Lecture méthodique NOX Les Châtiments, Nox, VIII (v. 391 à 414). Hugo
Publié le 14/03/2015
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Lecture méthodique
NOX
Quand nous tiendrons ce traître, abject, frissonnant, Affirmons le progrès dans le châtiment même; [blême, La honte, et non la mort. — Peuples, couvrons d'oubli L'affreux passé des rois, pour toujours aboli,
5 Supplices, couperets, billots, gibets, tortures ! Hâtons l'heure promise aux nations futures Où, calme et souriant aux bons, même aux ingrats, La Concorde, serrant les hommes dans ses bras, Penchera sur nous tous sa tête vénérable !
io Oh ! qu'il ne soit pas dit que, pour ce misérable,
Le monde en son chemin sublime a reculé !
Que Jésus et Voltaire auront en vain parlé !
Qu'il n'est pas vrai qu'après tant d'effort et de peine,
Notre époque ait enfin sacré la vie humaine,
15 Hélas ! et qu'il suffit d'un moment indigné
Pour perdre le trésor par les siècles gagné !
On peut être sévère et de sang économe.
Oh ! qu'il ne soit pas dit qu'à cause de cet homme
La guillotine au noir panier, qu'avec dégoût
20 Février avait prise et jetée à l'égout,
S'est réveillée avec les bourreaux dans leurs bouges,
A ressaisi sa hache entre ses deux bras rouges,
Et, dressant son poteau dans les tombes scellé,
Sinistre, a reparu sous le ciel étoilé !
Jersey. Novembre 1852.
[16-22/11/1852]
Les Châtiments, Nox, VIII (v. 391 à 414).

«
--·INTRODUCTION
Situation du passage
Le recueil des Châtiments commence par un long poème inti
tulé« Nox »dans lequel Hugo reproche à Napoléon Ill la manière
dont il a pris le pouvoir.
Ce poème se compose de neuf parties.
Dans la sixième partie, le poète n'hésite pas à traiter Napoléon
Ill d'« assassin».
Puis, dans la huitième partie, il évoque le temps
« où se réveillera la grande nation », c'est-à-dire le moment où la
liberté reviendra en France.
Quel sort faudra-t-il alors réserver à
Napoléon Ill? Hugo répond ici à cette question en s'opposant
vigoureusement à
la peine de mort.
À ses yeux, la « honte »
(v.
3) sera le châtiment le plus adapté à l'empereur déchu.
Axes de lecture
Hugo ouvre ici le vaste débat sur la peine de mort à laquelle,
au moment où fut écrit ce texte, l'État français venait de renon
cer.
La peine capitale avait en effet été abolie par le gouverne
ment
provisoire, le 26 février 1848.
Le poète fait d'ailleurs allu
sion à cette mesure en évoquant la guillotine que « Février avait
prise et jetée à l'égout» (v.
19-20).
Mais en dehors de cette
phrase, Hugo ne pose pas le problème de la peine de mort sous
l'angle de l'actualité.
li l'envisage au contraire au nom d'une
conception
générale cle l'histoire et du progrès.
Le texte repose sur une argumentation solide.
Mais il s'adresse
aussi à l'imagination et à la sensibilité du lecteur.
1.
L'ART D'ARGUMENTER
Les trois arguments
Le débat est présenté de manière claire.
Hugo nous place à
l'instant où se posera le problème du jugement(« quand nous
tiendrons ce traître», v.
1 ).
Il développe ensuite trois arguments
auxquels il consacre un nombre de vers très inégal.
-Le premier argument est présenté au vers 2 : « Affirmons le
progrès dans le châtiment même ».
Pour Hugo, l'humanité avance
peu à peu vers le pro~irès.
Elle apprend au fil des siècles à res
pecter la vie.
Le reno1cement à la peine de mort s'inscrit par
110.
»
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