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Lectures méthodiques Extrait : Nox (6)

Publié le 16/03/2015

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Le poème « Nox «, au seuil des Châtiments, apparaît comme une introduc­tion exhaustive du recueil et remet en cause les fondements politiques et moraux du Second Empire. Dans le passage à commenter, Louis Bona­parte, qui a organisé le coup d'État et ordonné de faire feu sur la population parisienne pour réussir plus sûrement sa condamnable entreprise, se rend maintenant à Notre-Dame pour s'assurer de la bienveillance divine et légi­timer sa tuerie ; ce même événement est à nouveau évoqué au sein même des Châtiments (Livre I, 6 : « Le Te Deum du ler Janvier «). Après avoir rendu compte de la structure du texte, on étudiera les procédés de la satire ainsi que l'ironie à l'oeuvre dans cette présentation du tyran.

« L E C T U R E S MÉTHODIQUES Les procédés de la satire Tout d'abord le poète utilise le décor de la cathédrale pour peindre une entrée solennelle ; on y remarque la sollicitation de !'odorat et de !'ouïe, appuyée par des allitérations expressives (v.

2-3) ; de même la description hyperbolique de l'arche­ vêque ( « de gloire rayonnant ») contribue à la solennité du décor.

Toutefois cet ap­ parat a été déployé non pour un grand homme mais pour quelqu'un dont le nom ne s'inscrit jamais dans le poème, sinon de façon négative:« cet homme», «cet in­ fâme» (v.

8), qui explicite la condamnation du poète; enfin est aussi utilisé le pro­ nom représentant « il » qui rend ce personnage anonyme et évite de le nommer.

D'autres procédés comme l'alliance de la sauvagerie et du geste distingué font de Louis Napoléon un être monstrueux : « Comme un loup qui se lèche après qu'il vient de mordre,/ Caressant sa moustache» (v.

9-10) ; ailleurs l'image hyper­ bolique du Mal dénonce l'hypocrisie de celui qui se tire des larmes à force de componction ( « on vit luire une larme » ).

Les nuances de l'ironie Il existe divers dispositifs ironiques comme le procédé traditionnel d'anti­ phrase utilisé dans le discours du tyran qui dit avoir« sauvé» l'ordre, la famille et la religion alors qu'il les a bafouées précisément par son coup d'État.

Un autre dis­ positif ironique est celui qui joue sur des oppositions de registres entre les termes, comme par exemple « chape » et « suaire », placés aux extrémités du vers 5 qui renvoient à deux réalités opposées (apparat glorieux/mort), ou qui rapproche deux notions antithétiques comme au vers 8 dans lequel « l'infâme » « apporte à Dieu son attentat».

On peut voir aussi un trait ironique dans le renversement d'une vé­ rité générale par un argument en situation : « Jésus avait été cloué pour qu'il restât» (en effet, en présence de« cet homme», Jésus serait parti).

Enfin, on trouve l'exemple plus rare d'un dispositif ironique qui joue avec le genre lyrique : on voit d'abord comment Hugo utilise le haut style, celui du ly­ risme qui permet au poète de s'adresser au cosmos(« Abîmes ...

Cieux ...

Vents ...

ô souffles de l'aurore ...

») avec tout un ensemble de procédés rhétoriques (vocatif, invocation, exclamations, références antiques ou évangéliques ...

) pour brusque­ ment neutraliser, à la chute, le ton lyrique par une alternative qui vise la dérision amère(« Dites si l'assassin dépasse l'histrion», v.

20).

Conclusion.

Ici le mélange des tons et une maîtrise des différents types de texte permettent au poète de dénoncer efficacement le tyran hypocrite, à la fois « histrion » et « assassin ».

Extrait 2 Chanson (Livre 1, 10) - Il s'agit du premier poème intitulé« Chanson »qui apparaît dans le re­ cueil ; on sait en effet que les chansons sont très présentes dans Les Châti­ ments, comme si ce genre populaire était une des expressions privilégiées pour mieux se faire entendre du peuple plongé dans la torpeur depuis le coup d'État de Louis Napoléon Bonaparte.

Cette chanson offre le spectacle de l'orgie qui accompagne l'installation de l'Empire et qui tente de faire oublier les crimes commis.. »

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