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LES DÉBUTS DRAMATIQUES DE VIGNY

Publié le 27/06/2011

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Vigny signale dans une note du Journal la « secrète antipathie « qui l'éloigna souvent d'écrire pour le théâtre et tâche de la justifier par l'importance excessive que prend, dans la représentation des œuvres dramatiques, le jeu de l'acteur. Ailleurs, il déplore les contraintes que les exigences de la mise en scène imposent à l'imagination épique, réduite « à de trop étroites proportions « ; ou bien il déclare que la vulgarité du public condamne tout créateur à réussir seulement « par la partie commune de son talent «. Il se reconnaît pourtant l'instinct ou le don de la composition dramatique ; et, malgré ses griefs d'ordre général, il a constamment élaboré des projets destinés à la scène. Quelques-uns de ces projets remontent à la première jeunesse.

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« Quelques mois plus tard, Hugo prendra des libertés de langage analogues, dans Hernani, Son triomphe fut, à justetitre, beaucoup plus complet que celui de Vigny.

Le public saluait dans ce drame une œuvre entièrement originale,versifiée avec un incomparable éclat.

L'adaptateur de Shakespeare rentra dans l'ombre. III Il voulut pourtant s'imposer à la scène en jouant, lui aussi, « un air de son invention » ; et il écrivit à bâtonsrompus, en 1830, un drame historique en prose, La Maréchale d'Ancre, La pièce se déroule sous la minorité de LouisXIII ; elle évoque l'aventure du parvenu Concini, maréchal d'Ancre, et de la marquise Léonora, sa femme ; aucinquième acte, Concini, déjà blessé, au cours d'un duel, par son rival en amour Borgia (lui- même atteint à mort),est achevé par son ennemi le baron de Vitry, sur les lieux mêmes où périt Henri IV sous les coups de Ravaillac ; et lenouveau meurtre apparaît ainsi comme une expiation du premier.Ce sujet, Vigny semble l'avoir porté en lui dès le temps où il écrivit Cinq-Mars : « On a proposé de faire disparaîtreRichelieu comme le maréchal d'Ancre », révélait au Roi, dans un élan de confiance, le jeune marquis.

Pour rafraîchiret pour nourrir ses connaissances, il dépouille plusieurs ouvrages historiques et en particulier des mémoiresanonymes de 1617, La Conjuration de Conchine.Une fois de plus, cependant, il prend des libertés avec l'histoire : le dessein qu'il se propose est philosophique.

« Aucentre du cercle que décrit cette composition », indique-t-il dans la préface, « un regard sûr peut entrevoir laDestinée, contre laquelle nous luttons toujours, mais qui l'emporte sur nous dès que le Caractère s'affaiblit ous'altère, et qui, d'un pas très sûr, nous mène à ses fins mystérieuses...

» Autour de cette idée, il veut montrerencore « le pouvoir souverain dans les mains d'une femme ; l'incapacité d'une Cour à manier les affaires publiques ;la cruauté polie des favoris ; les besoins et les afflictions des peuples sous leurs règnes ; ensuite les tortures duremords politique ; puis celles de l'adultère frappé, au milieu de ses joies, des mêmes peines qu'il donnait sansscrupule ; et, après tout, la pitié que tous méritent.

» Ce texte laisse pressentir, dans La Maréchale d'Ancre, à lafois la hauteur de l'inspiration et la richesse foisonnante de la matière.A cet intérêt philosophique et psychologique se serait ajouté, selon Pierre Flottes, un intérêt d'actualité.

La pièceaurait la valeur d'une protestation contre la peine de mort en matière politique, a Quel coupable politique a-t-on tuéjamais sans l'avoir regretté un an après ? », demande la maréchale d'Ancre : il faudrait voir dans cette question uneallusion au procès capital qui menaça les ministres de Charles X.

Léonora, égarée ou trahie par les courtisans, seraitune image du roi lui-même.

Mais nous doutons que des spectateurs, en tout cas, aient pu être sensibles à dessuggestions aussi discrètes.L'œuvre, représentée à l'Odéon en 1831, n'obtint d'ailleurs qu'un demi-succès.

Elle ne méritait pas un meilleur sort :elle est colorée, violente, émouvante parfois ; mais les effets sont un peu gros et la construction sent l'artifice.

Enoutre, à cette date, Alexandre Dumas avait déjà donné un modèle de drame historique en prose : devancé parl'auteur d'Henri III et sa Cour comme par celui d'Hernani, Vigny put se croire, une fois de plus, victime d'un mauvaisdestin.

Mais il venait de subir l'épreuve d'une révolution qui ruinait en lui d'autres illusions ; et des réflexionsnouvelles occupaient sa pensée, de plus en plus sombre.. »

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