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Lecture analytique : « Les effarés », Arthur Rimbaud

Publié le 27/01/2012

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1. Noirs dans la neige et dans la brume,

2. Au grand soupirail qui s'allume,

3. ! Leurs culs en rond,

4. À genoux, cinq petits, - misère ! -

5. Regardent le boulanger faire

6. ! Le lourd pain blond…

7. Ils voient le fort bras blanc qui tourne

8. La pâte grise, et qui l'enfourne

9. ! Dans un trou clair.

10. Ils écoutent le bon pain cuire.

11. Le boulanger au gras sourire

12. ! Chante un vieil air.

13. Ils sont blottis, par un ne bouge,

14. Au souffle du soupirail rouge,

15. ! Chaud comme un sein.

16. Et quand pendant que minuit sonne,

17. Façonné, pétillant et jaune,

18. ! On sort le pain ;

19. Quand, sous les poutres enfumées,

20. Chantent les croûtes parfumées,

21. ! Et les grillons ;

22. Quand ce trou chaud souffle la vie ;

23. Ils ont leur âme si ravie

24. ! Sous leurs haillons,

25. Ils se ressentent si bien vivre,

26. Les pauvres petits plein de givre,

27. ! - Qu'ils sont là, tous,

28. Collant leur petits museaux roses

29. Au grillage, chantant des choses,

30. ! Entre les trous,

31. Mais bien bas, - comme une prière…

32. Repliés vers cette lumière

33. Du ciel rouvert,

34. - Si fort, qu'ils crèvent leur culotte,

35. - Et que leur lange blanc tremblote

36. ! Au vent d'hiver

Forme : douze tercets isométriques composé à chaque fois de deux octosyllabes et d'un tétrasyllabe.

Rimes : deux rimes plates et une rime embrassée qui va rimer avec la rime orpheline de la strophe suivante.

Introduction

Parmi les poèmes de l'ensemble nommé Les Cahiers de Douai, « Les effarés « est l'un des rares poèmes que Rimbaud conserva et envoya par la suite à Verlaine. C'est par ailleurs un poème auquel Rimbaud fait allusion dans un autre texte qui s'intitule « Les pauvres à l'église «, ce qui laisse supposer un attachement particulier du poète à ce texte.

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