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Les classiques font des livres qu’on peut lire avec plusieurs clefs. Expliquer. Commenter.

Publié le 03/11/2016

Extrait du document

Introduction.

 

Un sujet de baccalauréat définissait, il y a quelques années, l’œuvre classique : « toute œuvre littéraire des siècles passés qu’on lit ou interprète encore de nos jours. »

 

Elle implique donc une notion de durée, d’universalité,

 

... non d’engouement éphémère, lié trop directement aux modes - elles-mêmes besoins - d’une époque.

 

Or cette universalité est-elle permanence ou adaptation ?

 

Toute œuvre - même classique - ne prend-elle pas ses racines dans son auteur et son époque ?

 

N’est-elle pas aussi cependant vie sans cesse remodelée ?

 

1. L’œuvre, son auteur et son temps.

 

Toute œuvre, tout chef-d’œuvre appartiennent plus ou moins partiellement à leur créateur, à une époque, un milieu déterminés.

 

Certains de leurs éléments sont transpositions du moi de l’auteur, ou résultats des manières de vivre, des aspirations particulières :

 

- soit du milieu,

 

- soit du climat,

 

- soit des rituels ou particularismes,

 

- soit du siècle...,

Claude ROY, La main heureuse.

Telle pièce de théâtre sera interprétée différemment selon que l’époque qui la relit insistera sur telle nuance du texte originel ( Tartuffe vu sous son aspect tragique par L. Jouvet et plus fortement comique par J. Charon, deux grands interprètes du xxe siècle ; et que dire, lorsqu’il s’agit de siècles différents !).

 

Chaque lecteur, chaque public, chaque époque prêtent à un classique des aspects qui le renouvellent... ,

 

... y transposent préoccupations et

« 80 Fra nçais, préparation au bac 85 immédiat, et l'actualité d'une phrase présocratique échappée par miracle aux désastres des siècles est bien plus évidente que celle de la plupart des titres de la Huitième-Derni ère-Résultat-des­ Courses.

Partir de là pour refuser de prêter l'oreille à ceux qui nous entourent, refuser tout crédit aux vivants, simplement parce qu'ils ont le tort d'être vivants, c'est bête.

Le commerce des classiques ne me semble pas seulement compatible avec l'amitié des vivants, il me semble surtout nécessaire a l'épanouissement heureux de cel­ le-ci.

Il y a une façon très haïssable de se servir des soi-disant « leçons du passé » pour décourager d'entreprendre, et dissuader d'oser : ce ne sont pas les grands ancêtres qui ...

, ah ! si Voltaire avait vu ça ...

, etc.

On peut aller chercher dans les livres de jadis d es raisons racornies de ne pas aimer les livres et les hommes d'aujour d'hui.

Mais cela n'est ni intéressant, ni juste.

Il faut remarquer en passant que c'est toujours au nom des maîtres d'au­ trefois que les critiques à système et les censeurs à ronchonnement ont fulminé contre les Jeunes Turcs qui osaient tirer leurs vieilles barbes.

Mais le domaine classique est assez vaste pour que les Jeunes Turcs à leur tour se soient découvert le plus valablement du monde, des ancêtres et des répondants.

On cassait les oreilles aux Romantiques avec Boileau et Voltaire, ils ont répondu avec les troubadours et la Pléiade.

Le premier acte des surréalistes a été d'insulter superbement les sacro-saintes Raison .et Mesure classi­ ques, et leur second de se constituer une bibliothèque idéale, où d'Apulée aux Romantiques allemands, et d'Héraclite à Sade, ils démontraient que c'était le fonds classique qui manquait le moins à leur entreprise.

Les auteurs du passé ne nous prouvent pas que les hommes ont toujours été résignés, dociles, qu'il ne faut pas ruer dans les brancards des usages, les barreaux de cage de la société et le corral du destin.

C'est plutôt le contraire.

Il faut cracher poliment à la figure de ceux pour qui les « auteurs du programme » et d'à-côté n'ont qu'une utilité : soutenir le pro­ gramme des partis de l'ordre -l'ordre des éteignoirs.

Une chose pourrait rendre les classiques profondément embê­ tants, mortels : ce serait de les croire immortels.

Heureusement, ils ne sont pas immortels.

Chaque génération enterre des classi­ ques, en ressuscite d'autres.

Tout se passe avec eux exactement comme dans la compagnie des vivants : les gens entrent, sortent, on préfère les uns, ignore les autres, et dans chaque être, ce qui vient à la lumière bouge, change, varie.

Les bons écrivains ont ceci · de supérieur aux mauvais écrivains, qu'ils ont de la marge.

On peut les tirer à soi, à hue, à dia, les lancer avec soi dans des entreprises inattendues, au besoin les mobiliser -mais jamais on ne peut les immobiliser.

Les classiques font des livres qu'on peut lire avec plusieurs clefs, les au� font des livres à utiliser selon­ le-mode-d 'emploi.

On peut concevoir un Shakespeare catholique, protestant, J;��arxiste, existentialist e,· fascisant, démocrate, voir en lui le plus grand poète de l'amour, ou un moraliste cruel, ou ce qu'il vous.

plaira.

Ce n'est pas une aventure qui risque d'arriver. »

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