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Lecture analytique : « Des Cannibales » (extraits), Les Essais, Montaigne

Publié le 27/06/2012

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A la fin d'un XIVe siècle mouvementé, Montaigne se retire dans sa bibliothèque, où les lectures alimentent sa réflexion personnelle sur tous les domaines. Les Essais sont le fruit de ses lectures d'auteurs antiques et contemporaines et de cette longue réflexion de Montaigne centrée sur la question majeure : que sais-je ?

Ce texte, extrait du chapitre 31 des Essais de Montaigne, intitulé « Des Cannibales «, s'inscrit dans le contexte des grands voyages et des grandes découvertes qui marquent le XIVe siècle. La découverte du « Nouveau Monde « invite à s'interroger sur le rapport à l'Autre, venant d'une contrée jusque-là inconnue, possédant une culture différente. Ainsi, dans le premier livre des Essais, paru en 1850 (première édition), l'auteur s'interroge sur le regard que l'Europe porte sur les indigènes du Nouveau Monde, souvent qualifiés de « sauvages « ou de « barbares «. Sans avoir voyagé mais instruit par son secrétaire qui, lui, avait participé à une expédition vers ces nouvelles terres, et par ses lectures, Montaigne remet en cause cette vision commune européenne concernant les peuples du Nouveau Monde. Quels sont les arguments avancé par Montaigne pour remettre en cause cette vision ? Dans une première partie nous analyserons la façon dont Montaigne invite ses lecteurs à remettre en cause la  vision des européens sur les peuples du Nouveau Monde. Dans une seconde partie, analyserons la dimension vigoureuse qui est perceptible dans ce texte et nous validerons ou rejetterons le point de vue de Montaigne.

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« Ensuite, Montaigne expose sa thèse, la développe et en démontre sa validité. Les conceptions et valeurs des occidentaux sont remises en cause dans ce texte à travers une démonstration rigoureuse qui suit une organisation argumentative classique.

Montaigne expose sa thèse dans le trois premières phrases du texte.

Il l'expose à la suite du premier paragraphe et en démontre sa validité dans le second paragraphe. Montaigne adopte ici une démarche polémique : il expose sa thèse, puis en démontre la validité. L'affirmation de la subjectivité n'exclut pas la fermeté du ton.

Montaigne adopte le ton de la certitude.

Les procédés d'insistance soulignent la certitude de l'auteur : « comme de vrai » ; « à la vérité » ; « toujours ».

Montaigne utilise également volontiers l'emphase, grâce à des tours présentatifs, un lexique généralisant, des adverbes et tours intensifs, l'emploi du rythme ternaire : « Là est toujours la parfaite religion, la parfaite police, parfait accompli usage de toute chose » et l'emploi du rythme binaire qui renforce l'antithèse : « Ils sont sauvages de même que nous appelons sauvages les fruits que nature de soi et de son progrès ordinaire a produits ». L'ensemble de ces procédés met en valeur le propos de Montaigne, renforce la force de conviction de sa pensée.

Dans son texte, Montaigne s'appuie ainsi sur toutes les ressources de l'argumentation, il cherche autant à convaincre que persuader.

En s'appuyant sur la confrontation pour remettre en cause les conceptions et valeur des européens, Montaigne donne d'emblée à son propos un ton de certitude, ce qui est renforcé par la force de conviction qu'il met en œuvre et les procédés d'insistance sur lesquels il s'appuie.

Ce registre est également assuré par une certaine virulence lexicale.

La phrase « Là est toujours la parfaite religion, la parfaire police, le parfait et accompli usage de toutes choses » exprime la pensée de Montaigne face aux européens.

A l'aide de cette phrase, il tente de faire comprendre aux lecteurs que tout ce que font et possède les européens est synonyme de bienfaisance d'après ces derniers.

Ils pensent que ceux qui agissent différemment sont des sauvages et se considèrent comme des modèles sur Terre.

Cette réflexion permet à Montaigne d'affirmer sa position.

On pourrait reformuler sa thèse de manière suivant : le terme de « sauvage » ne convient pas aux peuples qui différent de nous, mais à ceux que nous avons privés de leurs vertus naturelles et corrompus par désir de leur imposer nos goûts.

Ainsi dans ce texte, non seulement Montaigne remet en cause la vision portée par les européens sur les peuples du Nouveau Monde mais il va jusqu'à mettre en valeur le mode de vie de ces peuples en réfutant la supériorité de la culture sur l'état de la nature.

Ce texte se présente donc comme une interpellation et une remise en cause totale des valeurs européennes de l'époque.

D'autres auteurs s'inscriront dans ce sillon à travers les siècles, tels que Rousseau qui sera à l'origine environ deux siècles plus tard du « mythe du bon sauvage » ou encore Lévi- Strauss qui, deux siècles encore plus tard, au XXe siècle, développe la pensée ethnologique en récusant définitivement l’ethnocentrisme européen.. »

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