconde et magnifique nature qui —comme il disait lui-même — ne s'oublie pas », ou, pour parler plus largement, la nature tropicale a fait de lui unpaysagiste, a fait de lui un animalier, a déterminé enfin sa conception personnelle des rapports de l'homme avec lapuissance mystérieuse qui se manifeste à nous par la beauté de l'univers. II Bourbon, nous le savons déjà, demeura dans la mémoire de Leconte de Lisle comme une sorte de paradis terrestre,« un beau pays tout rempli de fleurs, de lumière et d'azur ».

Ce n'est pas que l île n'eût ses aspects désolés etsauvages : sommets couverts de neiges éternelles, ravines encombrées de rochers gigantesques, mornes dévastéspar les laves, savanes brûlées par le soleil.

Ce séjour enchanteur était ravagé de temps à autre par un de cesépouvantables cataclysmes dont les habitants des régions tempérées ont peine à se faire une idée.

Quelquesstances, parmi les plus sombres que le poète ait écrites, évoquent le souvenir, persistant après de longues années,d'un raz de marée dont il avait dû, là-bas, être le témoin : Le vent hurleur rompait en convulsives massesEt sur les pics aigus éventrait les ténèbres,Ivre, emportant par bonds dans les lames voracesLes bandes de taureaux aux beuglements funèbres.Semblable à quelque monstre énorme, épileptiqueDont le poil se hérisse et dont la bave fume,La montagne, debout dans le ciel frénétique,Geignait affreusement, le ventre blanc d'écume . Mais ces spectacles lugubres ne sont pas ceux sur lesquels il aimait à arrêter sa pensée.

Lorsque, dans sonquatrième sur la cour, rue Cassette, ou dans son modeste cinquième du boulevard des Invalides, il fermait les yeuxaux réalités médiocres de sa vie quotidienne et laissait se lever en lui les images du passé, ce qu'il revoyait,c'étaient les paysages éclatants qui avaient ébloui sa jeunesse : l'aube dardant ses flèches d'or sur la mer sereine,la montagne nageant dans l'air avec ses verts coteaux, ses cônes d'azur et ses forêts mouvantes, Et l'île rougissante et lasse du sommeil,Chantant et souriant aux baisers du soleil ; ou bien la lumière s'éveillant à l'orient du monde, s'épanouissant en gerbes de flammes, inondant l'espace, bleuissantle ciel et la mer et teignant de rose le Piton des Neiges, le seigneur géant des grandes eaux, le vieux pic Qui dresse, dédaigneux du fardeau des années,Hors du gouffre natal ses parois décharnées . Mais, de ces sites merveilleux, ceux qu'il évoquait le plus volontiers, c'étaient, comme il est naturel, les sites parmilesquels son adolescence s'était déroulée : les deux ravines, la ravine du Bernica et la ravine de Saint-Gilles, quibornaient de part et d'autre le domaine familial, et, au versant des collines, sous son toit aux « bardeaux rouxjaspés de mousses d'or », au pied de la forêt, parmi let, plantations verdoyantes, l'habitation paternelle. Sous les lilas géants où vibrent les abeilles,. »

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