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« Les classiques font des livres qu'on peut lire avec plusieurs clefs. » Expliquer. Commenter.

Publié le 20/02/2011

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• Un sujet de baccalauréat définissait, il y a quelques années, l'oeuvre classique : « toute œuvre littéraire des siècles passés qu'on lit ou interprète encore de nos jours. « • Elle implique donc une notion de durée, d'universalité,... • ... non d'engouement éphémère, lié trop directement aux modes — elles-mêmes besoins — d'une époque. • Or cette universalité est-elle permanence ou adaptation? • Toute oeuvre — même classique — ne prend-elle pas ses racines dans son auteur et son époque ? • N'est-elle pas aussi cependant vie sans cesse remodelée ?

« • Une oeuvre vivante est donc une oeuvre d'une richesse sans cesse renouvelée.• Si les changements de comportements, les croyances, les conditions de vie, les formes d'art, l'ordre trouventtoujours en l'oeuvre support et moyen d'expression ...• ...

si l'oeuvre se prête à ces transformations, ces adaptations, ces évolutions, et garde sa force decommunication, c'est qu'elle est oeuvre classique.• Elle devient un texte exemplaire où l'on peut toujours puiser réflexion et admiration.• Car, même si elle subit des périodes d'oubli, une oeuvre vraiment classique renaît toujours : Les Mystères duMoyen Âge redécouverts à l'époque romantique ; les poètes de la Pléiade, honnis au xvlie siècle, remis en honneurpar Sainte-Beuve dans la première moitié du XIXe siècle et complètement appréciés à leur juste valeur, enfin, grâceà P.

de Nolhac, etc.

au début du xxe siècle...• ou autre exemple : Baudelaire, Stendhal à peine reconnus par un petit nombre de leurs contemporains, maissachant que, étant en avance sur leur siècle, ils seraient goûtés « quatre-vingts ans après [leur] mort » (Stendhal).• Autre preuve de cette richesse d'une oeuvre classique, c'est qu'elle ouvre la voie à des types dont la valeuruniverselle sert de référence au point que personnage donc nom propre dans l'oeuvre d'origine, il devient nomcommun valable à toute époque ; Harpagon devenu « un » harpagon, synonyme d'un avare ; Gavroche devenu « un» gavroche, modèle du titi parisien, gamin des rues, cabochard au grand coeur.• Une oeuvre classique est ainsi « une pièce d'or dont on n'a jamais fini de rendre la monnaie ».

(L.

Jouvet).• Car elle devient le tronc d'où partent toutes les branches aux nuances et relativités diverses et va jusqu'àengendrer des mythes : ceux d'Oedipe, d'Antigone nous viennent des grandes tragédies de Sophocle (Ve siècle av.J.-C.).• Or chaque époque donne au mythe la direction qui lui correspond, l'ouvrant donc avec la « clef » qui lui convient.• Ainsi la postérité met tantôt l'accent sur la piété d'Antigone, tantôt sur sa révolte.• Même richesse d'interprétations pour Faust, Prométhée, Oedipe...

Comparons entre autres Œdipe Roi de Sophocleà La Machine infernale de J.

Cocteau ou le Tristan médiéval et le Tristan wagnérien.• Que de voies diverses se trouvent ouvertes, avec des « clefs » différentes, en l'oeuvre classique !• C'est Don Juan, autre exemple, qui donne le jour à deux lignées très différenciées, celle du séducteur comme leBurlador de Tirso de Molina, celle du grand pécheur frappé de repentir comme le Don Juan Mariara de Mérimée oucelui de Milosz ; celle de Molière, intermédiaire, au Don Juan, (très nuancé, peut-être bien libre penseur annonçantla philosophie les lumières.

De même on le trouve séduisant ou grandiose (Mozart ; Ch.

Baudelaire) ou au contraireparfaitement odieux (J.

Anouilh).• L'oeuvre classique porte en elle une éternelle jeunesse en même temps qu'elle est commune à tous.• Sa forme même atteint parfois de tels sommets qu'ils lui évitent de vieillir car elle conserve l'unité de sa beauté.• Certes il n'existe pas de beau universel, intemporel, mais à travers des conceptions esthétiques sans cesserecomposées, les chefs-d'oeuvre gagnent en extension, exprimant par symboles, ou allégories, tout à la fois ambiguset référentiels, doués de l'ubiquité de leur dimension exceptionnelle, les vérités ou questions profondes del'humanité.

(Cf Antigone de Sophocle). Conclusion. • Donc si la beauté du texte classique se dégage du lieu ; du temps ; des intentions de son créateur...• ...

cependant « un classique » est toujours capable de modernisation et existe indépendamment des circonstanceset de son auteur. • Telle pièce de théâtre sera interprétée différemment selon que l'époque qui la relit insistera sur telle nuance dutexte originel (Tartuffe vu sous son aspect tragique par L.

Jouvet et plus fortement comique par J.

Charon, deuxgrands interprètes du XXe siècle ; et que dire, lorsqu'il s'agit de siècles différents !).• Chaque lecteur, chaque public, chaque époque prêtent à un classique des aspects qui le renouvellent...,• ...

y transposent préoccupations et modes immédiates en utilisant à leur profit les symboles, allégories, types,mythes que leur offre ce « classique », devenu classique grâce à la fois à lui-même et à eux.• Un classique n'est-ce pas un éternel « temps retrouvé » ?. »

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