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Publié le 16/05/2015

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Introduction En 1866, Paul Verlaine participe à une revue littéraire, le parnasse contemporain, et publie son premier recueil, poèmes saturniens, placé sous l'influence de saturne, planète de la mélancolie (le dire absolument à l'oral). « Mon rêve familier, sonnet situé dans la première partie du recueil intitulée « Melancholia », décrit vaguement une femme rêvée, seule capable d'apaiser les souffrances du poète. Nous analyserons ici l'ambiguïté de ce rêve étrange et le charme exercé par ce sonnet. En effet, si la femme du rêve semble apparemment idéale, la musicalité du sonnet, aux effets de reprises et d'échos obsédants, et parfois dérangeants, laisse entendre une profonde mélancolie. I. La femme aimée: une créature de rêve? a. Une femme protectrice La femme rêvée est un être unique. Verlaine insiste sur son caractère exceptionnel par l'anaphore « Pour elle seule » (v. 6 et 7), reprise au vers 8 par «Elle seule». À cette femme inconnue ne correspond aucune image précise, aucune description physique, même la couleur de ses cheveux demeure indéterminée («Est-elle brune, blonde ou rousse? -- Je l'ignore», v. 9).?En revanche, quelques caractéristiques morales lui sont attribuées pour former un portrait élogieux. Elle apparaît comme une femme protectrice et le poète semble en sécurité avec elle: «Elle [...] m'aime et me comprend» (v. 4). L'adjectif «transparent» est particulièrement mis en valeur, isolé par le contre-rejet à la fin du vers 5, et souligne l'abandon total du poète à la femme rêvée. La certitude qu'éprouve le poète d'un amour réciproque et complice la rend rassurante: c'est l'impression que donnent la symétrie du second hémistiche au vers 2 (« et que j'aime et qui m'aime ») et l'intimité suggérée par le balancement rythmique au vers 4 (« et m'aime et me comprend »), repris au vers suivant. Enfin, la métaphore du second quatrain, qui associe les larmes fraîches de l'inconnue au soulagement du poète enfiévré, fait d'elle une femme consolatrice et maternelle. b. Une femme insaisissable La femme rêvée est bizarrement « inconnue » (v. 2), privée d'identit&e...
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« Le rêveur s’adonne à un travail de réminiscence.

Dans les tercets, il semble procéder méthodiquement, comme pour forcer le souvenir.

Il s’interroge successivement sur la couleur des cheveux (v.

9), sur le nom (v.

10), le regard et la voix (v.

12-14).

Les questions rhétoriques ne permettent cependant pas au rêveur de retrouver l’identité de la femme vue en rêve.

En effet, toutes les perceptions visuelles s’avèrent être de fausses pistes et rendent stérile la quête du poète.

Ce dernier semble en fait bien plus sensible aux sons et aux sonorités qu’aux images.

Il se souvient que le nom de la femme, quoique indiscernable, est « doux et sonore » (v.

10).

Mais c’est surtout sa voix qu’il parvient à caractériser par trois adjectifs: «lointaine, et calme, et grave» (v.

13).

Enfin, chacun de ces deux souvenirs auditifs donne lieu à une amplification et à un enjambement (v.

10-11 et v.

13-14).

Les vers 11 et 14 font tous deux référence à l’absence à travers les images de l’exil et du silence.

Ils contribuent à accentuer l’ambiguïté de ce rêve, d’autant que l’adjectif «grave» (v.

13), attribué à la voix féminine, est polysémique: il peut s’agir d’un timbre de voix bas, mais aussi d’un ton solennel. II.

La musique du poème: entre harmonie et désaccords a .

Une invocation envoûtante L’harmonie des sonorités est sensible dès le premier vers («Je f ai s souvent ce r ê ve étrange et p é n é trant») qui repose sur les assonances en [ã] et en [e].

Dans son poème, Verlaine suit le schéma rimique d’un sonnet classique: les rimes embrassées du premier quatrain se retrouvent donc dans le second.

Mais la cohérence sonore est renforcée par la rime interne du vers 5 («car elle me comprend, et mon cœur transparent»).

La reprise de «me comprend» du vers 4 au vers 5 contribue d’ailleurs à suggérer le caractère obsédant du rêve. De plus, les structures binaires des locutions négatives («ni tout à fait la même / Ni tout à fait une autre », v.

3-4), le parallélisme placé en fin de vers (« et que j’aime et qui m’aime » / « et m’aime et me comprend », v.

2 et 4) et l’anaphore des vers 6 et 7 créent dans les quatrains un rythme régulier et balancé, un peu comme dans une chanson douce.

Cette harmonie musicale varie dans les tercets pour céder à un rythme ternaire.

Les expansions du nom, par exemple, fonctionnent par trois dans les vers 9 à 11. b.

Un poème construit sur des dissonances Certaines désarticulations syntaxiques et rythmiques montrent que si Verlaine a choisi la forme traditionnelle du sonnet, il la modernise résolument.

On trouve ainsi : — des coupes en milieu de vers avec une virgule inhabituelle avant la conjonction de coordination «et» (v.

2 et 4); — la répétition peu élégante de la conjonction de coordination «et»: au vers 5 où la conjonction surgit brusquement sans proposer de véritable lien, et trois fois au vers 13, donnant ainsi un côté hoquetant à la phrase ;. »

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