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LECONTE DE LISLE : Midi. (Poèmes antiques.) - commentaire

Publié le 07/02/2016

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de lisle

Charles-Marie LECONTE DE LISLE (1818-1894)

Recueil : Poésies diverses


Midi

Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d'argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L'air flamboie et brûle sans haleine ;
La Terre est assoupie en sa robe de feu.

L'étendue est immense, et les champs n'ont point d'ombre,
Et la source est tarie où buvaient les troupeaux ;
La lointaine forêt, dont la lisière est sombre,
Dort là-bas, immobile, en un pesant repos.

Seuls, les grands blés mûris, tels qu'une mer dorée,
Se déroulent au loin, dédaigneux du sommeil ;
Pacifiques enfants de la Terre sacrée,
Ils épuisent sans peur la coupe du Soleil.

Parfois, comme un soupir de leur âme brûlante,
Du sein des épis lourds qui murmurent entre eux,
Une ondulation majestueuse et lente
S'éveille, et va mourir à l'horizon poudreux.

Non loin, quelques boeufs blancs, couchés parmi les herbes,
Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais,
Et suivent de leurs yeux languissants et superbes
Le songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais.

Homme, si, le coeur plein de joie ou d'amertume,
Tu passais vers midi dans les champs radieux,
Fuis ! la Nature est vide et le Soleil consume :
Rien n'est vivant ici, rien n'est triste ou joyeux.

Mais si, désabusé des larmes et du rire,
Altéré de l'oubli de ce monde agité,
Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire,
Goûter une suprême et morne volupté,

Viens ! Le Soleil te parle en paroles sublimes ;
Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin ;
Et retourne à pas lents vers les cités infimes,
Le coeur trempé sept fois dans le Néant divin.

b) Les trois strophes suivantes décrivent les blés et les prés. Même impression de lourdeur et d’accablement, un peu atténuée cependant : quelque chose bouge, quelque chose vit, mais d’une vie combien élémentaire, comme engourdie et inconsciente. Le mouvement qui abaisse et relève parfois les épis semble sortir d’eux-mêmes, comme un soupir de leur âme brûlante, Quant aux bœufs, leur attitude placide, nonchalante et quelque peu dédaigneuse complète merveilleusement le tableau. Ce songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais et qui n’est que l’enregistrement à demi-conscient de vagues sensations est bien la seule « pensée » que permet cette nature accablante, mortelle à toute réflexion.

de lisle

« 216 TEXTES COMMENTÉS ET COMPAHCS Non loin, quelques boeufs blancs, couchés parmi les herbes, Bavent avec lenteur sur leurs fanons épais, Et suivent de leurs yeux languissants et superbes Lé songe intérieur qu'ils n'achèvent jamais.

Homme, si le coeur plein de joie ou d'amertume Tu passais vers midi dans les champs radieux, Fuis! la nature est vide et le soleil consume Rien n'est vivant ici, rien n'est triste ou joyeux.

Mais si, désabusé des larmes et du rire, Altéré de l'oubli de ce monde agité, Tu veux, ne sachant plus pardonner ou maudire, Goûter une suprême et morne volupté, Viens! Le soleil te parle en paroles sublimes; Dans sa flamme implacable absorbe-toi sans fin; Et retourne à pas lents vers les cités infimes, Le coeur trempé sept fois dans le néant divin.

(Poèmes antiques.) Midi parut dans les Poèmes antiques en 1853.

C'est peut-être la pièce la plus célèbre de Leconte de Lisle.

Elle est doublement intéressante, et comme tableau et comme pensée.

11110 permet d'étudier l'art du grand poète descripf et son attitude philo- sophique.

I.

Composition deux parties.

1.

Le tableau (5 strophes).

C'est la peinture d'un paysage de chez nous, à l'heure de midi, mais par une de ces chaudes journées d'été où l'on étouffe sous un soleil de plomb.

s) Les deux premières strophes traduisent admirablement cette impression d'accablement.

Tous les mots sont à souligner, parce qu'ils expriment tous des sensations exactes, et les sen- sations qui accaparent d'abord l'attention.

En tête du morceau, Midi, personnifié t c'est un dieu ou un roi, qui éblouit, partout présent, et écrase de sa puissance.

- Tombe en nappes d'argent,. »

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