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LES AUBES DE MON ENFANCE DE COLETTE (commentaire de Sido)

Publié le 10/02/2012

Extrait du document

... J'aimais tant l'aube, déjà, que ma mère me l'aceordait en récompense. J'obtenais qu'elle m'éveillât à trois heures et demie, et je m'en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraichères qui se réfugiaient dans le pli étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues. A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d'abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps... J'allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers. C'est sur ce chemin, c'est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d'un état de grâce indicible et de ma. connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le solell encore ovale, déformé par son éclosion (...) Je revenais à la cloche de la première messe. Mais pas avant d'avoir mangé mon saoul, pas avant d'avoir dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goflté l'eau de deux sources perdues, que je révérais. L'une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, et traçait elle-même son lit sableux. Elle se décourageait aussitôt née et replongeait sous la terre. L'autre source, presque invisible, froissait l'herbe comme un serpent, s'étalait secrète au centre d'un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence. La première avait goflt de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de Jacinthe... Rien qu'à parler d'elles je souhaite que leur saveur m'empllsse la bouche au moment de tout finir, et que j'emporte, avec moi, cette gorgée imaginaire...

COLETTE (Sido).

Faites le commentaire composé du texte suivant en vous efforçant en particulier d'étudier jusqu'où va la sensibilité de Colette, et comment son génie poétique transfigure le réel....

• Colette = «Reine de la Terre« (Vrilles de la vigne).

• C'est sa mère, Sido, qui lui a fait :

- Voir, entendre, comprendre les forces de la vie

- «écouter tout ce qui, dans la nature, frémit et bruit« ...

(Sido).

• Ici, page extraite de la 1re partie de Sido, une des plus belles oeuvres de l'abondante production de Colette, un «éblouissant chef-d'oeuvre«.

• « Sido ou Les Points Cardinaux«, méditation poétique; chant d'amour en l'honneur de sa mère et retour mélancolique et joyeux à la fois vers son enfance paysanne.

« demie, et je m'en allais, un panier vide à chaque bras, vers des terres maraichères qui se réfugiaient dans le pU étroit de la rivière, vers les fraises, les cassis et les groseilles barbues.

A trois heures et demie, tout dormait dans un bleu originel, humide et confus, et quand je descendais le chemin de sable, le brouillard retenu par son poids baignait d'abord mes jambes, puis mon petit torse bien fait, atteignait mes lèvres, mes oreilles et mes narines plus sensibles que tout le reste de mon corps...

J'allais seule, ce pays mal pensant était sans dangers.

C'est sur ce chemin, c'est à cette heure que je prenais conscience de mon prix, d'un état de gdce indicible et de ma.

connivence avec le premier souffle accouru, le premier oiseau, le solell encore ovale, déformé par son éclosion( ••• ) Je revenais à la cloche de la première messe.

Mais pas avant d'avoir mangé mon saoul, pas avant d'avoir dans les bois, décrit un grand circuit de chien qui chasse seul, et goflté l'eau de deux sources perdues, que je révérais.

L'une se haussait hors de la terre par une convulsion cristalline, une sorte de sanglot, et traçait elle-même son Ut sableux.

Elle se découra­ geait aussitôt née et replongeait sous la terre.

L'autre source, presque invisible, froissait l'herbe comme un serpent, s'étalait secrète au centre d'un pré où des narcisses, fleuris en ronde, attestaient seuls sa présence.

La première avait goflt de feuille de chêne, la seconde de fer et de tige de Jacinthe ••• Rien qu'à parler d'elles je souhaite que leur saveur m'empllsse la bouche au moment de tout finir, et que j'emporte, avec mol, cette gorgée imaginaire ••• COLETTE (Sido).

Faites le commentaire composé du texte suivant en vous efforçant en particulier d'étudier jusqu'où va la sensibilité de Colette, et comment son génie poétique transfigure le réel.

Introduction • Colette = «Reine de la Terre» (Vrilles de la vigne).. »

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