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Les « Cannibales » de Montaigne et les « Anthropophages » de Voltaire

Publié le 02/08/2014

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Les « Cannibales « de Montaigne et les « Anthropophages « de Voltaire

 

Si au XVI' siècle, à propos du Nouveau Monde et du statut des « sauvages «, les réflexions de Montaigne apparaissent isolées, il n'en va plus de même au XVIII' siècle où le savoir se rationalise et où se dégage une curiosité ethnologique. On comparera ici l'article « Anthropophages du Dictionnaire philosophique de Voltaire (1764, éd. Garnier-Flammarion, p. 41-43) avec les deux Essais (I, 31 ; III, 6) de Montaigne se rapportant au Nouveau Monde.

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« mort, un sens esthétique raffiné (1, 31, p.313 : III, 6, pp.169-170) et un raisonne­ ment qui ne manquait pas de logique ( 1, 31, p.314 ; III, 6 p.172).

La dénoncjat~~ de la guerre et d~-~E~!~~~ Pour Voltaire, le cannibalisme se présente plus comme un prétexte qui vise à dénoncer l'absurdité de la guerre (que Montaigne tend à considérer comme une épreuve héroïque et aristocratique) et les pratiques irrationnelles et superstitieuses qui entourent la religion (attaques contre les sacrifices dans la religion juive).

On sait que guerres de conquête et justifications religieuses ont en effet légitimé les tragédies du Nouveau Monde.

En tout cas, Montaigne fait du colonialisme une cible plus précise.

La représentation de l'histoire À travers les Cannibales, Montaigne valorise le passé et voit en eux les repré­ sentants d'un âge d'or que l'on a détruit; le relativisme de Voltaire cherche à tirer du passé une leçon de tolérance et de confiance dans la raison, face à tous les fanatismes qui peuvent menacer le présent.

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Ill -L'IRONIE CHEZ MONTAIGNE ET VOLTAIRE L'ironie sous-jacente chez Montaigne Le renversement, chez Montaigne, du Cannibale en « bon sauvage » relève d'une profondeur ironique qui fait regretter que le Nouveau Monde n'ait pas été fécondé par lambition conquérante des Grecs ou des Romains (1, 31, p.

304 ; à quoi répond, dans la chute de l'essai, l'ironie de surface, p.

314 : « Mais quoi, ils ne portent point de hauts-de-chausse ! » ).

L'ironie avérée chez Voltaire Elle possède un rôle d'agrément et d'attaque ; procédés repérables : rappro­ chements d'éléments discordants (abstrait et concret:« peuple si pieux qui adorait des crocodiles et des oignons») ; politesse et sauvagerie (discours rapporté de la femme indigène) et subversion du raisonnement logique (« s'il était permis de manger ses voisins, on mangerait bientôt ses compatriotes » ).

L'essai et le dictionnaire Chez Voltaire, l'article du dictionnaire tend vers l'essai: alternance entre consi­ dérations (historiques) générales et anecdotes (la chandelière de Dublin) ; une sub­ jectivité du ton mais aussi du détachement ironique -tandis que chez Montaigne on sent s'exprimer la révolte et le scandale.

Caractéristique commune aux deux auteurs : la mobilité, la vivacité, dont lemblème pourrait être la couleuvre évoquée dans la chanson des Cannibales (1, 31, p.

313).

Conclusion : Montaigne, comme Voltaire, tente de comprendre le canni­ balisme en tenant compte de la relativité des mœurs.

Leurs objectifs sont distincts : Montaigne vise le colonialisme, Voltaire se contente de mener une critique générale contre la guerre, facteur de déséquilibre et de désordre.

Les deux auteurs ont recours à l'ironie pour rendre insuppor­ tables à la raison l'horreur et la terreur.. »

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