l'education sentimentale
Publié le 09/11/2012
Extrait du document
«
II.
Une révolution ratée
1.
Une ambiance de fête
Tout d ’ abord, Fred choisit une activité de loisir : « il l ’ emmena dîner ».
Ce qui prouve
que le peuple n ’ est pas du tout acquis à la révolution.
De surcroit, on note des mots qui
s ’ apparentent à la fête : « lanternes », « guirlandes » etc.
Le peuple s ’ extériorise,
enthousiasme, joie, ce qui est contraire à l ’ atmosphère d ’ une révolution.
En outre, on note que
c ’ est extrêmement lumineux : « une clarté comme en plein jour ».
Enfin contrairement au
registre épique ou les actions sont ordonnées, ici la révolution est totalement incohérente et
donne l ’ image du K.O comme on le voit grâce à l ’ expression « fourmillements confus ».
2.
Un épisode dérisoire
Le narrateur refuse de créditer l'Histoire de ses privilèges traditionnels : l'insurrection
devient donc un épisode dérisoire de l'absurde comédie humaine.
L'événement historique est
donc lié au pessimisme et à la déception de Flaubert : Frédéric n'y comprend rien et le jeu sur
sa focalisation nous conduit à désensibiliser l'insurrection.
Les allusions nombreuses à ses manifestations de joie voire d'humour en sont le
témoignage : « Frédéric blaguait, était très gai » « faisait rire ».
Il n'a pas conscience de ce qui
se passe et ni de la portée de ces événements.
La description à la troisième personne et la
perception subjective engendrent donc que la réalité est déformée par une conscience qui lui
superpose ses attentes.
Les événements traduisent la vision fluctuante, fragmentaire du héros
et ses hésitations incessantes.
L'Histoire est en quelque sorte niée par l'auteur car des
métaphores récusent en même temps l'insurrection et ses acteurs : « fourmillement confus »
« foule trop compacte » « brouhaha ».
Enfin, on ne peut pas dire que la Révolution soit
décrite : des ellipses narratives nous indiquent que la fusillade n'est pas décrite par exemple et
le choix du point de vue des personnages ne nous permet pas d'avoir une vue réelle de ce qui
s'est passé.
Conclusion :
Ainsi, cet extrait de L ’ éducation sentimental e est bien représentatif de l'œuvre dans la
mesure où le personnage y révèle sa passivité face à un événement historique.
Antihéros,
Frédéric rate un double rendez-vous : celui avec Marie Arnoux et celui avec l'Histoire .
On peut donc dire qu'il s'agit d'une double profanation : d'une part, une révolution tourne en
fête puis en fusillade pour mieux être oubliée par le narrateur, d'autre part, un lieu d'amour est
profané puisque Frédéric y emmène une autre que Marie et lui ment.
En cela aussi Frédéric
échoue ; il trahit l'amour sincère de Rosanette.
Cet extrait, comme l'ensemble du roman,
traduit le pessimisme de Flaubert : l'antiroman déconstruit à la fois l'Histoire et le
héros.
Remarque
La Révolution de 1848 a balayé en trois jours le régime : le 22 février a lieu une
manifestation contre l'annulation du banquet (les rassemblements publics sont interdits,
l'opposition donc organise des repas où les partisans peuvent débattre), le 23 des
manifestations anti-Guizot débouchèrent sur une fusillade, le 24, Louis - Philippe s ’ exile en
Angleterre et abdique..
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