Devoir de Philosophie

Lecture méthodique Les Châtiments, Livre VII, 9 (texte intégral).

Publié le 14/03/2015

Extrait du document

lecture

Lecture méthodique

Cette nuit, il pleuvait, la marée était haute, Un brouillard lourd et gris couvrait toute la côte, Les brisants aboyaient comme des chiens, le flot Aux pleurs du ciel profond joignait son noir sanglot,

5            L'infini secouait et mêlait dans son urne

Les sombres tournoiements de l'abîme nocturne ;

Les bouches de la nuit semblaient rugir dans l'air.

J'entendais le canon d'alarme sur la mer. Des marins en détresse appelaient à leur aide.

10    Dans l'ombre où la rafale aux rafales succède, Sans pilote, sans mât, sans ancre, sans abri, Quelque vaisseau perdu jetait son dernier cri. Je sortis. Une vieille, en passant effarée, Me dit : « Il a péri; c'est un chasse-marée. «

15         Je courus à la grève et ne vis qu'un linceul De brouillard et de nuit, et l'horreur, et moi seul ; Et la vague, dressant sa tête sur l'abîme, Comme pour éloigner un témoin de son crime, Furieuse, se mit à hurler après moi.

20         Qu'es-tu donc, Dieu jaloux, Dieu d'épreuve et d'effroi,

Dieu des écroulements, des gouffres, des orages,

Que tu n'es pas content de tant de grands naufrages,

Qu'après tant de puissants et de forts engloutis,

Il te reste du temps encore pour les petits,

25         Que sur les moindres fronts ton bras laisse sa marque, Et qu'après cette France, il te faut cette barque !

Jersey. Avril 1853.

[5/4/1853]

Les Châtiments, Livre VII, 9 (texte intégral).

INTRODUCTION Situation du poème

Ce poème en alexandrins appartient au septième et dernier livre des Châtiments, livre intitulé « Les sauveurs se sauveront «. Il se divise en trois strophes de dimensions inégales, la deuxième étant la plus importante. Le caractère central de la deuxième strophe est encore accentué par sa thématique : le « Je « du poète s'y déploie de façon privilégiée.

Ce texte fait figure d'exception dans Les Châtiments, non seu­lement parce qu'il s'agit d'un poème court (26 vers), mais aussi parce qu'il se détourne de la satire agressive, pour évoquer un épisode de la vie quotidienne du poète exilé à Jersey. Ce poème de l'intimité apporte cependant sa pierre à l'édifice satirique.

Axes de lecture

 

La première lecture met en évidence le caractère essentiel­lement narratif du poème. Comme dans un journal intime, Hugo consigne un événement marquant de la nuit qu'il vient de vivre : un naufrage, auquel il a assisté en spectateur impuissant. Un autre axe de lecture consiste à observer comment Hugo pallie cette impuissance en faisant de la poésie une arme contre le mal.

lecture

« --·INTRODUCTION Situation du poème Ce poème en alexandrins appartient au septième et dernier livre des Châtiments, livre intitulé« Les sauveurs se sauveront».

Il se divise en trois strophes de dimensions inégales, la deuxième étant la plus importante.

Le caractère central de la deuxième strophe est encore accentué par sa thématique : le « Je » du poète s'y déploie de façon privilégiée.

Ce texte fait figure d'exception dans Les Châtiments, non seu­ lement parce qu'il s'agit d'un poème court (26 vers).

mais aussi parce qu'il se détourne de la satire agressive, pour évoquer un épisode de la vie quotidienne du poète exilé à Jersey.

Ce poème de l'intimité apporte cependant sa pierre à l'édifice satirique.

Axes de lecture La première lecture met en évidence le caractère essentiel­ lement narratif du poèr.1e.

Comme dans un journal intime, Hugo consigne un événement marquant de la nuit qu'il vient de vivre : un naufrage, auquel il a assisté en spectateur impuissant.

Un autre axe de lecture consiste à observer comment Hugo pallie cette impuissance en faisant de la poésie une arme contre le mal.

1.

LE RÉCIT D'UN NAUFRAGE Les deux premières strophes du poème consistent en un récit de naufrage, événement dramatique dont l'irruption est prépa­ rée par l'évocation d'un décor lugubre.

Ce récit réaliste démontre l'impuissance de l'homme face au malheur.

Un décor lugubre Dans la première strophe, le ciel chargé(« brouillard lourd et gris»).

la pluie et la marée haute, associés à l'opacité de la nuit («Cette nuit» et« abîme nocturne») créent une impression d'enfermement et de pesanteur.

De plus, l'environnement sonore prend lui-même un aspect sinistre, car il est lié à l'idée de souf­ france : la douleur est animale, pour les rochers fouettés par 188. »

↓↓↓ APERÇU DU DOCUMENT ↓↓↓

Liens utiles