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Les Contraintes Formelles Sont-Elles Pour Le Poète Une Entrave À Une Expression Libre Et Originale ?

Publié le 08/01/2013

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Cendrars égare le lecteur qui cherche une cohésion à cet ensemble

chaotique et considère l’expression du poète comme originale et libre. Baudelaire réécrit son poème

régulier, L’invitation au Voyage en poème en prose. Il se libère des entraves des rimes et strophes, il

libère le flot de ses émotions sur le papier en phrases tournées au gré de ses envies. Après s’être

conformé aux règles strictes loue une « prose musicale sans rythme et sans rimes, assez souple et assez

heurtée pour s’adapter aux mouvements lyriques de l’âme, aux ondulations de la rêverie, aux

soubresauts de la conscience «. Il s’oppose à la forme contraignante et cette réfraction à l’ordre est

source de renouveau et de voyage pour le lecteur.

« Les contraintes rigoureuses semblent brimer l’expression des poètes mais ils sont en vérité source d’un travail sur le langage poétique. L’utilisation des formes fixes relève d’un défi de soi.

Se confronter à tant de difficultés exacerbe la plume de l’auteur qui a envi de s’engager plus loin dans la recherche de la mélodie propre au poème.

Ainsi, Baudelaire travaille la rythmique de ses vers dans « Harmonie du soir » : « Le violon frémit comme un cœur qu’on afflige ; Valse mélancolique et langoureux vertige ! » L’écrivain insuffle un mouvement fluide au poème à l’aide de nombreuses labiales, lettres coulées.

La forme du pantoum reprend le second et le dernier vers de chaque quatrain pour les placer au premier et troisième vers du quatrain suivant.

Le poème se teinte alors d’une cadence associée à celle d’une danse lente et régulière, qui reproduit parfaitement le rythme décroissant de la nature au crépuscule.

De la même façon, les poètes de l’Oulipo (Ouvroir de Littérature Potentielle) s’aventuraient dans la tâche ardue de s’astreindre à des règles qu’ils inventaient.

Perec, auteur de La Disparition réécrit le sonnet « Recueillement » de Baudelaire, dans un lipogramme en « e ».

Le poème, sans changer de sens se pare d’une atmosphère étrange, accentuée par le non respect des rimes traditionnelles attachées au sonnet. L’écrit, qui s’apparente à un exercice ouvre de nouveaux horizons qui peuvent être poussés jusqu’à la dérision de la structure du poème. De nombreux poètes s’emparent des formes pour mieux s’en affranchir.

Tristan Corbière, dans Les Amours jaunes rédige « Un sonnet avec la manière de s’en servir ».

Il y introduit le champ lexical de la guerre afin de mettre en valeur la rigueur glacée des vers, découpés sur un système métrique strict.

Il ose y poser certains calculs pour illustrer son exemple et parodie le rythme carré du poème en rédigeant ses quatrains en rimes plates et non embrasées pour y effacer tout lyrisme.

Le sens et la structure du poème s’affrontent dans une lutte où l’exercice se revêt de moquerie et d’originalité.

Dans À la louange de Laure et de Pétrarque, Paul Verlaine se rit des sonnets en démembrant leurs nombreuses règles.

Selon son opinion, le sonnet, réputé français, a été « emprunté » aux italiens, son contenu se limite à des louanges énamourées et l’apparence rigoureuse de ses strophes est une raison de vantardise pour les auteurs. Son poème, choquant au premier abord, regorge de néologismes et de mots rares.

Le vocabulaire ecclésiastique utilisé à outrance met le lecteur sur la voie de l’ironie.

Le poème devient selon la volonté de Verlaine, lourd et opaque pour qui le lit sans y percevoir la moquerie.

Mais Verlaine fait avant tout sourire du lecteur, il se plie à la contrainte pour mieux la critiquer.

La recherche du mot juste et plein, du mot percutant et rutilant justifie l’existence des formes fixes.

La complexité des règles, les obstacles des mètres et de la versification n’est qu’une étape de la quête d’un sens et d’une vérité que s’assigne le poète, comme si cette tâche ardue amplifiait la force de son message, la rendait plus vive et plus brillante.

La difficulté du sonnet réside dans la concentration de son message en quelques strophes. Ronsard exprime dans Comme on voit sur la branche… la réalité du temps qui fuit, la douleur de la mort, la mélancolie de l’absence.

Il ne dispose pour ce faire que de quatre strophes et son poème prend alors la forme d’un éloge au temps passé, de la beauté que se fane.

Dans la tradition poétique de la femme- fleur, Ronsard déplore cette fois-ci son côté éphémère.

La ballade, à l’inverse, se présente sous la forme d’un poème composé de trois strophe dont le nombre de vers est égal au nombre de syllabes compris dans chaque vers suivies d’un refrain, une demi-strophe appelée « envoi ».

La ballade ne comporte que trois rimes.

L’auteur doit alors faire preuve d’une grande richesse lexicale pour ne pas ennuyer ses lecteurs dans ce long poème.

Dans La ballade des pendus, François Villon traite le thème de la mort et du pardon.

Il décrit durant trois strophes la condition des pendus sans répétition autre que le refrain.

Il fait appelle aux sens et crée une hypotypose étrange, puisque la ballade est rédigée du point de vue du pendu.

Le lecteur est amené à fixer aux expressions sans détour, à comprendre cette condition. »

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