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lecture linéaire rimbaud - Le Forgeron

Publié le 17/01/2024

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« COMMENTAIRE EN 2h Vous ferez le commentaire littéraire (=composé) de cet extrait. Rimbaud s'inspire ici d'un épisode de la Révolution française qui s'est déroulé le 20 juin 1792 : le peuple envahit le palais des Tuileries où réside le roi, et un boucher, nommé Legendre, adresse un discours plein de reproches à Louis XVI.

Les insurgés obligent ensuite le roi à se coiffer du bonnet phrygien, symbole de la Révolution. Le Forgeron Palais des Tuileries, vers le 10 août 17921. 1 5 10 15 20 25 1 […] Puis il le2 prend au bras, arrache le velours Des rideaux, et lui montre en bas les larges cours Où fourmille, où fourmille, où se lève la foule, La foule épouvantable avec des bruits de houle3, Hurlant comme une chienne, hurlant comme une mer, Avec ses bâtons forts et ses piques de fer, Ses clameurs , ses grands cris de halles et de bouges4, Tas sombre de haillons taché de bonnets rouges ! L'Homme5, par la fenêtre ouverte, montre tout Au Roi pâle , suant qui chancelle6 debout, Malade à regarder cela ! « C'est la Crapule, Sire.

Ça bave aux murs, ça roule , ça pullule ... - Puisqu'ils ne mangent pas, Sire, ce sont les gueux7 ! Je suis un forgeron : ma femme est avec eux, Folle ! Elle vient chercher du pain aux Tuileries8 ! - On ne veut pas de nous dans les boulangeries. J'ai trois petits.

Je suis crapule.

- Je connais Des vieilles qui s'en vont pleurant sous leurs bonnets Parce qu'on leur a pris leur garçon ou leur fille : C'est la crapule.

- Un homme était à la bastille9, D'autres étaient forçats10, c'étaient des citoyens Honnêtes.

Libérés, ils sont comme des chiens : On les insulte ! Alors, ils ont là quelque chose Qui leur fait mal, allez ! C'est terrible, et c'est cause Que se sentant brisés, que, se sentant damnés, Ils viennent maintenant hurler sous votre nez ! » Autre épisode important de la Révolution française : le peuple attaque le palais des Tuileries ainsi que l'Assemblée, ce qui marque la fin définitive de la monarchie absolue.

Rimbaud semble mélanger les deux dates. 2 Le pronom « il » renvoie au Forgeron, le pronom « le » au roi. 3 La houle désigne le mouvement de la mer, en particulier quand elle est déchaînée. 4 Les halles désignent les marchés, les bouges sont des cafés sales et mal fréquentés. 5 Le Forgeron 6 Qui vacille, menace de tomber 7 Le mot a deux sens : 1.

Celui, celle qui est réduit(e) par la plus extrême pauvreté à mendier pour subsister.

2.

Personne de mauvaise apparence, à la conduite vile, méprisable. 8 Palais des rois de France jusqu'à Louis XIV, qui fit construire le château de Versailles où résidèrent également ses successeurs, Louis XV et Louis XVI.

Louis XVI avait néanmoins été chassé du château de Versailles en 1789 et avait dû se réinstaller aux Tuileries. 9 Le mot est écrit sans majuscule dans le texte.

Une bastille désigne un fort. 10 Bagnard, prisonnier qui a été condamné aux travaux forcés. Texte n°3 : « Le Forgeron » (v.

101 à 126) [Accroche facultative] La Révolution française est un événement majeur, qui a bouleversé profondément et durablement l'histoire politique mais aussi culturelle de la France.

[Présentation générale] Pour preuve, le jeune Rimbaud s'en inspire encore près de quatre-vingts ans plus tard, quand il écrit Les Cahiers de Douai, et plus particulièrement le poème intitulé « Le Forgeron ».

[Présentation de l'extrait] Dans ce long poème constitué d'alexandrins à rimes suivies, Rimbaud fait référence à un épisode de la Révolution qui s'est déroulé le 20 juin 1792 : le peuple envahit le palais des Tuileries où réside le roi, et un boucher nommé Legendre, adresse un discours plein de reproches à Louis XVI avant de l'obliger à se coiffer du bonnet phrygien.

Rimbaud choisit de remplacer le boucher par un Forgeron, sans doute pour sa dimension symbolique, et la date par celle du 10 août 1792, qui correspond à l'attaque du palais des Tuileries et de l'Assemblée.

[Pbq] Nous nous demanderons en quoi cet épisode révolutionnaire permet à Rimbaud de critiquer les abus de pouvoir de son temps.

[Plan] Notre étude suivra les deux mouvements du texte : le premier, qui va de la ligne 1 à 11, est une description de la foule ; le second, qui va de la ligne 12 à 26, est le réquisitoire du Forgeron contre le pouvoir. I. Le spectacle de la foule (v.

1 à 11) 1) On peut d'abord remarquer que c'est le Forgeron qui domine l'entretien (v.

1 et 2) -trois verbes verbes d'action : « prend », « arrache », « montre » v.

1 et 2 → traduisent une certaine violence -il est sujet de la phrase ; le Roi, représenté par le pronom « le », n'est qu'en position de COD → inversion du rapport de force entre le roi et son sujet, entre la noblesse et le Tiers-Etat → la scène est une illustration, à travers deux personnages allégoriques, de ce qui s'est passé à la Révolution. -enjambement v.

1 -2, qui met en exergue le mot « rideaux » → le velours représente la richesse, mais le fait de les arracher rappelle le théâtre : c'est une invitation à voir le « spectacle » de la réalité. 2) On assiste ensuite à la description de la foule qui est à l'extérieur (v.

3 à 8) • Elle est présentée comme inquiétante -métaphores animales : -« fourmille » → impression de nombre + petitesse + le travail → Tiers-Etat -« comme une chienne » → sauvagerie -sensations agressives : bruit comme « ses bruits de houles », « ses clameurs », « ses grands cris » ; participe présent « hurlant » répété deux fois.

Agressivité qui se manifeste aussi visuellement par « ses bâtons forts et ses piques de fer », ainsi que ses « bonnets rouges », qui désignent les bonnets phrygiens → tous ces objets fonctionnent comme des symboles de la Révolution française (// La Liberté guidant le peuple de Delacroix) • Mais en même temps la foule est évoquée à travers un registre épique -elle est désignée par des mots singuliers collectifs : « foule », « houle », « mer », « tas sombre tâché de bonnets rouges » → le peuple forme un tout, animé d'un seul mouvement comme la mer, d'une seule couleur rouge (qui peut faire référence aux bonnets phrygiens mais aussi à la couleur du sang) -elle est évoquée de façon très rythmée grâce à plusieurs procédés : -longue phrase qui procède par accumulation de CC de lieu (« où »), de manière... -de nombreuses répétitions : anaphore v.

3, parallélisme 5, répétition du déterminant possessif « ses » -répétitions de sonorités comme le [ou] que l'on retrouve dans presque toutes les rimes : our / oul /ouge / ou/ → c'est ce qu'on appelle des rimes assonancées, interdites en poésie classique ; elles donnent ici un rythme particulier au texte ou bien.... »

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