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L'écriture ou la vie de Korge Senprum

Publié le 29/11/2012

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« Hans était un personnage de fiction « : Hans dans L’écriture ou la vie (1994) On entre ici dans un espace où la critique, par manque de données objectives (les brouillons, s’ils étaient disponibles, pourraient dans une certaine mesure informer la réflexion ; mais dans l’absolu c’est le vécu de l’auteur qui constitue la référence ultime et inaccessible) n’a guère moyen de progresser – où dans le roman le lecteur d’ordinaire s’abandonne, par nécessité, au pouvoir de l’auteur, se réservant de juger l’œuvre dans sa cohérence autonome. En temps normal, on ne sait pas ce qui est inventé, et dans une certaine mesure, peu importe. Aussi une valeur exceptionnelle s’attache-t-elle à un passage de L’écriture ou la vie (1994) où Semprun déclare avoir inventé un personnage, Hans Freiberg, qui apparaissait d’abord dans Le grand voyage (1963), puis dans L’évanouissement (1967). On ne préjugera pas de la vérité de cette déclaration, qui demeure secondaire et hors d’atteinte. En revanche, la relation que Semprun établit entre ces trois livres, entre les trois app...

« copain juif.

J'en avais eu dans ma vie de cette époque-là, je voulais en avoir aussi dans ce roman.

D'ailleurs, les raisons de cette invention de Hans, mon copain juif de fiction qui incarnait mes copains juifs réels, sont suggérées dans L'évanouissement.

(EV54).' Ainsi, dans L'écriture ou la vie, une distinction est établie explicitement entre le personnage réel, celui qui était là pour de vrai, et le personnage de fiction qui, pour une série de raisons spécifiques, est venu le remplacer dans L'évanouissement.

Cette explication justifie, selon le narrateur, d'avoir écrit la scène une seconde fois : 'pour rectifier la première version de cette histoire, qui n'était pas tout à fait véridique.

C'est-à-dire, tout est vrai dans cette histoire, y compris dans sa première version, celle de L'évanouissement.

La rivière est vraie, Semur-en-Auxois n'est pas une ville que j'aie inventé, l'Allemand a bien chanté La Paloma, nous l'avons bien abattu.

(EV53)' Tout est donc vrai, à l'exception de l'identité du personnage qui accompagne le narrateur : cela suffit à rendre la première version de l'histoire « pas tout à fait véridique ».

Pourtant, une page et demi plus loin, les statuts respectifs de Julien et de Hans maintenant clarifiés, le narrateur conclut : « Voilà la vérité rétablie : la vérité totale de ce récit qui était déjà véridique. » (EV55) Si la distinction entre vrai (qui a tous les attributs de la vérité)et véridique (qui a le caractère de la vérité sans en avoir tous les attributs) ne pose pas de problème, Semprun semble hésiter quant au statut de sa première version.

La « vérité totale » du récit était en effet affectée par la substitution des personnages : mais enfin ce récit était-il « déjà véridique » ou « pas tout à fait ? » Si l'invention de Hans était significative, avait du sens par rapport à la situation historique et au propos du récit (sens dont je parlerai dans un instant), en quoi n'est-elle d'abord « pas tout à fait véridique » (EV53), puis « déjà véridique » (EV55) ? Entre temps, le narrateur a expliqué le statut de Hans, mais il a aussi parlé de Julien : 'Julien était mon copain de randonnée dans les maquis de la région, où nous distribuions les armes parachutées pour le compte de « Jean-Marie Action », le réseau d'Henri Frager pour lequel je travaillais.

Julien conduisait les tractions avant et les motocyclettes à tombeau ouvert sur les routes de l'Yonne et de la Côté d'Or, et c'était une joie de partager avec lui l'émotion des courses nocturnes.

Avec Julien, on faisait tourner en. »

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