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Les Châtiments de HUGO, Livre VI, 9 (texte intégral). Lecture méthodique : AU PEUPLE

Publié le 14/03/2015

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hugo

Lecture méthodique

AU PEUPLE

Il te ressemble; il est terrible et pacifique.

Il est sous l'infini le niveau magnifique;

Il ale mouvement, il a l'immensité.

Apaisé d'un rayon et d'un souffle agité,

5 Tantôt c'est l'harmonie et tantôt le cri rauque.  

Les monstres sont à l'aise en sa profondeur glauque;

La trombe y germe; il a des gouffres inconnus

D'où ceux qui l'ont bravé ne sont pas revenus;

Sur son énormité le colosse chavire;

o Comme toi le despote, il brise le navire;

Le fanal est sur lui comme l'esprit sur toi;

Il foudroie, il caresse, et Dieu seul sait pourquoi ;

Sa vague, où l'on entend comme des chocs d'armures,

Emplit la sombre nuit de monstrueux murmures,

15 Et l'on sent que ce flot, comme toi, gouffre humain,

Ayant rugi ce soir, dévorera demain.

Son onde est une lame aussi bien que le glaive;

Il chante un hymne immense à Vénus qui se lève;

Sa rondeur formidable, azur universel,

20 Accepte en son miroir, tous les astres du ciel; Il a la force rude et la grâce superbe; Il déracine un roc, il épargne un brin d'herbe; Il jette comme toi l'écume aux fiers sommets, Ô Peuple; seulement, lui, ne trompe jamais

25 Quand, l'oeil fixe, et debout sur sa grève sacrée, Et pensif, on attend l'heure de sa marée.

Au bord de l'Océan. Juillet 1853

[23/1/1853]

Les Châtiments, Livre VI, 9 (texte intégral).

 

En dehors des comparaisons marines, le poème contient encore trois images qui caractérisent le peuple. Celui-ci est appa­renté tour à tour à un lion, au ciel étoilé, à dieu.

 

L'image du lion apparaît brièvement. Elle sera plus longuement développée dans un autre poème des Châtiments intitulé « La caravane « (VII, 8). Dans « Au peuple «, Hugo se sert brièvement d'une métaphore'. Le peuple « ayant rugi ce soir, dévorera demain « (v. 16). Par ces termes, Hugo prête au peuple une force brute, animale, mais loyale et juste.

Au moment où Hugo écrit, la situation politique a de quoi le rendre amer. Napoléon III n'est plus seulement l'homme du coup d'État. Il a, au fil du temps, acquis un pouvoir légitime. Lors du plébiscite du 20 décembre 18511, les Français lui ont très large­ment exprimé leur soutien. Ils ont officiellement reconnu son autorité. Quand, le 7 novembre 1852, le Sénat a proposé le réta­blissement de l'Empire, un second plébiscite a été organisé (le 21 novembre). Il a assuré une nouvelle fois le futur Napoléon III du soutien des Français. Hugo aurait souhaité que le peuple résiste davantage.

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Ces deux textes sont centrés sur le même thème.

Hugo se demande pourquoi les Français se sont résignés si vite au coup d'État, pourquoi ils se sont ralliés au nouveau régime.

Dans le premier de ces poèmes (c'est-à-dire au livre Il), Hugo choisit le reproche dimct.

Il demande au peuple: « Pourquoi dors­ tu dans les ténèbres? » La seconde fois -c'est-à-dire dans ce texte-, il procède de manière indirecte.

C'est à partir d'une longue comparaison entre le peuple et la mer qu'il fait honte aux Français de leur passivité.

Axes de lecture L'intérêt de ce texte tient à l'originalité du parallèle qu'il établit entre le peuple et l'océan.

Ce rapprochement n'est pas seule­ ment un exercice de virtuosité poétique.

Il permet à l'auteur d'engager une méditation politique.

1.

UNE COMPARAISON SAISISSANTE Certains poèmes multiplient les images.

Ce texte, lui, repose essentiellement sur urie comparaison que l'auteur annonce, puis développe longuement.

Cette présentation progressive ménage cependant quelques effets de surprise et d'ambigu'1'té.

Les termes de la comparaison Le premier terme de la comparaison, le peuple, est représenté par le pronom de la seconde personne du singulier(« te», v.

1; «toi», v.

10, 11, 15, 2:3).

À quoi renvoient ces pronoms ?L'auteur le dit à deux reprises.

D'abord dans le titre, en forme de dédi­ cace, « Au peuple » Puis au vers 24, dans l'apostrophe « ô peuple», qui rappelle à qui s'adresse le poète.

Le second terme de la comparaison, l'océan, est désigné par la troisième personne du singulier.

Le pronom « il » revient très "162. »

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