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Les Deux Coqs Livre VII, fable 12

Publié le 27/03/2015

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fable

Deux Coqs vivaient en paix ; une Poule survint, Et voilà la guerre allumée.

Amour, tu perdis Troie; et c'est de toi que vint Cette querelle envenimée,

5    Où du sang des Dieux même on vit le Xanthe teint.

Longtemps entre nos Coqs le combat se maintint.

Le bruit s'en répandit par tout le voisinage.

La gent qui porte crête au spectacle accourut.

Plus d'une Hélène au beau plumage

10     Fut le prix du vainqueur; le vaincu disparut.

Il alla se cacher au fond de sa retraite,

Pleura sa gloire et ses amours,

Ses amours qu'un rival tout fier de sa défaite

Possédait à ses yeux. Il voyait tous les jours

15 Cet objet rallumer sa haine et son courage.

Il aiguisait son bec, battait l'air et ses flancs,

Et s'exerçant contre les vents

S'armait d'une jalouse rage.

Il n'en eut pas besoin. Son vainqueur sur les toits

20    S'alla percher, et chanter sa victoire.

Un Vautour entendit sa voix:

Adieu les amours et la gloire.

Tout cet orgueil périt sous l'ongle du Vautour.

Enfin, par un fatal retour,

25       Son rival autour de la Poule

S'en revint faire le coquet:

Je laisse à penser quel caquet,

Car il eut des femmes en foule;

La Fortune se plaît à faire de ces coups;

30 Tout vainqueur insolent à sa perte travaille.

Défions-nous du sort, et prenons garde à nous,

 

Après le gain d'une bataille.

L'héroïsme ridiculisé. Ces bêtes qui sont davantage des hommes, sont des héros qui n'en sont pas vraiment... La figure du héros (par tradition, le coq est une figure allégorique de la combativité et de la domination sexuelle) est ici dévalorisée. Les deux héros, rivaux si proches, sont l'un éliminé et l'autre ridiculisé. Le second coq, ultime triomphateur, est peint avec une grande ironie. D'abord il nous est montré comme un combattant

L'héroïsme ridiculisé. Ces bêtes qui sont davantage des hommes, sont des héros qui n'en sont pas vraiment... La figure du héros (par tradition, le coq est une figure allégorique de la combativité et de la domination sexuelle) est ici dévalorisée. Les deux héros, rivaux si proches, sont l'un éliminé et l'autre ridiculisé. Le second coq, ultime triomphateur, est peint avec une grande ironie. D'abord il nous est montré comme un combattant 

fable

« LES FABLES DE LA FONTAINE hommes pour formuler une moralité aussi brève qu'ambiguë (vers 29 à 32): délivre-t-elle une véritable leçon de sagesse, en conseillant au guerrier la prudence quand il est victorieux? Rien n'est moins sûr: la moralité, comme le récit dans sa progression et sa fantaisie, montrent plutôt la toute­ puissance du sort (appelée aussi Fortune): celui-ci règle les destins au gré de son inconstance.

Dans un monde que la discorde remplit de bruit et de fureur, peut-il exister d'autre vainqueur que le capricieux hasard? ll~~" récit burlesqlle Le noble registre, épique, est ici appliqué à un sujet trivial.

Une parodie d'épopée.

Les deux premiers vers fixent la situation ini­ tiale et son cadre: une querelle de basse-cour (même si le décor est absent).

Cependant, une fois posé le sujet, La Fontaine le traite à la façon d'une épopée.

Comme la fable, l'épopée est un genre poétique apparu dans !'Antiquité grecque, Homère en est considéré comme l'inventeur.

Mais à la différence de la fable, le poème épique est longuement développé et raconte des combats glorieux, des exploits guerriers mettant en scène des héros et des dieux.

Par les noms propres de lieux et de personne («Troie'" "U: Xanthe ", "Hélène») La Fontaine se réfère ici explicitement à !' Iliade d'Homère, qui retrace les innombrables et violents combats entre Grecs et Troyens à la suite de l'enlèvement d'Hélène, femme du roi grec Ménélas, par Pâris, le fils du roi troyen Priam.

Les procédés du burlesque.

Le burlesque naît de l'usage déplacé que le poète fait d'un code littéraire traditionnel et bien connu de ses lecteurs.

Le registre de l'épopée est perceptible dans plusieurs procédés poétiques: -l'apostrophe au dieu Amour (v.

3 à 5) qui interrompt le récit et introduit une élévation de ton inattendue; elle fait oublier la trivialité du lieu initial et lui substitue un espace épique, lointain et incongru; - l'amplification du motif de l'apostrophe (premier hémistiche de l'alexandrin du vers 3) : le motif est repris dans la phrase suivante qui court sur trois vers (second hémistiche du vers 3, octosyllabe puis alexan­ drin) avec un tour de mise en relief («et c'est ...

que»); -l'expansion de la durée qui donne au combat plus de relief (v.

6) avec mise en avant de l'adverbe "longt,emps »; -l'usage de ce qu'on appelle «épithète» homérique, qui accompagne la désignation d'un personnage (modèle: «Achille au pied léger», «!'Aurore aux doigts roses») : ici, « Hé/,ène au beau plumage»; -le martèlement de certaines sonorités qui font retentir la voix du poète de façon éclatante: riches allitérations ( v dans les vers 1 à 5, et dans les vers 20-21; d et taux vers 3 et 5), parentés sonores («Troie/ toi» au v.

3; « gwire / ongU: /orgueil» aux v.

22-23).

57. »

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